L’Academy, Arsène Wenger, Feyenoord… Rencontre avec Patrick Valéry
Il a tout connu au pied du Rocher. De son arrivée au centre de formation à la finale de Coupe des Coupes en 1992, en passant par la victoire en Coupe de France face à l’OM en 1991, Patrick Valéry a grandi aux côtés de grands joueurs. Jusqu’à compter près de 250 matchs avec le maillot frappé de la Diagonale. Retour sur l’interview qu’il nous avait adressée lors de sa venue au Centre de Performance, jour de la rencontre entre le Groupe Elite et les U21 de Brighton. Entretien. 🎙
Bonjour Patrick. Pour démarrer, qu’est-ce que cela vous fait de revenir ici à l’AS Monaco au sein du Centre de Performance ?
C’est l’époque qui veut ça je crois ! Plus ça va, et plus les clubs se dotent d’infrastructures au top. Le centre d’entraînement est vraiment incroyable. Que ce soit la qualité des terrains, l’ensemble des installations, tout est fait pour le haut niveau, la recherche de résultats et la progression des jeunes.
Ça change beaucoup des algécos que vous avez connu à l’époque…
Ah c’est sûr que c’était autre chose (sourire) ! Mais nous étions heureux comme ça, car on ne connaissait pas ce genre de bâtiments. On était bien dans nos algécos (rires). On s’entraînait, on rigolait… Ensuite ça dépend surtout de la mentalité des joueurs. Tu peux mettre n’importe qui dans ce « confort », si tu es moyen tu le resteras et inversement si tu es un futur talent.
Vous avez connu la fin des années 80 et l’arrivée d’Arsène Wenger. Racontez-nous cette période…
Personnellement j’arrive en 1985 au centre de formation. Arsène arrive deux ans plus tard, au moment où je débutais ma carrière avec les pros’, l’année du titre en 1988. J’ai commencé à m’entraîner avec eux et à être remplaçant, en faisant quelques bouts de matchs. C’est vrai que toutes les ans, l’AS Monaco était en coupe d’Europe à ce moment-là.
Glenn Hoddle, Mark Hateley… Vous avez connu de grands joueurs ici !
Effectivement, de magnifiques joueurs de foot, mais surtout avec une mentalité top. Avoir eu la chance d’évoluer avec eux, c’est énorme ! Ils ont apporté cet état d’esprit à l’anglaise, le « fighting spirit ». Chaque saison il y avait une bonne ambiance et on allait chercher, on poussait pour aller le plus haut possible.
Jusqu’à disputer des quarts, des demies et même une finale de coupe d’Europe à Lisbonne face au Werder Brême en 1992. Malheureusement c’était au lendemain de la catastrophe de Furiani, donc nous n’étions pas dans les meilleures conditions.
Quels joueurs vous ont le plus marqué durant votre passage en Principauté ?
Il y en a eu pas mal ! Ramon Diaz, George Weah… même Manuel Amoros, Marcel Dib, Claude Puel. Tous les joueurs m’ont marqué à leur manière. Claude c’était la grinta, Glenn Hoddle la technique. On se régalait à le regarder ! D’ailleurs on ne savait pas s’il était droitier ou gaucher. C’était un top joueur, et j’ai eu la chance de tous les côtoyer.
Le titre en 88, la Coupe de France 91, les épopées européennes… Quel est votre meilleur souvenir avec les Rouge et Blanc ?
Il y a tout à retenir ! Même la défaite en défaite en finale de Coupe contre Marseille, le fameux 4-3 en 1989, c’était la première Coupe de France que je disputais. Et puis mes années au centre de formation. Chaque étape a été au top et reste un bon souvenir pour moi. Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait avec les moyens, car je n’étais pas un grand joueur, mais j’ai fait le maximum. Donc je suis fier de tout ça, et chaque étape de ma vie a été un moment important.
Qu’est-ce que ça fait d’avoir disputé des grands matchs européens, notamment contre le grand Milan ?
C’était énorme ! Mais pas seulement l’AC Milan, j’ai fait également Barcelone, et même d’autres clubs comme Odessa, le Spartak Moscou. Ça reste la coupe d’Europe, c’est spécial ! La pression, l’enjeu, c’est le top niveau. Feyenoord aussi, c’est le seul but que j’ai marqué dans ma carrière, donc je m’en rappelle (rires) ! Chaque match a son histoire.
Avez-vous l’impression d’avoir contribué à la riche histoire européenne de l’AS Monaco ?
Avant nous, d’autres y ont participé ! Jean-Luc Ettori, Claude Puel, Dominique Bijotat, Manuel Amoros… tous les joueurs qui sortaient du centre de formation. Mais même encore avant il y avait eu Jean Petit. Chaque génération a construit quelque chose, a participé à une étape de la riche histoire du Club et a apporté à l’AS Monaco.
Comment s’est passé votre apprentissage à l’Academy justement ?
Alors à l’époque il n’y avait pas de bâtiment pour nous accueillir, du coup nous logions chez l’habitant, on mangeait au restaurant, c’était une autre époque ! Ensuite la signature de mon premier contrat a été importante, jusqu’à vivre une finale de coupe d’Europe. Je garde tous ses souvenirs précieusement en tête.
La formation, c’est ce qui a toujours fait l’ADN du Club !
C’est un top centre, qui fait partie des meilleurs en France. Déjà à mon époque, Lilian Thuram et Emmanuel Petit en sortaient. Ensuite il y a eu David Trezeguet et Thierry Henry notamment. L’AS Monaco a toujours été un très bon club formateur, quelle que soit la génération.
Le Club a lancé de grands joueurs, mais aussi de grands coachs. pour revenir à Arsène Wenger, que vous a-t-il apporté ?
Déjà la confiance qu’il m’a donnée ! Ensuite c’était un super entraîneur, honnêtement il m’a tout appris, que ce soit tactiquement, techniquement. Il m’a même changé de poste ! Au début, j’étais défenseur central et c’est lui qui m’a repositionné sur les côtés, à droite ou à gauche. Il m’a fait progresser dans ce sens en me faisant travailler les deux pieds.
Jérôme Gnako nous confiait récemment qu’il n’y avait pas de hiérarchie à l’époque, et que les meilleurs à l’entraînement jouaient en match !
Oui c’est vrai, il n’y avait pas de hiérarchie. Quand tu étais moins bien parfois, Arsène ne te faisait pas jouer, mais il t’expliquait pourquoi. Et quand tu voulais revenir dans le onze, c’était à toi de travailler et de montrer que tu avais envie. Il manque parfois cet aspect humain dans le football moderne.
Qu’est-ce qu’il y a de si spécial à l’AS Monaco ?
Peut-être le nom déjà, la situation. Mais c’est surtout le top niveau ! Il faut toujours être au sommet de ta forme, de ta motivation, pour réussir ici. Ça vaut le coup d’être toujours sous pression pour performer et progresser.
Pour finir, un dernier mot pour les supporters du Club ?
DAGHE MUNEGU (sourire) ! 🇲🇨 C’est important qu’ils continuent à encourager l’équipe, car les joueurs en ont besoin. En tout cas, ils ont toujours été fidèles à ces couleurs rouge et blanche.