Margot Dumont : "J’aimerais bien interviewer Kevin Volland"
Elle a évolué en D1 Féminine, avant de vous faire vivre les matchs de Ligue 1, entre autres, au plus près du terrain. Originaire de Lyon, elle a consacré presque toute sa vie au foot, qui lui permet aujourd’hui de vivre de sa passion. Femme bord terrain pour la chaîne beIN Sports depuis 2014, elle réalise les interviews des acteurs principaux du football, joueurs et entraîneurs, avant, pendant et après les matchs.
Une double nationalité franco-allemande
Née d’une maman allemande et d’un papa français, elle a appris à grandir avec cette double culture, qui l’a amené à faire de grandes rencontres, encore une fois grâce au ballon rond. Attention, si vous la croisez sur un terrain de Five en Île-de-France, vous pourriez prendre quelques petits ponts au passage. Elle, c’est Margot Dumont, ex-footballeuse professionnelle, aujourd’hui journaliste bord terrain. Entretien.
Bonjour Margot. Vous souvenez-vous de votre premier match au Stade Louis-II ?
Avant d’être au bord du terrain lors des rencontres de Ligue 1, j’avais foulé la pelouse de ce stade grâce à un événement réalisé avec l’équipementier Nike à l’époque. J’avais d’ailleurs mis des buts à Danijel Subasic (sourire) ! Sinon, je crois que mon premier match bord terrain était un Monaco – Saint-Etienne. Je n’ai pas de souvenirs précis du match, mais c’était un plaisir de pouvoir venir ici. Ce stade est spécial, entre le cadre et le fait d’être à côté de la mer. C’est une entité, même s’il y a souvent cette idée selon laquelle il y a peu d’ambiance.
Qu’est-ce qui fait de Louis-II un stade si atypique selon vous ?
Le cadre fait beaucoup encore une fois, la ville, la mer, l’architecture également, avec ses grandes arches. Cette enceinte a une grande histoire. Je pense à son parking aussi où je me perds à chaque fois (rires). Vous avez toujours besoin de demander à quelqu’un pour retrouver votre voiture même si vous connaissez par cœur l’enceinte. Cela fait partie du mythe de ce stade. Ce qui le rend aussi spécial c’est cette atmosphère, cette chaleur autour des vestiaires avec notamment les fresques où l’on découvre les anciens joueurs de légende, les trophées. On se plonge rapidement dans l’histoire de l’institution.
Avec tout ce passé qui t’enveloppe, tu te sens tout de suite dans un grand club. La sortie des vestiaires se situe au poteau de corner aussi, ce qui fait une particularité supplémentaire. Il faut d’ailleurs anticiper le coup de sifflet afin de ne pas louper la réalisation des interviews, car on doit traverser la moitié du terrain. Tous ces détails font au final une petite liste qui prouve que ce stade n’est pas comme les autres.
Une interview en particulier vous a-t-elle marquée ?
J’associe souvent Monaco à mon interview de Flavio Roma. Je le connaissais en tant que joueur, mais pas personnellement. J’ai découvert quelqu’un de très classe, très sympa, très respectueux, un peu pudique aussi. J’avais eu un très bon feeling avec lui et j’étais ressortie agréablement surprise de cette rencontre. C’était un excellent gardien avec un beau palmarès. C’est vraiment cette image qui me revient lorsque je pense à l’AS Monaco.
Avez-vous des souvenirs de l’épopée européenne de 2004 à laquelle il a participé ?
Bien sûr. J’ai encore des souvenirs avec cette équipe. Je me rappelle de Jérôme Rothen notamment. En 2004, j’avais 14 ans et j’habitais à Lyon. Je n’étais pas encore journaliste donc j’avais encore le droit de supporter un club (sourire). Je suivais les écuries françaises en Coupe d’Europe, mais particulièrement l’Olympique Lyonnais. J’ai toujours apprécié Monaco, car on m’avait offert un maillot du club quand j’étais plus jeune et je le portais lorsque je jouais au foot. On s’attache parfois à des choses futiles, mais j’aimais ce maillot notamment grâce aux couleurs du club. C’est une équipe que je prenais souvent à PES aussi, lorsque je jouais à la console. Il y avait un bel effectif et j’avais un bon feeling avec ce club. C’est sûr que cela aurait été beau de les voir soulever la Ligue des Champions.
Vous avez désormais l’habitude d’être au bord des terrains de Ligue 1 et Ligue 2. Vivez-vous finalement votre passion grâce à cela ?
Oui, totalement. C’est un prolongement entre ma passion et mon métier. J’ai la particularité d’avoir pratiqué les deux en même temps. J’ai commencé à faire du bord terrain sur beIN Sports en même temps que je commençais à jouer en D1 Féminine. Très vite, cela n’a pas été très compatible, surtout les week-ends. Ç’a été une saison particulière, où il a fallu jongler entre les deux. J’ai donc fait un choix guidé par la raison, car c’est un coût de vivre à Paris. Je n’étais pas payée en D1 Féminine, je bénéficiais de primes de matchs mais elles étaient anecdotiques. J’ai fait des sacrifices durant ma jeunesse, où je n’ai pas vraiment eu d’adolescence.
J’ai très vite travaillé, à 14 ans j’avais mon propre site Internet, je parlais des supporters de l’OL. J’échangeais beaucoup avec les sites de fans de l’AS Monaco, c’est comme ça que je suis rentrée en contact avec certains. J’ai donc privilégié une carrière à beIN Sports plutôt que les terrains. Je prenais du plaisir dans mon travail, c’était la finalité de ces sacrifices. Je ne regrette pas mon choix car lorsqu’on joue au haut niveau, on n’est jamais à l’abri d’une blessure, d’être victime des choix d’un entraîneur ou ne pas avoir assez de mental. Cela peut donc mal tourner. Ce métier de journaliste me permet donc de rester dans ce milieu, d’être auprès des joueurs, des vestiaires ou encore de la pelouse.
Est-ce d’autant plus une fierté de pouvoir s’imposer en tant que femme dans une profession où les hommes sont majoritaires ?
Oui la fierté est aussi là au final. J’ai des chefs suffisamment intelligents pour me confier ce rôle-là, sur des critères purement basés sur mes compétences. Je suis très heureuse d’être à ma place grâce à mon savoir-faire et non mon physique comme cela a pu être le cas une génération avant la mienne, ou encore actuellement en Italie. Je n’ai pas bénéficié de piston, j’ai quitté mon cocon lyonnais pour me retrouver à Paris grâce au fruit de mon travail, c’est d’autant plus satisfaisant. J’avais donc développé auparavant mon site Internet quand j’étais jeune, « Espace-OL.com », où j’écrivais des articles et c’est aujourd’hui en partie grâce à cela si j’en suis là.
Je suis sorti de ma zone de confort, j’ai lancé ce projet alors que je n’étais qu’une adolescente passionnée de football. La débrouille a fait le reste. Encore hier (interview réalisée le 8 décembre, ndlr), j’étais à Ajaccio où il pleuvait, il faisait neuf degrés. Mais personnellement, je ne m’en lasse pas ! C’est une fierté d’avoir pu répondre aux attentes de mes supérieurs grâce à tout ce que j’ai pu entreprendre et surtout cette passion pour le ballon rond qui reste intacte.
A toute suite pour @ACAjaccio / @HAC_Foot. Rdv à 20h45 sur @beinsports_FR 😊👍 @Ligue2BKT pic.twitter.com/jTQEDYrKBQ
— Margot Dumont (@Margot_Dumont) December 7, 2020
Avez-vous des journalistes ou des consultants qui vous ont marqué lors de votre jeunesse ?
Je me souviens très bien de Romain Del Bello lorsqu’il était en bord terrain lors d’une rencontre en Ligue des Champions, à l’époque de Juninho. J’avais entre 13 et 15 ans et je me suis dit que je voulais faire comme lui plus tard. Il n’en faisait pas trop, il était à la fois sobre et efficace. C’était un modèle à l’époque. J’aurais préféré donner le nom d’une journaliste en bord terrain, mais malheureusement il n’y en avait pas à l’époque. Sinon en tant que journaliste, je pense à Nathalie Iannetta, qui a été une pionnière et que j’apprécie. En tant que modèle de travail, je pense à Éric Besnard (Canal +). Son abnégation et sa rigueur sont à saluer. Je connais moins les générations d’avant, donc si je devais retenir deux noms, ce serait sans doute eux.
Vous êtes bilingue (allemand-français). Cela vous a-t-il permis d’aller plus loin dans la profession et de ne pas seulement couvrir le championnat local ?
Effectivement, j’ai couvert les matchs de l’Allemagne lors de l’Euro par exemple. Cela me permet de toucher au plus haut niveau. Aussi bien pour couvrir les rencontres des meilleures équipes que d’interviewer de grands joueurs. Je suis franco-allemande, mon père est français et ma mère est allemande. Je possède la double nationalité et c’est pour ça que je suis bilingue. Je devais d’ailleurs réaliser une interview avec Kevin Volland dernièrement mais mon emploi du temps ne me l’a pas permis.
La Ligue 1 a une touche un peu plus allemande qu’auparavant en tout cas. Thomas Tuchel est à la tête du PSG, Kevin Volland et Niko Kovac sont à Monaco. Les dernières générations apprennent de plus en plus les langues étrangères, la France s’internationalise. À côté de ça, je travaille de temps en temps pour la Sky, le diffuseur allemand. Je suis très contente de voir Kevin Volland fouler la pelouse de Louis-II, je le suivais auparavant à Leverkusen et je l’aimais beaucoup en tant que joueur. J’espère que j’aurai l’occasion de l’interviewer bientôt.
Quelle est l’interview dont vous êtes la plus fière ?
Sûrement celle avec Joshua Kimmich lors de l’Euro 2016. Il n’avait pas la même renommée qu’aujourd’hui, il faisait ses premiers matchs en tant que titulaire dans l’équipe d’Allemagne. C’est l’un de mes joueurs préférés. En quatre ans, il a fait un chemin incroyable. J’avais eu un bon feeling avec lui, c’est toujours sympa de rencontrer des joueurs qui sont ensuite propulsés sur le devant de la scène des années après. Je me rappelle également de Manuel Neuer, qui malgré son physique imposant, est une personne très gentille. C’est ce que j’adore lorsque je réalise des interviews, découvrir le caractère et la façon d’être des joueurs. Harry Kane m’avait également impressionné. En Ligue 1, j’ai fait aussi de belles rencontres avec des joueurs comme Dimitri Liénard ou Romain Grange et des coachs comme Philippe Hinschberger ou Christophe Galtier.