La Gambardella, le titre de 2017, Falcao… Plongée dans les souvenirs d’Irvin Cardona
Il a pratiquement tout connu en Principauté ! Formé au Club, où il a remporté la Coupe Gambardella en 2016 sous les ordres de Frédéric Barilaro, Irvin Cardona a également vécu de près le huitième titre de champion de France de l’AS Monaco. Aujourd’hui à la relance avec les Verts, qui visent la remontée dans l’élite, l’attaquant façonné au pied du Rocher a pris le temps d’évoquer ses souvenirs, avant l’affiche de la 30e journée face à Brest. Rencontre 🎙️
Bonjour Irvin. Pour commencer, qu’est-ce qui te vient à l’esprit quand on évoque l’AS Monaco ?
Beaucoup de choses forcément ! Ma montée avec le groupe professionnel, le titre de champion de France en 2017, la victoire en Coupe Gambardella en 2016… J’ai énormément de souvenirs qui me viennent en tête.
Justement ton histoire démarre à l’Academy. Raconte-nous ces années au centre…
Ça s’est très bien passé. On avait la chance d’avoir un encadrement scolaire en parallèle de notre formation. Et puis dans mon parcours avec les U17, les U19, j’ai eu le privilège de travailler avec Bruno Irles, Manu Dos Santos et Frédéric Barilaro notamment, avec qui j’ai gagné la Gambardella. Et ensuite en CFA (aujourd’hui National 2), j’ai connu le coach Souleymane Cissé, avant d’intégrer le groupe professionnel au milieu de la saison 2016-2017 et de faire quelques apparitions.
Tu parlais du succès en Coupe Gambardella. Que retiens-tu de cette aventure ?
On avait un très bon groupe à l’époque, une belle génération ! Je me rappelle que beaucoup d’équipes nous craignaient, et d’ailleurs on gagnait tous nos matchs avec au moins deux buts d’avance. Même si on manque de se faire sortir au premier tour, contre Rodez il me semble, où on égalise à la 86e minute et on passe aux tirs au but. C’est vraiment le seul match où on a été en difficulté, parce qu’après on a déroulé jusqu’à la finale où on l’emporte 3-0 face à Lens. On jouait bien au ballon !
D’ailleurs tu constituais le duo d’attaque avec Kylian Mbappé !
C’est vrai qu’on me parle souvent de ça, car derrière il a explosé à une vitesse folle. Comme je l’ai déjà dit, je lui souhaite vraiment le meilleur, qu’il remporte le Ballon d’Or, la Ligue des Champions et tout ce qu’il veut gagner pour être épanoui.
Ton coach était déjà Frédéric Barilaro. Que t’a-t-il apporté dans ton parcours ?
Déjà c’est le coach qui m’a fait le plus jouer. Et puis c’est quelqu’un avec qui j’ai créé beaucoup de liens quand j’étais au centre de formation, et encore à l’heure actuelle. On échange encore de temps en temps ensemble. Donc c’est un entraîneur que j’ai beaucoup aimé et qui a compté pour moi.
Raconte-nous ensuite ton arrivée en réserve en empilant les buts…
Durant cette période en CFA, je crois que je marque 16 buts en six mois, si je ne me trompe pas. Et dans la foulée je crois que Gabriel Boschilia se fait les ligaments croisés. Donc à ce moment-là, Leonardo Jardim vient à notre séance d’entraînement et demande au coach Cissé d’envoyer un attaquant avec les pros’. Donc il m’a choisi moi, et je ne suis plus jamais redescendu avec la réserve par la suite.
Tu débarques donc à l’entraînement avec des joueurs comme Radamel Falcao. Quel est ton état d’esprit à cet instant ?
C’était assez impressionnant au début, car il y avait des joueurs très connus, mais je pense qu’il y avait aussi cette insouciance chez moi qui faisait que je ne me rendais pas vraiment compte. D’autant que j’ai été super bien intégré dans le groupe, ils ont vraiment été d’une gentillesse incroyable. J’ai eu beaucoup de chance sur ce point. Tu sentais que c’était une famille, et qu’il ne pouvait rien leur arriver !
Quelles émotions as-tu ressenties lors du titre de champion de France et tout au long du parcours en Ligue des Champions ?
Tout d’abord, c’était pour moi une grande fierté de pouvoir faire mes premiers pas en professionnel dans mon club formateur et au sein de cette équipe ! Ensuite j’ai eu la chance de faire quelques entrées en jeu, même si ce n’était pas beaucoup.
Mais à cet âge-là (19 ans) et surtout dans cette équipe-là, c’était déjà énorme ! Pouvoir être champion de France avec cette équipe et même être sur le banc en Ligue des Champions, entendre cette fameuse musique… c’est le rêve de tout joueur !
Au quotidien à l’entraînement ou en match, quels joueurs t’ont le plus impressionné ?
(Sans hésitation) Je dirais Bernardo Silva et Radamel Falcao ! Ce sont les deux qui m’ont vraiment fait très grosse impression. Radamel dans la surface, c’était un renard, il finissait toutes les actions avec une grande classe. Et Bernardo c’était une technique folle, tellement propre balle au pied, un grand joueur ! Ensuite il y avait beaucoup de très belles individualités dans cette équipe. Je pourrais tous les citer.
Parmi eux, Valère Germain a connu le même parcours que toi, en passant par la formation. A-t-il eu un rôle de grand frère avec toi ?
On avait une bonne relation avec lui, mais comme je l’ai expliqué, j’ai eu la chance que tout le monde m’accueille de la meilleure des manières. A cette époque j’échangeais et je rigolais beaucoup avec Valère, mais aussi Nabil Dirar. Je me rappelle qu’après les matchs ils m’invitaient, ils me prenaient avec eux.
Clairement ils n’étaient pas obligés, et ça prouve l’état d’esprit qu’il y avait dans ce groupe. Ça m’a permis, garçon timide que j’étais à l’époque, d’aller vers les autres et d’échanger sans la crainte de prendre des réflexions.
As-tu une anecdote en tête, notamment sur la fête qui a suivi le titre ?
Je me rappelle que nous avions pris le bus du Club pour aller fêter ce trophée à Cannes. Il y avait tout le groupe, et il s’agissait de mes premières sorties, car j’étais encore jeune ! Donc oui cela reste un très bon souvenir évidemment… je n’en dirai pas plus (sourire) !
Es-tu toujours en contact avec certains joueurs ?
Oui bien sûr, j’échange toujours avec certains que j’ai connu au centre de formation, ou même après avec les pros’. Ce ne sont pas des contacts très réguliers, mais de temps en temps on s’envoie des messages pour prendre des nouvelles ou souhaiter un anniversaire.
Dans la foulée, tu es prêté au Cercle Bruges, que tu vas contribuer à ramener en première division. Que retires-tu de cette expérience ?
Beaucoup de positif, puisque ça concorde avec mes débuts dans le monde professionnel, même si j’avais fait quelques apparitions avec l’AS Monaco. C’était vraiment le moyen pour moi de confirmer sur une puis deux saisons pleines et prendre de l’expérience. Cela m’a clairement servi de tremplin pour ensuite arriver dans un club où j’ai pu m’installer sur la durée au haut niveau.
Justement tu prends ensuite la direction de Brest, où tu enchaînes. Parle-nous de ton passage là-bas…
C’est aussi une très bonne expérience, car c’est le Stade Brestois qui m’a lancé dans le grand bain, car jusqu’à maintenant je n’avais été titulaire qu’en Coupe de France avec Monaco. Le fait d’être titulaire et d’enchaîner tout au long de la saison, cela a été très formateur pour moi.
J’en garde de très bons souvenirs, des moments aussi plus difficiles, notamment avant de quitter le club, mais dans l’ensemble je n’en retiens que le meilleur ! Cette saison ils font d’ailleurs un parcours incroyable, et j’espère qu’ils pourront finir le plus haut possible… sans trop embêter l’AS Monaco bien sûr (sourire) !
Durant cette période, tu marques un but iconique contre Dijon. Raconte-nous ce geste incroyable…
C’est vrai que tout le monde n’a pas la chance de marquer un but de cette manière, je ne sais pas s’il en existe beaucoup comme ça. Ma réaction ? Sur le moment j’ai l’impression de marquer un but « normal », car c’est un geste que j’avais déjà tenté à l’entraînement, donc je ne trouvais pas ça fou. Mais quand j’ai vu l’ampleur que ça a pris derrière, je me suis dit que c’était quand même quelque chose (rires) !
Aujourd’hui tu te relances à l’AS Saint-Étienne, à la lutte pour la montée dans l’élite, et avec qui tu viens de remporter le Trophée UNFP deux fois d’affilée. Comment vis-tu cette expérience ?
C’est clairement une renaissance pour moi ! J’ai vécu une année et demie dans l’ombre, où j’étais en manque de confiance et de temps de jeu. Et aujourd’hui je retrouve le niveau que j’ai pu avoir dans le passé, et même peut-être un meilleur niveau. J’étais sur une belle série au niveau statistiques avant le week-end dernier (6 buts et 2 assists sur les 7 précédents matchs, ndlr), même si le plus important reste de gagner des matchs.
Bravo Irvin, et bravo à vous tous pour la mobilisation ! 👏💚 https://t.co/nXGBZMPvia
— AS Saint-Étienne (@ASSEofficiel) April 16, 2024
Ce serait un beau clin d’œil pour toi de ramener ce club historique en Ligue 1 ?
Bien sûr ! Pour moi ce serait même presque un petit échec si à l’issue de mon prêt le club ne remonte pas dans l’élite. L’objectif est clair depuis très longtemps, et on a tous envie que cette institution retrouve la première division.
D’autant plus quand vous voyez l’appui du public…
C’est certain que ça nous galvanise. Quand on est joueur, on a besoin de sentir le soutien du public, et ici on connaît la passion qui les anime. Ce qu’ils font est exceptionnel.
En parlant de supporters, ceux de l’AS Monaco sont toujours très attachés aux « enfants du Club ». As-tu un mot pour eux pour conclure cet entretien ?
Je voudrais déjà leur faire un petit coucou, et dire merci à ceux qui ont voté pour moi pour le Trophée UNFP. Je sais que certains l’ont fait, car j’ai reçu des messages très sympas. Qu’ils continuent d’encourager l’équipe, car l’AS Monaco est un grand club en France ! DAGHE 🇲🇨