Fermer
Les grands entretiens 22 décembre 2023, 11:14

Souleymane Camara : "L’AS Monaco fait partie de moi"

Souleymane Camara : "L’AS Monaco fait partie de moi"
Retraité du foot depuis mai 2020, l’attaquant formé à l’Academy de l’AS Monaco avait pris le temps de se confier récemment. Retour sur cet entretien.

Vingt ans. Vingt après son arrivée en Principauté en provenance du Sénégal, Souleymane Camara avait décidé de dire stop et d’annoncer la fin de sa carrière en mai 2020, pris de court par la crise sanitaire. À 37 ans, et après 13 ans passés à Montpellier, le joueur formé à l’Academy de l’AS Monaco, où il a passé les cinq premières années de son parcours en professionnel, embrasse ainsi une nouvelle vie, sans football.

Plus de 430 matchs avec Montpellier

Malgré tout, celui qui dit avoir eu « la chance d’évoluer aux côtés de grands joueurs » au pied du Rocher, garde un lien particulier avec son club formateur ainsi qu’avec le MHSC, dont il demeure le joueur le plus capé encore à ce jour (430 matchs, pour 76 buts et 35 passes décisives). Une fidélité sans faille, qui se retrouve dans les propos d’un homme bienveillant, accessible, qui avait accepté de revenir avec nous sur sa carrière au lendemain de l’annonce de sa retraite. Rencontre 🎙️

Bonjour Souleymane. Comment as-tu vécu l’annonce de ton départ en retraite ?

Déjà je voudrais dire que c’est toujours un plaisir de parler de l’AS Monaco et de Montpellier avec qui j’ai passé pas mal d’années. Cela n’a pas été compliqué pour moi d’arrêter puisque cela faisait déjà pas mal d’années que je me posais la question. Je m’y suis préparé, car j’aime bien anticiper les choses. Par contre je ne m’attendais évidemment pas à ce que ça se termine comme ça, au milieu de la pandémie.

En 2012 j’ai félicité les dirigeants et la cellule de recrutement. Ils avaient réussi à trouver un bon mix entre les anciens, les moins jeunes dont je faisais partie et les plus jeunes. On avait créé un groupe et surtout un collectif au fur et à mesure de la saison. A chaque match qu’on jouait, à l’entraînement, dans les vestiaires, on prenait du plaisir. Je me rappelle que petit à petit, quand on commençait à gagner, les journalistes disaient que l’on allait lâcher à un moment donné.
Souleymane Camara

Mais c’est comme ça, il y a des choses plus importantes que le foot dans la vie, et d’ailleurs on voit que ce qui se passe actuellement dans le monde est grave. Donc voilà je m’étais préparé à ce moment. Cela a surtout été difficile pour mon entourage, ma famille. Quand je leur ai annoncé que j’avais décidé d’arrêter, mon deuxième fils m’a demandé si je ne pouvais pas faire encore une saison.

Que retires-tu de cette longue expérience à Montpellier ?

Je me rappelle quand je suis arrivé en 2007, j’appréhendais un peu, comme tout joueur qui signe dans un nouveau club. On ne connaît pas la ville, on ne connaît pas le club, ni ses coéquipiers. Mais j’ai eu la chance d’avoir avec moi Grégory Lacombe avec qui j’avais été formé à Monaco.

Ensuite il y a des joueurs comme Bruno Carotti, Victor Hugo Montaño qui m’ont aidé à m’intégrer. Et j’ai été tellement bien accueilli par le staff, les dirigeants et les supporters, que je suis resté finalement 13 ans au club, moi qui était venu pour me relancer et pour jouer seulement une ou deux saisons.

Est-ce une fierté pour toi de te dire que tu es le joueur le plus capé de l’histoire du MHSC (430 matchs, pour 76 buts et 35 passes décisives, ndlr) ?

C’est certain que c’est une fierté pour moi et ma famille de m’inscrire dans l’histoire de ce club, et de faire partie des joueurs qui ont marqué le parcours de Montpellier.

https://twitter.com/JournaldeDakar/status/1219203215776002049

Parles-nous de la saison exceptionnelle 2011-2012 où vous terminez champions de France…

A cette époque j’ai félicité les dirigeants et la cellule de recrutement. Ils avaient réussi à trouver un bon mix entre les anciens, les moins jeunes dont je faisais partie et les plus jeunes. On avait créé un groupe et surtout un collectif au fur et à mesure de la saison. A chaque match qu’on jouait, à l’entraînement, dans les vestiaires, on prenait du plaisir. Je me rappelle que petit à petit, quand on commençait à gagner, les journalistes disaient que l’on allait lâcher à un moment donné.

Monaco fait partie de moi, car tout a démarré là-bas. Je suis arrivé jeune (à 16 ans, ndlr) du Sénégal en Principauté, c’était la première fois que je venais en Europe. Donc pour moi Monaco c’est comme chez moi, c’est ma maison.
Souleymane CamaraA propos de l'AS Monaco

Alors effectivement l’objectif au départ n’était pas forcément de gagner le championnat, mais de finir le plus haut possible, d’être au moins dans le Top 10. Et en fait on a tellement bien démarré qu’on s’est dit pourquoi ne pas tenir toute la saison. C’est une vraie fierté pour moi d’avoir fait partie de cette équipe exceptionnelle.

Que peux-tu nous dire sur Louis Nicollin, qui avait pu célébrer ce premier titre de champion de l’histoire du MHSC avec vous, avant de nous quitter ?

Pour moi c’était un « MONSIEUR ». C’est quelqu’un qui avait vraiment des valeurs, à l’image de son club, et j’ai été très fier d’avoir la chance de le connaître. Il aimait le sport d’une manière générale et le foot en particulier. Malheureusement aujourd’hui il n’est plus là, mais son fils Laurent poursuit son travail et le représente bien.

Revenons à l’AS Monaco. Quels souvenirs gardes-tu de ton passage à l’Academy et avec les pros ?

Monaco fait partie de moi, car tout a démarré là-bas. Je suis arrivé jeune (à 16 ans, ndlr) du Sénégal en Principauté, c’était la première fois que je venais en Europe. Donc pour moi Monaco c’est comme chez moi, c’est ma maison. J’ai pas mal de souvenirs quand j’étais au centre de formation avec Grégory Lacombe, Djibril Sidibé, Sébastien Carole et David Caruzzo, pour ne citer qu’eux. J’ai vraiment vécu des bons moments en réserve avec Frédéric Barilaro que je salue.

La victoire en Coupe de la Ligue en 2003, l’épopée en Ligue des Champions en 2004, même si je me suis arrêté en quart de finale, font évidemment partie de mes meilleurs souvenirs en carrière, car j’ai soulevé mes premiers trophées à Monaco. J’ai vraiment appris aux côtés de grands joueurs comme Ludovic Giuly, Fernando Morientes, Shabani Nonda ou encore Marco Simone.
Souleymane Camara

J’ai gardé contact avec lui, car il fait partie des gens qui m’ont marqué au club, avec Gérard Banide notamment. J’ai vraiment vécu des moments extraordinaires ici et des personnes géniales, comme Pierre-Joseph Gadeau également, que j’estime beaucoup. Monaco fait vraiment partie de ma vie, comme Montpellier, je n’oublierai jamais ces deux clubs-là.

Tu as connu une belle période sportive du club en plus avec de grands joueurs…

La victoire en Coupe de la Ligue en 2003, l’épopée en Ligue des Champions en 2004, même si je me suis arrêté en quart de finale, font évidemment partie de mes meilleurs souvenirs en carrière, car j’ai soulevé mes premiers trophées à Monaco. J’ai vraiment appris aux côtés de grands joueurs comme Ludovic Giuly, Fernando Morientes, Shabani Nonda ou encore Marco Simone.

A l’époque, « Ludo » et José Pierre-Fanfan avaient vraiment facilité notre intégration à nous les jeunes. On était tellement timides ! C’était notre « prof », il nous demandait de nous lâcher. Même avec Gaël Givet j’ai vécu des supers moments, que ce soit pendant la formation ou bien avec les pros.

1 / 4

Un joueur t’a-t-il marqué en particulier durant ta carrière à Monaco ?

Quand je suis arrivé il y avait un joueur comme Victor Ikpeba qui m’a vraiment marqué. Il y avait aussi David Trezeguet, qui était quelqu’un de très adroit devant le but. je me rappelle qu’on venait voir parfois les entraînements des pros et c’était vraiment de voir comment ils travaillaient.

C’est une fierté de faire partie de ces jeunes joueurs africains qui ont réussi à l’AS Monaco mais aussi dans leur carrière de footballeur. Ensuite il n’y a pas plus beau que de représenter son pays. C’est une fierté immense d’avoir pu défendre les couleurs du Sénégal tout en étant joueur de l’AS Monaco. La sélection, c’est quelque chose de très important.
Souleymane Camara

Après il y a d’autres attaquants qui m’ont impressionné, comme Marco Simone, Shabani Nonda ou encore Dado Pršo. Mais le joueur qui m’a vraiment le plus marqué je pense, c’est Marcelo Gallardo. Il était petit, mais techniquement il était très fort.

George Weah, Victor Ikpeba, Shabani Nonda… Tu fais partie de ces joueurs africains qui ont réussi en Ligue 1 et à l’AS Monaco. C’est une fierté ?

Je ne pense pas être au même niveau que ces grands joueurs (rire). Mais en tout cas oui c’est une fierté de faire partie de ces jeunes joueurs africains qui ont réussi à l’AS Monaco mais aussi dans leur carrière de footballeur. Ensuite il n’y a pas plus beau que de représenter son pays.

C’est une fierté immense d’avoir pu défendre les couleurs du Sénégal tout en étant joueur de l’AS Monaco. La sélection, c’est quelque chose de très important. En plus j’ai eu la chance de faire partie d’une génération qui a donné du sourire, de la joie à ce beau pays.

Durant ta carrière en Ligue 1, on t’a souvent collé l’étiquette de « super sub ». Avec le recul, cela te faisait plutôt rire ou c’était agaçant ?

Moi ça m’agaçait un peu pour être honnête. Je ne me considérais pas comme un « super sub », je l’ai toujours dit. On a la chance de faire un métier qui est une passion, de s’exprimer dans ce qu’on aime. A chaque fois que l’on faisait appel à moi, je donnais le maximum.

Si je me souviens bien c’était un match contre Rennes. On gagne 3-1 je pense, et je marque un but, je fais une passe décisive et je provoque un penalty. C’était une belle première (rire).
Souleymane CamaraSon premier but en rouge et blanc

J’ai toujours respecté les choix de mes entraîneurs, même si je n’étais pas toujours d’accord avec eux. Durant ma carrière, je prenais tout en compte. Dans le football on fait partie d’un groupe, et il faut respecter les choix des coachs. J’ai essayé en tout cas de me donner à tous les entraînements et à tous les matchs.

Quel souvenir gardes-tu de ton premier match en pro et de ton premier but ?

Si je me souviens bien c’était un match contre Rennes. On gagne 3-1 je pense, et je marque un but, je fais une passe décisive et je provoque un penalty. C’était une belle première (rire). Mon premier but c’était de la tête et je le marque sur le but qui est à côté du tunnel au Stade Louis-II. C’était un beau cadeau, d’autant que c’était le jour de mon anniversaire (19 ans, ndlr), et le coach avait eu la gentillesse de me mettre titulaire. J’ai essayé de lui rendre au maximum la confiance.