Pontus Farnerud : "Je me suis senti comme à la maison à l'AS Monaco"
Il a effectué la plus grande partie de sa carrière à l’AS Monaco. Débarqué de sa Suède natale au mercato d’été 1998 à seulement 18 ans, Pontus Farnerud a disputé un total de 131 matchs avec le maillot frappé de la Diagonale. Aujourd’hui consultant pour la télévision suédoise, le champion de France 2000 et vainqueur de la Coupe de la Ligue 2003 avait accepté d’évoquer ses souvenirs la saison dernière dans un français parfait. Avant le déplacement des Rouge et Blanc à Strasbourg, là où il y a passé également deux saisons, retour sur cet interview. Entretien. 🎙
Bonjour Pontus. Donne-nous un peu de tes nouvelles. Que fais-tu actuellement ?
Juste après ma carrière, j’ai fait de la télévision pour la chaîne suédoise C More, l’équivalent de Canal+ en France, avec un suivi du championnat de France, de par la présence de Zlatan Ibrahimovic avec le PSG. Et c’est encore le cas aujourd’hui. Avant ça, j’ai été également directeur sportif à l’IFK Göteborg, d’abord comme adjoint puis principal. J’ai également passé mes diplômes d’entraîneur mais je me sentais plus à l’aise dans le management donc c’est pour ça que j’ai commencé à travailler comme directeur sportif dans le club où j’ai terminé ma carrière.
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Raconte-nous ton arrivée à l’AS Monaco à 18 ans. Passer de la Suède à Monaco, ce n’est pas commun.
Non ce n’est pas très commun surtout aujourd’hui. Avant, c’était peut-être plus facile. Ils m’ont recruté après des matchs que j’avais disputés avec l’équipe jeunes de Suède. C’était lors du mercato 1998-1999. J’ai été repéré par Richard Bettoni, collaborateur de Jean Tigana comme superviseur de joueurs.
J’avais ensuite le choix entre l’AS Monaco et l’Ajax Amsterdam. Lors du même week-end, j’ai été voir les deux clubs et j’ai été impressionné par ce que proposait le club de la Principauté en termes de philosophie. Ils avaient également une bonne image de moi et un plan qui me correspondait. A 18 ans, c’était impressionnant de sentir la confiance qui pouvait avoir le Club sur moi. C’est donc pour cela que j’ai choisi Monaco.
Que t’évoquait l’AS Monaco avant ton arrivée ?
Je connaissais un peu le Club grâce aux parcours réalisés en Ligue des Champions les années précédentes. Mais c’est vrai que c’était complètement différent par rapport à maintenant. Aujourd’hui, vu de l’extérieur, tout le monde connaît l’AS Monaco. A mon époque, c’était totalement différent, surtout en Suède.
J’imagine que l’acclimatation a dû être compliquée au début.
Oui c’était difficile car c’était une nouvelle aventure pour moi. Je découvrais un nouveau pays, une nouvelle langue. Il y avait beaucoup de choses qui avaient changé par rapport à ce que je connaissais. C’est sûr, cela faisait beaucoup de changements mais c’était forcément positif. Au début, c’était donc forcément compliqué mais j’ai commencé à parler français, et je me suis intégré à l’équipe. Des joueurs, des membres du staff et du club se sont occupés de moi. Je n’étais pas non plus le seul scandinave dans l’effectif puisqu’il y avait John Arne Riise également, j’étais assez proche de lui.
Et là, tu arrives dans une équipe monstrueuse qui sera championne la saison suivante.
Quand on pense à tous les noms et les joueurs qu’on avait, c’était un sacré effectif qui a vécu de belles choses ensemble. On avait un bon groupe et un bon état d’esprit. Claude Puel était aussi nouveau dans le métier mais on a réussi ensemble à créer une superbe ambiance et obtenir des résultats.
Lors de la pré-saison, vous vous imaginiez réussir une aussi folle saison ?
C’est toujours difficile de savoir avant le début de la saison. Mais au fur et à mesure, on sentait qu’on avait un bon groupe composé de joueurs de qualité. C’était à nous avec le staff de faire en sorte de tirer ce groupe du mieux possible et je pense qu’on a réussi. Avec les résultats, c’est aussi plus facile d’avoir cette continuité et de croire en ce qu’on fait.
Je me souviens que lors de la pré-saison, on avait réalisé de bons matchs, notamment face à Arsenal en amical. On avait fait 1-1 face à une équipe qui était assez forte à l’époque. C’était une semaine avec le début du championnat, cela nous a donné de la confiance pour la suite, et surtout pour moi parce que j’ai marqué. Mon premier avec l’AS Monaco. Même si ce n’était pas en compétition officielle, c’est tout de même sympa.
Raconte-nous les célébrations du titre. Quand on voit les images encore aujourd’hui, ça devait être la fête ?
Oui bien sûr, il y a des joueurs qui en ont bien profité (rires). Ils savaient que quand on a la possibilité de gagner un trophée, il fallait fêter ça et ils nous l’ont bien fait comprendre également. C’est en effet quelque chose d’extraordinaire qui n’arrive pas très souvent. On en a tous profité et c’était assez spécial. On est champion lors de notre match à domicile contre Nancy où l’on fait match nul (2-2). On a ainsi pu le fêter au Stade Louis-II.
Quelle était ta relation avec Claude Puel ? On sait qu’il apprécie entraîner de jeunes joueurs.
Je me suis très bien senti avec Claude. Il était pour moi quelqu’un de très important dans ma carrière et m’a donné beaucoup de confiance. Au début, il était assez dur avec moi mais c’est ce dont j’avais besoin. Il m’a bien expliqué qu’il voyait mon potentiel et voulait simplement en tirer le plus possible. Au fur et à mesure, cela s’est super bien passé et c’est lui qui m’a donné la chance de jouer régulièrement avec l’AS Monaco.
Tu as eu la chance de côtoyer de très grands joueurs dans ta carrière à l’AS Monaco. Lequel t’a le plus impressionné ?
(Rires) C’est très difficile à dire parce qu’il y en a tellement. Quand je suis arrivé, Thierry Henry était encore là par exemple. J’ai connu aussi l’époque de Patrice Evra ou Maicon. Mais si je ne devais en citer qu’un, ce serait Marco Simone. C’était pour moi un joueur particulier, avec qui je m’entendais très bien sur le terrain, et ce malgré la différence d’âge. J’avais une bonne relation et je le cherchais souvent quand j’avais le ballon au milieu de terrain. Il se déplaçait parfaitement entre les lignes, ce qui facilitait le jeu pour un joueur comme moi qui cherchait à jouer vers l’avant.
⚽️ What A Goal #1 : Le missile de Marco Simone à la 72' de AS Monaco 🆚 Strasbourg lors de la saison 1999/2000 ! #WAG pic.twitter.com/3wAIjPLv2S
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) November 14, 2018
Quel serait ton plus beau souvenir au Club ? Le titre de 2000 ou la victoire en Coupe de la Ligue en 2003 ?
C’est partagé. En Coupe de la Ligue, on a réalisé un bon parcours et cela s’est bien passé pour moi. C’était l’époque où j’ai connu mon plus haut niveau. Mais tu as envie de gagner le titre et faire partie de l’effectif qui a réalisé cela. C’était donc extraordinaire, surtout à l’âge que j’avais.
Il y a également tous les matchs en Europe ou ceux en championnat contre Paris, Marseille ou Lyon, ce sont des souvenirs que l’on garde aussi. Je me souviens bien de la victoire à domicile contre Liverpool en 2005. Ce sont eux qui ont remporté la Ligue des Champions cette année-là mais je me disais que l’on était peut-être meilleur.
Tu es prêté à Strasbourg lors de la saison où l’AS Monaco atteint la finale de la Ligue des Champions. C’est un regret de ne pas avoir pu y participer ?
Oui et non parce que c’était important de jouer régulièrement, ce qui n’avait pas été totalement le cas la saison d’avant. Cela m’a permis d’avoir beaucoup de temps de jeu et de revenir plus compétitif à l’AS Monaco. Mais bien sûr, quand je voyais mes amis remporter match sur match et atteindre la finale, ce n’était pas facile d’être devant la télévision. Étant en Alsace, c’était malheureusement trop loin pour moi d’aller au Stade Louis-II afin de les soutenir.
L’AS Monaco est le club dans lequel tu as disputé le plus de matchs (131 ndlr.). C’est une fierté ?
Oui bien sûr parce que je suis arrivé très jeune en Principauté. Malgré cela, j’ai réalisé un parcours dont je suis fier, c’est là où j’ai grandi en tant que joueur et homme également. Et cela me fait toujours plaisir de revenir, soit à la Turbie comme j’ai pu faire quelques fois, soit au Stade Louis-II pour voir des matchs ou commenter pour la télévision suédoise.
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Mais c’est normal parce que je me suis senti comme à la maison à Monaco, c’était un club familial. Les supporters ont aussi plutôt apprécié mon passage, c’était important de sentir tout cet amour. Je pense que j’étais un joueur différent des autres, ce qui expliquait peut-être cela.
Si tu devais changer une chose dans ta carrière monégasque, ce serait quoi ?
Le fait d’être parti en 2005. J’avais la possibilité de rester et de prolonger mon contrat mais j’avais envie de voir autre chose. Avec un peu de recul, je me dis que j’aurais dû prolonger avec l’AS Monaco.