L'Academy, Arsène Wenger, le duo Henry-Trezeguet… Entretien inédit avec Emmanuel Petit
Comme beaucoup, il a l’AS Monaco chevillé au corps… et au cœur ! De son arrivée au bord de la Méditerranée à 13 ans à son titre de champion de France en 1997, Emmanuel Petit a connu plusieurs vies en Principauté. Un passage qui l’a marqué au fer rouge, et dont il parle avec une sensibilité touchante. A quelques heures du derby de la Côte d’Azur qu’il connait tant, l’enfant du Rocher nous avait accordé une interview au sujet de ses années monégasques. Entretien fleuve. 🎙️
Bonjour Emmanuel. Vous avez récemment fait votre retour en Principauté pour le coup d’envoi d’AS Monaco – PSG. Comment avez-vous vécu ce moment ?
Ça m’a fait énormément plaisir de revenir « à la maison », dans la mesure où je suis arrivé très jeune à l’AS Monaco. A l’époque, le Stade Louis-II nouvelle version venait d’être inauguré et le centre de formation bénéficiait d’une vingtaine de chambres avec vue mer. Rien que d’en parler, j’ai des millions de souvenirs qui se bousculent dans ma tête. J’étais déjà revenu il y a quelques années, mais venir en match officiel contre Paris m’a permis de voir à quel point le Club a grandi en près de 40 ans, notamment au niveau des infrastructures, qui sont aujourd’hui colossales !
Racontez-nous votre arrivée au centre de formation justement…
J’avais 13 ans quand j’ai débarqué de ma Normandie natale. On était au tout début de la professionnalisation du football, tout le monde se structurait, nous étions aux prémices des centres de formation. C’était déjà la course pour avoir les meilleurs outils à disposition, et puis le début aussi du football moderne comme on le connaît aujourd’hui, avec l’aspect business. J’ai décidé à l’époque de venir à l’AS Monaco en accord avec mes parents, car ils voulaient que je continue ma scolarité. Chose que j’ai faite la première année, même si ça a été extrêmement compliqué.
Comment se passait votre quotidien à l’époque ?
Entre Fontvieille où je logeais, le lycée Albert 1er sur le Rocher, les entraînements et les devoirs, je me couchais tard le soir, fracassé mentalement et physiquement. Je ne sais pas si beaucoup de jeunes seraient capables de le faire aujourd’hui. En tout cas le Stade Louis-II était magnifique, les chambres étaient superbes. Je me rappelle de M. et Mme Ribon, nos gardiens du centre de formation, et des liens humains que l’on a pu tisser avec les personnes qui travaillaient dans les bureaux du Club, au niveau administratif.
Même avec la séparation familiale que j’ai vécue, avec mes parents et mes frères, j’ai adoré ma vie à Monaco, vivre là-bas et m’émanciper en tant qu’adolescent. J’y suis devenu à la fois un homme et un footballeur. J’ai adoré les gens avec qui j’étais en contact au Club, les éducateurs qui nous accompagnaient. A commencer par M. Pierre Tournier, le plus grand formateur du football français à l’époque, mais aussi Paul Pietri. Annie à l’accueil, Pierre Uboldi… il y en a tellement que j’ai peur d’en oublier !
Pourquoi est-ce aussi difficile pour un adolescent ?
Malgré parfois quelques excès de colère, parce que j’étais un déraciné et un écorché vif, avec la mort de mon frère quelques années plus tard sur un terrain et la perte de mon meilleur ami, j’ai aimé mon passage au centre de formation. Le fait de se retrouver tout seul et de jouer son avenir, ce n’est pas évident. Être conscient que ces cinq années de formation vont déterminer toute ta vie, ce n’est pas à la portée de tous les adolescents. Et puis il y avait une concurrence qui s’était installée entre nous, même si je suis resté pote avec la plupart de mes anciens coéquipiers. J’ai adoré ma vie à l’AS Monaco et je remercie encore une fois toutes les personnes que j’ai pu rencontrer ici.
Comment illustrer ce passage de la Normandie à Monaco ?
Pour vous donner une idée du choc culturel que ce fut pour moi de passer de ma Normandie natale à la Côte d’Azur et à Monaco, tout le monde se bousculait à l’époque pour aller là-bas. Et un jour où j’étais sur la place du Casino, sur les premières marches de l’Hôtel de Paris, comme de nombreux badauds, j’ai croisé une superbe femme qui faisait les publicités pour Evian. Elle s’est avancé vers moi avec des amis, et naturellement je me suis poussé pour la laisser passer… sauf que je suis tombé dans les jardinières (rires) !
Racontez-nous ensuite vos débuts chez les pros avec Arsène Wenger…
De mémoire, c’était au cours de la saison 1987-1988, j’avais 17 ans à peine. A cette époque-là, l’équipe une avait déjà une constellation de stars et jouait les premiers rôles en championnat. L’AS Monaco était également réputé pour pratiquer un beau football, ce qui est resté dans l’ADN du Club, même si c’était déjà difficile sur le plan médiatique et populaire. On se gardait bien de dire qu’il fournissait déjà des générations de joueurs à l’Équipe de France.
Bref, Arsène Wenger débarquait de Nancy, et un samedi matin, il y avait une rumeur comme quoi il était présent au match de la réserve contre le Cavigal de Nice. Il y avait beaucoup de blessures en équipe première et Monaco jouait le championnat et la Coupe d’Europe. Ça a mis coup de pression monstrueux dans le vestiaire, car on savait qu’il venait superviser des joueurs, mais on ne savait pas qui exactement. A l’issue de ce match, on vient me voir, et on me dit : « A partir de maintenant Manu et jusqu’à nouvel ordre tu vas t’entraîner uniquement avec les pros ! ». Le lendemain je rejoignais l’équipe et je ne l’ai jamais quittée !
Vous aviez déjà participé à des entraînements auparavant ?
J’avais fait quelques apparitions la saison précédente dans le groupe, mais sans jamais jouer. J’étais là pour faire le nombre sur une feuille de match. Et puis les mois suivants, à partir de ce fameux match avec la réserve, j’ai été amené à démarrer, à différents postes même. Je jouais tout le temps, que ce soit en championnat ou en Coupe d’Europe, et même en finale de Coupe de France au Parc des Princes contre Marseille. C’étaient des débuts incroyables ! Arsène a vraiment eu une approche douce avec moi, sans me mettre la pression.
Comment s’est passée votre première ?
Je m’en rappellerai toujours ! J’ai chargé Stéphane Paille tout le match, lui qui était à l’époque l’avant-centre de l’Équipe de France. Il était à Sochaux qui jouait les premiers rôles du championnat, également réputé pour être un des meilleurs centres de formation de l’Hexagone. J’ai eu une pression pas possible, mais on a réussi à faire 0-0, et le lendemain j’ai été crédité d’une super note dans L’Équipe. Arsène m’en a même parlé lors de notre debrief le lendemain matin. Pourtant j’ai toujours évité de lire la presse durant ma carrière, pour faire moi-même mon auto-critique, en essayant d’être le plus objectif possible. Mais au décrassage il voyait que je faisais un peu la gueule, du coup il m’a pris à part.
Pour vous dire quoi ?
C’était une journée magnifique à La Turbie, et Arsène me dit : « Je ne comprends pas, tu n’as pas l’air bien alors qu’hier, pour une première, tu t’es très bien débrouillé et Stéphane Paille n’a rien fait pendant tout le match. » Puis il me dit : « Écoute Manu, si tu veux vraiment découvrir le joueur que tu es sur le terrain, il faut que tu découvres la personne que tu es dans la vie. Et d’après les retours que j’ai, tu ne sors pas, tu ne vois personne en dehors… tu es jeune, il faut que tu vives ! Tu dois découvrir le monde, cela fait partie de ton éducation. »
C’est vrai que parfois j’avais des réactions taciturnes, je m’enfermais dans un casque, je ne parlais à personne, comme si on mettait un couvercle sur une marmite. Donc il m’a invité à « bouffer la vie ». Je ne m’attendais pas à ce discours là, mais il m’avait répondu : « Je sais que tu es quelqu’un d’intelligent, de censé, et que tu ne feras pas n’importe quoi. Mais tu as besoin de te découvrir davantage. » Et il avait raison ! A cette époque, j’ai même entrepris une démarche personnelle, spirituelle, au gré de rencontres y compris au sein du Club. J’ai découvert le Bouddhisme.
Comment s’est matérialisée cette démarche ?
Samedi (le 11 février dernier, ndlr), quand je suis venu pour le match contre le Paris Saint-Germain, j’ai tenu absolument à me balader dans le jardin de la Princesse Grace, où j’allais très souvent durant la floraison. Car c’est un endroit extraordinaire, où il y a vraiment des ondes positives, il y a une sorte de douceur, d’accalmie qui s’en dégage. J’y allais souvent pour écouter de la musique ou bien pour lire et ressentir de la quiétude, un certain apaisement. Une sorte de méditation finalement qui ne m’a jamais quittée, puisque je la pratique toujours aujourd’hui. Même quand j’étais joueur.
Qu’est-ce qu’Arsène vous a apporté avec le recul ?
Son approche avec moi était quasiment philosophique. Il a été vraiment très important durant toute ma carrière, à partir de Monaco mais même jusqu’à Arsenal où je l’ai suivi. J’ai vécu des moments forts avec lui, comme le doublé avec les Gunners (Cup-Premier League en 1998, ndlr), avec tout ce que cela comporte en Angleterre. Je sais aussi qu’il y a eu un impact dans ma convocation pour la Coupe du Monde 1998, car il a réussi à convaincre Aimé Jacquet, qui n’avait pas d’autre choix que de me prendre. Et ce, malgré la mauvaise presse que j’avais auprès de journalistes français qui n’en démordaient pas et qui pensaient que j’étais ingérable.
Comment receviez-vous les critiques à votre égard ?
Certains n’arrêtaient pas de casser du sucre sur mon dos. Ça a dû être difficile pour eux d’écrire du bien de moi, quand on voit la double page dont j’avais hérité lors de la demi-finale contre la Croatie. Pourtant, ça a été le firmament de ma carrière (sourire). Le but en finale ? Il était d’autant plus jouissif du coup, car je n’oublie pas les personnes qui m’ont permis d’être celui que je suis aujourd’hui.
C’est aussi dû à des sacrifices, au niveau mental et physique, car quand mes potes et ma copine allaient à la plage, moi j‘allais bosser. Soit je m’entraînais, soit j’étais dans les livres. Quelque part c’est le prix à payer pour aller au bout de tes objectifs. D’ailleurs il y avait des joueurs plus talentueux que moi au centre, mais qui n’avaient pas la même rigueur. Il faut même être prêt à aller au-delà de ces sacrifices, sinon tu t’en voudras toute la vie !
D’autant que les installations étaient très spartiates au centre d’entraînement…
A l’époque on avait les Algecos là-haut ! Et même si on n’avait pas les moyens d’aujourd’hui, sur le plan humain c’était extraordinaire. Tout le monde était au contact de tout le monde, se connaissait, rigolait ensemble. C’était une vraie famille ! M. Campora venait souvent nous voir, c’était un grand Président. Il était d’une gentillesse incroyable, malgré un regard implacable. Il était droit et honnête, mais j’ai toujours eu peur de lui parler, car il en imposait beaucoup.
Êtes-vous toujours en contact avec vos coéquipiers de l’époque ?
J’ai gardé des liens avec beaucoup d’entre eux. Depuis trois ans maintenant, je participe à la « Corsair Foot Academy » en Guadeloupe et en Martinique, où on donne les clés aux jeunes, sur comment s’entraîner au quotidien. Je suis donc toujours en contact très rapproché avec Luc Sonor, notamment dans ce cadre, mais aussi avec Jean-Luc Ettori, « Tonton », que je suis allé voir trois jours à Tours au mois d’octobre. Chaque été on se voit, pendant deux semaines nous sommes ensemble. Je n’oublie pas le rôle qu’il a joué quand j’ai commencé.
J’étais entouré de vieux briscards, des papas alors que j’étais un jeunot. Aujourd’hui c’est l’inverse, maintenant il n’y a que des jeunes. C’est la preuve que beaucoup de choses ont changé en 40 ans. J’ai beaucoup aimé Jean-Luc, de par sa prestance. C’est quelqu’un de très réservé, mais quand il a quelque chose à dire tout le monde l’écoute. Sa parole est rare, mais à chaque fois, c’est pour dire un truc censé. Il a toujours été à part, du fait de son rôle de gardien, qui est un statut très spécial. On sentait qu’il avait ce rôle de doyen, de garant des valeurs collectives.
Quels sont les joueurs qui vous ont le plus marqués ?
J’ai eu la chance de grandir aux côtés des Jean-Luc Ettori, Manuel Amoros, Patrick Battiston, Glenn Hoddle, Mark Hatelay, George Weah… Et avant je les regardais à la télé ces mecs-là ! Comme Manu Amoros, qui m’a fait fantasmer quand je le voyais jouer gamin à la maison avec cette formidable équipe de France, le carré magique ! Je me souviens de cette frappe sur la barre… Il était bien en avance sur son temps, c’était un latéral volant.
Un Manu Amoros aujourd’hui, ce serait un monstre ! Techniquement, il n’avait rien à apprendre de qui que ce soit. Il avait une dextérité balle au pied, c’était incroyable. Il y avait aussi Bruno Bellone, « Lucky », qui était félin, extrêmement rapide. La prestance de Patrick Battiston, toujours le torse bien droit avec ce port de menton… il y avait une dignité qui se dégageait de lui, un respect incroyable !
Et les plus beaux footballeurs que vous ayez côtoyés ?
Youri Djorkaeff, Ali Benarbia, Enzo Scifo ! Même si je remonte à mes débuts, Glenn Hoddle, George Weah… Quand on le voit débarquer à la Turbie avec son habit traditionnel du Libéria, en babouches, on se dit : « Mais d’où il vient lui ? » Et puis très rapidement, au bout de deux entraînements, on comprend tout de suite. Même s’il a eu des difficultés les premières semaines, on a tout de suite vu que c’était un phénomène, et qu’il avait juste besoin d’être drivé un petit peu. Mais à partir du moment où il avait compris, car il était très intelligent… on ne devient pas le Président de son pays par hasard !
Aujourd’hui quand on voit la carrière qu’il a fait… c’est quand même le premier Ballon d’Or africain dans l’histoire. Il y a tellement de symboles autour de lui ! Je me rappelle de Rui Barros également, cette petite pile électrique portugaise. Il était la gentillesse incarnée. Mais c’était un feu follet, il allait à 2000, à l’heure ! Je jouais dans l’axe à l’époque, et j’adorais lui mettre des ballons par-dessus la défense adverse. Avec George Weah, il formait un duo redoutable. Il y avait aussi Youssouf Fofana, qui quand il était dans un bon jour était inarrêtable ! Mark Hateley aussi, que l’on surnommait Attila. Il arrivait de Milan. Je me rappelle des combats électriques qu’il y avait dans les duels aériens à l’entraînement, entre lui, José Touré et Lilian Thuram. Ça envoyait du lourd (sourire) !
Parlez-nous un peu de la génération 1997 !
Ensuite il y a eu effectivement cette génération avec Ali Benarbia, le football léché fait de petits appuis, avec un centre de gravité extrêmement bas, une vision incroyable et un touché de balle exceptionnel ! Nous avons été champions en 1997 avec cette belle bande de potes, les Sonny Anderson, Sylvain Legwinski, Gilles Grimandi, Fabien Barthez… Si je me souviens bien, nous sommes sacrés à six journées de la fin du championnat. On avait marché sur la Division 1 ! On s’éclatait tellement à l’entraînement, que ça se voyait en match. On pratiquait un football magnifique et on prenait vraiment plaisir à jouer ensemble.
C’est votre plus beau souvenir avec l’AS Monaco ce titre ?
J’en ai pleins honnêtement ! Le titre de 1997, mais aussi les finales de Coupe de France, l’époque de la rivalité avec l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie. Mais aussi des moments forts émotionnellement, avec la tragédie de Furiani et cette finale de coupe d’Europe perdue face au Werder de Brême le même week-end. J’en veux encore aux instances d’ailleurs, car ce match n’aurait jamais dû avoir lieu.
Je pense sincèrement que notre demande de report, si nous avions été l’OM ou le PSG, aurait été acceptée et nous n’aurions jamais joué. A l’époque nous n’avions aucun poids dans les instances et au niveau européen. Nous étions à Lisbonne, et beaucoup de joueurs cherchaient à avoir des nouvelles de proches qui étaient présents à ce match. Ils n’arrivaient pas à en avoir, donc il y avait de l’anxiété, de la peur. Nous n’étions pas du tout prêts à jouer une finale de coupe d’Europe. Mais je pense simplement qu’on ne voulait pas voir l’AS Monaco gagner !
Pourtant, c’est à cette époque que le Club a commencé à bâtir son histoire européenne…
Dans son riche parcours, le Club a toujours pratiqué un beau football, décennie après décennie. Tout à l’heure je vais faire l’émission de Jérôme Rothen à la radio, et il avait été jusqu’en finale de Ligue des Champions en 2004 avec les Morientes, Giuly, au terme d’une superbe épopée avec Didier Deschamps déjà à l’époque ! D’ailleurs en effet, ses premiers galons d’entraîneur, il les a fait avec l’AS Monaco. Et quand je vois ce que le Club a apporté au football français, à l’Équipe de France… Nous étions quatre minimum à être issus de la formation monégasque en 1998, sur 22 ! Ça fait beaucoup, et encore je ne parle pas de ceux qui y sont passés sans y être formés (Barthez, Djorkaeff).
France 98, le début d’une nouvelle ère pour le football tricolore.
Nous avons bénéficié de l’arrêt Bosman et de la possibilité de découvrir le haut niveau à l’étranger, l’exigence de résultats et la pression des médias et des supporters. Cela nous a fait franchir un palier. Avant on nous reprochait d’être de très beaux sportifs, mais pas de bons compétiteurs. Et moi je me suis beaucoup inspiré de cette génération qui s’émancipait, avec Yannick Noah entre autres. Et on a tous dépassé cette limite grâce à cela. Nous sommes passés de « romantiques » à « compétiteurs ».
Et puis vous avez assisté à l’éclosion d’un duo magnifique, Henry-Trezeguet !
« Titi » Henry, il me fait penser à Kylian Mbappé à l’heure actuelle. Mais à l’époque il n’y avait pas la même dimension médiatique. Car il allait aussi vite que lui ! Il n’avait peut-être pas la même capacité de dribbles, mais quand il était lancé il était inarrêtable Titi ! Il avait cette farouche volonté de vouloir marquer le foot de son passage, comme ce que fait Kylian aujourd’hui. Mbappé est un peu plus précoce certainement, mais parce que la période le lui permet. Car je reste persuadé que certains joueurs de notre époque, s’ils jouaient aujourd’hui, seraient l’équivalent de Kylian. Thierry Henry en faisait partie.
Et avec David Trezeguet, on avait un point commun, c’est qu’il est né à Rouen en Normandie, comme moi. Son papa avait gardé un lien très fort, et lui après, avec l’Argentine. D’ailleurs cela doit être difficile de défendre ton pays lorsque tu as des racines si fortes avec un autre pays. Mais pour revenir à sa relation avec Titi, ils étaient très différents, mais leur entente était magique ! On avait un renard des surfaces, avec une froideur dans le dernier geste… Il savait comment se faire oublier des défenses et finir en une touche de balle. Intérieur, extérieur du pied, il n’avait aucune difficulté, une dextérité incroyable et un flair à la Delio Onnis. Un truc qui ne s’achète pas, c’est inné, instinctif ! Et Thierry, on l’appelait le dragster. Je pense qu’il s’est beaucoup inspiré des sprinteurs américains, avec cette position de ses bras et de ses mains.
Et vous, aviez-vous des modèles ?
Il faut toujours s’inspirer des références dans d’autres sports ! Yannick Noah, Mohamed Ali, m’ont beaucoup influencé ! Je me suis toujours demandé comment tu arrives à gagner le cœur des gens. Ce n’est pas seulement par la performance sportive, mais aussi dans ce que tu dégages. J’adore cette phrase tirée d’un de mes films préférés, Gladiator : « Si tu veux gagner ta liberté, gagne le cœur des gens dans l’arène ! » Si tu veux leur parler, c’est ça qu’il faut faire, leur transmettre un message d’espoir et d’amour.
Un dernier mot à destination des supporters de l’AS Monaco, qui vous ont gardé dans leur cœur ?
Soyez nombreux pour les 100 ans du Club en 2024 ! Continuez à supporter l’AS Monaco. Je sais que c’est compliqué au niveau médiatique, car le Club n’a pas les retombées qu’il mérite, mais je sais aussi qu’il est l’un des plus populaires en dehors de la Principauté ! Et puis il ne fait pas parler de lui pour des mauvaises raisons. Vous avez des joueurs qui portent haut les couleurs rouge et blanche, des supporters qui ne font pas parler d’eux dans le négatif, alors continuez comme ça ! C’est ça le foot !