Tristan Dingomé : "J'avais une relation particulière avec Claudio Ranieri"
Il a grandi sur le Rocher. En tant que joueur et en tant qu’homme. Arrivé à Monaco en 2006 en provenance de Palaiseau (Essonne) alors qu’il n’avait que 15 ans, Tristan Dingomé y a effectué sa formation et débuté chez les professionnels, avant de partir en 2014. De ses difficultés à se plier à l’exigence d’un grand club au titre de champion de Ligue 2 décroché en 2013 sous les ordres de Claudio Ranieri, en passant par son amitié avec Valère Germain ou la reconnaissance qu’il doit à Frédéric Barilaro, l’actuel joueur de Troyes revient avec franchise et plaisir sur ses années monégasques. Interview réalisée en novembre 2021.
Quels souvenirs gardes-tu de ton arrivée au centre de formation de l’AS Monaco ?
J’en garde vraiment un super souvenir, surtout que c’était une décision de ma part de rejoindre l’AS Monaco car à l’époque j’avais la chance d’avoir le choix. Je suis venu avec mes parents un week-end pour découvrir l’environnement et ça a matché de suite. Tout s’était très bien passé.
Qui était tes amis du centre à l’époque ?
J’ai gardé le contact avec Dennis Appiah et Valère Germain, car on s’appréciait beaucoup et depuis le passage au centre de formation on est devenus des amis proches. Parmi ceux qui sont restés dans le « circuit », il y avait aussi Kévin Malcuit (aujourd’hui à Naples, ndlr). Avec Valère, on n’a qu’un an d’écart donc on s’entraînait souvent ensemble et on se côtoyait dans la vie de tous les jours, même si on n’a pas souvent joué en même temps en matchs pendant notre formation car je ne jouais pas beaucoup à l’époque.
Quels éducateurs t’ont particulièrement marqué lors de ton passage au Club ?
Au début c’était un peu compliqué pour moi car l’adaptation à l’exigence d’un club professionnel était délicate, donc je n’ai pas beaucoup joué à l’époque. Il a fallu qu’un déclic arrive, par l’intermédiaire de Frédéric Barilaro. C’est la personne qui m’a complètement changé et qui a fait que j’en suis là aujourd’hui. Je n’ai pas fait de centre de préformation, je venais de mon petit club dans le 91, donc l’exigence et la rigueur du haut niveau étaient compliquées pour moi et j’avais même envie d’arrêter. Il a su trouver les mots et surtout a réussi à me placer à un nouveau poste. Quand Layvin Kurzawa a commencé à monter de la CFA chez les pros, Fred a eu l’idée de me replacer latéral gauche pour que je puisse avoir le jeu en face de moi et m’aguerrir en étant constamment dans le duel. Ça m’a fait beaucoup de bien et c’est à partir de cette saison-là que j’ai commencé à prendre du plaisir à faire des efforts et à aller « au charbon ». C’est là que le déclic est survenu et tout a été beaucoup plus simple.
Tu es lancé chez les professionnels en 2011 par Marco Simone. Quels souvenirs gardes-tu de tes débuts ?
Le souvenir de mon premier match est un peu mitigé parce qu’on en avait pris quatre à Guingamp (défaite 4-0), mais mes premiers pas en pro s’étaient super bien passés parce qu’on était beaucoup de jeunes et on « kiffait » vraiment. Surtout que Fred Barilaro était l’adjoint de Marco Simone et il faisait le lien entre la formation et les pros. Il nous a beaucoup aidés, nous a beaucoup parlés, nous a pris sous son aile et ça nous a fait beaucoup de bien. En plus on côtoyait des joueurs extraordinaires, donc j’en garde de supers souvenirs.
Ensuite Claudio Ranieri, une pointure, arrive sur le banc du Club. Comment as-tu réagi à sa nomination ?
J’ai appris que ce serait lui notre entraîneur lorsque j’étais en centre de rééducation après une opération. J’étais super excité, comme tout le monde, mais en même temps un peu sur la réserve dans le sens où j’avais une image assez froide de lui. J’attendais de voir et finalement, dès que je suis revenu dans le groupe, c’était génial. Il nous a tout de suite mis à l’aise et c’était le premier à rigoler, même s’il y avait de la rigueur dans le travail. L’homme était vraiment top et j’ai eu la chance d’avoir une relation particulière avec lui, il m’appréciait énormément. C’était une période super cool pour moi.
Comment décrirais-tu ce rapport que tu avais avec lui ?
Je me sentais un peu privilégié parce qu’il me parlait beaucoup et me faisait beaucoup confiance, donc j’avais pas mal de libertés sur le terrain. Pour un jeune joueur, je pense que c’est ce qui peut arriver de mieux. Ça m’a fait beaucoup de bien et m’a permis de prendre beaucoup d’expérience et de plaisir. Lorsque l’on s’est recroisés plus tard avec d’autres clubs, on a toujours gardé ce lien et on a toujours discuté après les matchs. C’est un grand monsieur, que j’estime beaucoup.
Quels souvenirs tu gardes de la saison de la montée ?
C’était top ! Personnellement, je n’ai pas fait autant de matchs que je l’aurais voulu parce que j’ai raté quelques rencontres en début de saison en raison d’une opération, et je garde aussi un souvenir amer d’un match de Coupe de France durant lequel je me suis fait expulser et qui m’a fait manquer quatre parties pour suspension. Du coup, comme l’équipe tournait bien pendant ce temps-là, c’était un peu compliqué pour rejouer. Mais sinon la saison était géniale, c’était mon premier trophée majeur et je peux dire que j’ai contribué à remettre Monaco en Ligue 1, ce qui était vraiment une fierté. Gagner un trophée avec son club formateur, il n’y a pas mieux.
Et la fête qui a suivi, elle était mémorable ?
Je n’ai pas d’anecdote croustillante sur les festivités (sourire), mais j’étais très surpris, dans le bon sens du terme, par la ferveur des gens et de nos supporters. Voir leur bonheur et leur sourire après cette montée, ainsi que la reconnaissance qu’ils avaient envers nous, m’a fait comprendre qu’on avait fait quelque chose de grand.
Tu as joué presque 50 matchs avec Monaco, mais malheureusement aucun en Ligue 1. Cela reste un petit regret ?
Oui, c’est un petit regret car lorsqu’on monte en Ligue 1, c’est moi qui demande à être prêté, ce qui sera finalement le cas au Havre. Pendant la préparation, j’ai demandé au coach de me laisser partir en prêt et il n’était pas forcément d’accord. On a discuté pas mal de fois, il m’a dit qu’il y aurait beaucoup de concurrence avec l’arrivée de grands joueurs. Le coach m’a assuré que je serai dans la rotation et que je jouerai des matchs, mais j’étais un peu sûr de moi et je voulais vraiment faire une saison pleine en Ligue 2 pour m’aguerrir et revenir encore plus costaud l’année d’après. Du coup, il a cédé. Mon prêt au Havre s’est bien passé mais, lorsque je suis revenu, Claudio Ranieri partait et ça a été plus compliqué pour moi ensuite. Donc quand je repense à cette période, j’ai une petite pointe de regret et je me dis que j’aurais peut-être dû l’écouter. Mais ça s’est passé comme ça, c’est le foot…