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Les grands entretiens 12 mars 2024, 09:48

Le titre de 1988, sa génération... Entretien avec Patrick Battiston

Le titre de 1988, sa génération... Entretien avec Patrick Battiston
Champion de France en 1988 avec l'AS Monaco, l’ex international tricolore avait récemment accepté d’évoquer cette saison qui a marqué son parcours. Retour sur cet entretien.

Metz, Saint-Etienne, Bordeaux, Monaco, équipe de France… Partout où il est passé ou presque, Patrick Battiston a gagné. Champion de France en 1981 avec les Verts, trois fois sur le toit de l’Hexagone avec les Girondins (1984, 1985 et 1987), et titré également avec les Rouge et Blanc en 1988, l’ancien international tricolore (56 sélections, 3 buts) avait la gagne dans le sang. Après avoir vécu le drame de Séville et l’agression d’Harald Schumacher en demi-finale face à l’Allemagne, il s’était même relevé de cette blessure pour aller chercher l’Euro 1984.

Il faisait partie de la génération 1984

Celui qui pouvait évoluer aussi bien en charnière centrale qu’à droite de la défense, a donc connu de très belles joies durant sa carrière, avec notamment ce premier sacre continental pour la France et la génération de Michel Platini. Ce 27 juin 1984 au Parc des Princes, il joue en compagnie de trois monégasques sur la pelouse. Bruno Bellone, titulaire à la pointe de l’attaque, ainsi que les entrants Manuel Amoros et Bernard Genghini, évoluent alors sous les ordres de Lucien Muller en Principauté.

Une arrivée sous l’ère Arsène Wenger

Patrick Battiston est alors loin de se douter qu’Arsène Wenger le fera venir sur la Côte d’Azur, lors de son arrivée au club à l’été 1987. Un transfert de poids, au coeur d’un mercato estival XXL, avec les arrivées de Glenn Hoddle, Mark Hatelay et Rémy Vogel également. Le début d’une saison très spéciale surtout, celle qui verra l’AS Monaco remporter le 5e titre de champion de son histoire.

Avec un maillot désormais mythique, frappé d’un sponsor historique du club, Alain Afflelou, qui avait été réédité en décembre 2020 grâce à notre partenaire Copa. Retour sur une époque formidable donc, avec Patrick Battiston. Entretien 🎙️

Bonjour Patrick. Quels sont vos premiers souvenirs du Stade-Louis-II ?

J’ai connu l’ancien Stade Louis-II lorsque j’ai disputé le Tournoi international de Monaco avec l’équipe de France en 1973-1974. Je trouvais le stade vraiment beau à l’époque. Je me suis dit qu’un jour je jouerai pour cette équipe. J’ai failli venir plusieurs fois d’ailleurs, dans les années 80. Et puis ça s’est fait finalement en 1987.

J’avais envie de changer d’environnement, de connaître un nouveau défi. Il y avait différents changements qui se mettaient en place à Bordeaux, et je pensais que c’était le bon moment pour moi de tenter une nouvelle aventure et voir autre chose.

Vous avez côtoyé des joueurs monégasques en sélection avant votre arrivée sur le Rocher. Est-ce eux qui vous ont donné envie de sauter le pas ?

Oui tout à fait, je connaissais Jean Petit dans l’encadrement, Manu Amoros, Jean Luc Ettori, Bruno Bellone, Luc Sonor aussi que j’avais connu à Metz, entre autres. Et forcément il y a eu l’arrivée sur le banc d’Arsène Wenger, qui venait de Nancy avec une bonne réputation. C’était le moment parfait pour venir. Cela a été un argument de poids dans mon choix.

Le président Jean-Louis Campora voulait faire passer un cap au Club, avec l’ambition de jouer l’Europe. Le discours d’Arsène était fédérateur et sain. Il a tout fait pour que l’on se sente bien ici. Il y a eu également les arrivées de joueurs étrangers comme Glenn Hoddle, nous avions une bonne équipe. Claude Puel était lui l’enfant du Club. On avait vraiment une équipe mêlant les joueurs phares et des étrangers qui rendaient l’équipe encore meilleure. Notre groupe était solide.

Vous portez à cette époque un maillot mythique de l’AS Monaco. Vous a-t-il marqué ?

Oui, à mon époque le sponsor du maillot était Alain Afflelou, je m’en rappelle très bien. C’était déjà une personne de renom que j’avais eu l’occasion de rencontrer juste avant mon départ de Bordeaux. J’avais trouvé quelqu’un de très abordable, malgré son costume de capitaine d’industrie, c’était une belle rencontre. J’étais heureux de porter ce maillot, c’était une fierté.

Quand on est joueur, on s’approprie les couleurs pour lesquelles on joue. Je ne dirais pas que l’on défendait la Principauté, mais on s’identifiait vraiment à ce maillot. C’est quelque chose d’important. On s’identifie aux couleurs d’un club, le rouge et le blanc à Monaco, mais aussi à son écusson, à l’histoire.

J’ai réussi la prouesse de convertir le libéro de Monaco et de l’équipe de France en opticien ! J’ai en effet convaincu Patrick Battiston de s’associer à l’ouverture d’un magasin Alain Afflelou à Paris dans les années 90 (dans le quartier de l’Opéra, nldr). J’étais ravi de collaborer avec lui aussi bien dans le sport que dans mon secteur d’activité.
Alain Afflelou

Quelles rencontres retenez-vous de votre passage à l’AS Monaco ?

Grâce au football, nous pouvons faire de belles rencontres. Notamment avec d’autres joueurs, avec qui nous connaissons des bons moments, et parfois des moments plus délicats. Ce n’est pas facile de rester en contact avec tout le monde. Je me rappelle du Docteur McNamara, qui avait réalisé ma visite médicale à mon arrivée. C’est un souvenir formidable, il y a des rencontres qui marquent une vie.

Cette première saison à Monaco m’a globalement marqué. Je me sentais bien, c’était toujours un plaisir d’aller s’entraîner et de côtoyer ces personnes que j’appréciais. J’ai retrouvé Jean Philippe Rohr que j’avais connu à Metz. Il y avait aussi Marcel Dib, Omar Da Fonseca, Fabrice Mège, Jean-Marc Ferratge, Youssouf Fofana, Patrick Valéry, l’intendant Louis ou encore Pierre Uboldi. Nous avons clôturé la saison par un titre de champion, c’était la cerise sur le gâteau.

Vous gardez donc un très bon souvenir de votre aventure monégasque…

Oui, nous avions tous ce plaisir de jouer ensemble et de partager notre quotidien. Une équipe, c’est aussi vivre des choses intenses sur et en dehors du terrain. Nous étions en relation avec beaucoup de personnes. Il y avait le terrain mais aussi tout ce qui se passait à l’intérieur du groupe. C’est un tout, une organisation, une alchimie.

Quand on part d’un club, les gens ne savent pas que l’on peut penser encore à eux. Je garde un très beau souvenir de l’AS Monaco et des gens que j’ai rencontrés là-bas. C’était un bon moment de ma carrière.