Paderborn, son rêve d’enfant, ses arrêts… Entretien inédit avec Alexander Nübel
Il est un un personnage à part entière du vestiaire ! Encore décisif à Lens lors de la 38e et dernière journée de Ligue 1, avec pas moins de huit arrêts effectués, Alexander Nübel est devenu un pilier des Rouge et Blanc.
Un soldat du collectif
Auteur de huit clean sheets dans l’élite en 2022, celui qui attribue toujours les lauriers « au collectif », le portier allemand reconnaît avoir eu des difficultés pour s’adapter à un nouveau contexte. Désormais pleinement intégré et épanoui à l’AS Monaco, ce dernier s’est confié sans détour sur son parcours, dans un entretien inédit en longueur pour asmonaco.com, réalisé au sortir de l’Open training, juste avant le dernier déplacement de la saison. Avec la franchise et l’humour qui le caractérisent. Rencontre.
Bonjour Alex ! Pour commencer, vous sortez d’un Open training. Comment as-tu vécu ce moment de communion ?
J’aime beaucoup ces entraînements ouverts au public, avec tous ces enfants ! En Allemagne nous faisions ça très régulièrement dans tous les clubs, des séances auxquelles les fans peuvent assister. Ici c’est plus rare, une ou deux fois durant la saison, mais c’est toujours un bon moment. C’est cool car ils peuvent voir comment on s’entraîne au quotidien.
Et ce sont les fans de l’AS Monaco de demain, comme le petit Valentino à qui tu as offert tes gants plus tôt dans la saison…
Oui c’est vrai. Il était là d’ailleurs à l’Open training, je l’ai vu et il était content que l’on se rencontre à nouveau ! C’est toujours un plaisir de partager ces moments avec les supporters, car nous savons que nous leur apportons du bonheur, donc s’ils sont ravis, je le suis aussi (sourire).
𝑼𝒏 𝒓𝒆̂𝒗𝒆 𝒖𝒏𝒊𝒒𝒖𝒆 𝒅𝒆𝒗𝒆𝒏𝒖 𝒓𝒆́𝒂𝒍𝒊𝒕𝒆́ ✨
Accompagné de Bouba, Valentino a découvert sa nouvelle chambre aux couleurs de son club de coeur ❤️🤍 Un moment magique ponctué par une surprise de son idole Alexander Nübel 🤩⚽️#PimpMyRoom #MagicMoment 🪄 @Afflelou pic.twitter.com/Axydqh00LO
— ASMonacoeur ❤️ (@ASMonacoeur) April 22, 2022
Que voulais-tu faire quand tu étais enfant ?
Je viens de Paderborn, une petite ville où l’équipe première évolue à un bon niveau. Et quand je regardais les matchs ou les entraînements étant petit, j’étais content de voir les joueurs. C’est devenu un rêve pour moi de devenir footballeur professionnel, même si ce n’était pas mon but premier au départ, et je le vis aujourd’hui. J’ai beaucoup de chance.
Quel était ton premier rêve alors ?
Ce n’est pas commun, mais quand j’étais petit, il y a une période de 2-3 ans durant laquelle je voulais devenir Pape ! C’est un personnage très important, je ne sais pas. J’ai toujours été à l’Église quand j’étais petit, car je suis issu d’une famille catholique, donc cela faisait partie de mon quotidien. Difficile de dire pourquoi je voulais être le Pape (rires) ! Et puis le football a pris progressivement beaucoup de place dans ma vie, même si je n’avais pas la certitude de vouloir devenir footballeur professionnel à 100%. J’aimais juste jouer avec mes amis pour le fun. Après j’ai été de mieux en mieux et aujourd’hui j’en suis là (sourire).
Pour revenir à tes débuts en Ligue 1, quelle en est ton analyse avec le recul ?
Je savais que ça allait être difficile de m’adapter à ce nouveau contexte, d’autant que je jouais assez peu avant d’arriver à Monaco. Tout était nouveau pour moi : le pays, la langue, la culture, et aussi mes partenaires. Après un petit temps d’adaptation, tout est allé de mieux en mieux et je me sens vraiment très bien, parfaitement intégré à l’équipe. Nous avons un très bon groupe et un super staff, nous nous connaissons de mieux en mieux les uns les autres et je suis content de jouer avec les gars tous les week-ends.
On sent que l’état d’esprit est très bon dans le groupe…
Il est vraiment très bon aujourd’hui c’est évident, il y a une bonne osmose, et pas seulement avec la team des Allemands (sourire). La connexion entre nous est forte, et on peut le voir sur le terrain. Contre Brest par exemple, où nous étions menés 2-0 assez rapidement, et contre qui nous avons réussi un magnifique come-back, cela s’est senti. C’est dans ces moments-là que vous pouvez voir en tant qu’observateurs, l’état d’esprit qui règne dans ce groupe.
Raconte-nous justement tes deux gros arrêts contre Brest pour maintenir l’équipe dans le match…
Pour moi, l’élément déterminant est de ne pas plonger, de ne pas donner d’indication trop tôt à l’adversaire. J’attends le plus longtemps possible et je me dresse devant l’attaquant, car plus je reste, plus c’est difficile pour lui de choisir un côté. Le premier arrêt est davantage un « block » selon moi, tandis que le second est un réflexe pur au dernier moment. C’était le plus difficile à réaliser selon moi, car il appelait une réaction très rapide de ma part. Je pense que j’ai un peu de chance au final, car si nous sommes à 3-0, le match est peut-être terminé. Finalement nous marquons ce but qui nous remet dans la partie juste avant la mi-temps, et dans le vestiaire nous étions déterminés à remporter ce match. Les quinze premières minutes de la seconde période ont été d’une intensité rare de notre part, ce qui nous a permis de retourner le score en notre faveur. Honnêtement c’était une belle victoire pour nous.
Comment nettoyer sa surface ? 🧹🧼
Alex' décisif face à Brest ⛔️ pic.twitter.com/oQdoMST660
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) May 16, 2022
Quel match a été un déclic pour le groupe, et pour toi personnellement ? Le PSG ?
Évidemment que lorsque le succès est au rendez-vous et que tous les ingrédients sont réunis, l’atmosphère est meilleure et nous pouvons avancer. Le team building a aussi été important pour créer un esprit de groupe. Ensuite, il n’y a pas vraiment eu de match déclic pour moi. Je pense que l’enchaînement des rencontres et des entraînements, le fait d’avoir plus de rythme, a eu un impact sur mes performances. La connexion avec mes défenseurs aussi, le fait que la communication soit meilleure, a fait que nous étions plus sereins, semaine après semaine. Le temps a joué un rôle très important selon moi dans nos résultats.
Tu as réalisé huit clean sheets en 2022. Comment l’expliques-tu ?
Nous avons vraiment très bien défendu en équipe ces dernières semaines. Tous les défenseurs ont montré plus de sérénité. C’est un travail d’équipe ! Quand je boucle un match avec un clean sheet, ce n’est pas seulement mon travail qu’il faut mettre en avant, le mérite revient au collectif. C’est vraiment mon état d’esprit.
As-tu une anecdote marrante de vestiaire à nous raconter ?
Ce qui se passe dans le vestiaire doit rester dans le vestiaire (rires) ! Ça ne doit pas être divulgué au grand public.
Pour revenir à ton début de carrière, tu n’étais pas dans les buts au départ…
Effectivement j’ai commencé ma carrière en tant que joueur de champ, au poste de numéro 6 devant la défense. Très solide ! Je marquais beaucoup de buts de la tête d’ailleurs. Et puis lorsque j’ai eu 14 ans, j’ai dû choisir entre rester dans le champ ou aller dans les buts. Cela a été un choix difficile pour moi, mais on m’a expliqué que j’aurais plus de chances de faire ma place en tant que gardien. Avec le recul, je pense que c’était la bonne décision à prendre.
Quel souvenir mémorable gardes-tu de ces premières années dans le football ?
Il y a deux choses auxquelles je pense. Mes débuts en tant que professionnel à Schalke 04. C’était un moment inoubliable pour moi. Et je dirais que l’Euro Espoirs avec l’Allemagne en 2019 en Italie a aussi été un évènement marquant dans ma jeune carrière. C’était mon premier tournoi avec les U21, et jouer pour son équipe nationale est pour moi la chose la plus importante que tu peux accomplir.
Rêves-tu de défendre les couleurs de la sélection allemande désormais ?
C’est le rêve de tous les gamins de jouer un jour pour la Nationalmannschaft. Je pense que c’est la même chose en France ! C’est quelque chose de très différent du quotidien en club. Cela fait donc partie de mes rêves de défendre les couleurs de l’Allemagne, même si ce n’est pas une obsession, car je suis déjà très heureux avec l’AS Monaco.
Qu’est-ce qui fait que l’école allemande des gardiens est si performante, selon toi ?
C’est vraiment un poste très particulier en Allemagne. Il y a même des coachs spécialisés pour les gardiens dans les centres de formation des clubs, comme ici à La Diagonale et en France. Il y a un très bon niveau de formation. Et c’est vrai qu’il a toujours été important pour l’Allemagne d’avoir de très bons portiers. En ce qui concerne le style en revanche, il y a de vraies particularités. C’est difficile à expliquer, mais nous avons davantage un jeu qui se rapproche de celui des gardiens de handball, qui est un sport très populaire ici, et dans lequel nous sommes très performants. Le focus est fait sur l’entraînement, y compris chez les très jeunes. Ce n’était pas mon cas, car à Paderborn, il n’y avait qu’un seul entraîneur des gardiens pour toutes les équipes ! Il entraînait les pros le matin, et ensuite il s’occupait des U19, U17 et U16. Il n’y avait qu’une seule séance par semaine avec tous les gardiens, et le reste du temps nous étions avec le reste de l’équipe, ce qui était un avantage pour moi, au niveau du jeu au pied.
Quel était ton idole à ton poste à l’époque ?
Dans le passé, j’ai toujours aimé Jens Lehmann, qui a joué comme moi à Schalke et s’est ensuite fait connaître à Dortmund et à Arsenal. Et puis quand je suis arrivé à Gelsenkirchen justement à 18 ans, il y avait Ralf Fährmann dans les buts. Un très bon gardien, qui m’a beaucoup aidé à apprendre et à progresser. Il m’a beaucoup inspiré, par son style et sa façon de s’entraîner au quotidien. Oliver Kahn ? J’étais un peu petit encore, et je dois dire que j’étais surtout un grand fan de Jens Lehmann.
Et si tu devais décliner ton gardien idéal…
Pour le jeu au pied, je pense que le meilleur est Marc-André Ter Stegen. Pour la lecture du jeu, Manuel Neuer est évidemment le plus fort, comme sur sa ligne d’ailleurs. Il y a aussi Thibaut Courtois qui est très bon devant son but.
Parle-nous un peu de ta vie à Monaco maintenant…
Je me sens très bien à Monaco. Je vis ici avec ma compagne, ce qui est vraiment important pour moi, car elle me soutient beaucoup. Après quelques mois nous avons également établi une bonne connexion avec les Germaniques du groupe, également en dehors du terrain. C’est primordial pour moi de partager autre chose que le foot au quotidien, après l’entraînement, de parler et de penser à autre chose. En tout cas je te trouve que je me suis très bien adapté à la vie ici avec le temps.
Pour finir, as-tu un message à adresser aux fans de l’AS Monaco ?
Je voudrais dire un grand MERCI aux fans de l’AS Monaco d’être toujours derrière nous, et de venir nous voir aussi nombreux notamment à l’extérieur. Nous sommes très heureux de vous avoir à nos côtés, et espérons que ce sera toujours le cas, dans les bons comme dans les mauvais moments. C’est très important pour nous.
Merci pour le soutien toute cette saison. 🙏
DAGHE MUNEGU 🇲🇨 #PartoutToujours pic.twitter.com/PmEqElTXQj
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) May 21, 2022