Jérôme Phojo : "J'ai gardé le maillot collector de la finale de Gambardella"
Il fait partie de ceux qui ont marqué l’histoire de l’Academy. Arrivé de l’INF Clairefontaine en 2009, Jérôme Phojo a terminé sa formation à l’AS Monaco, remportant la Coupe Gambardella 2011, en compagnie de Layvin Kurzawa, Jessy Pi, Valentin Eysseric ou encore Yannick Ferreira Carrasco.
Après avoir effectué ses débuts professionnels sur le Rocher, en Ligue 2, le natif de Poissy (Yvelines) a porté successivement les maillots du CA Bastia, Arles-Avignon, Les Herbiers puis Clermont, depuis 2017. Malheureusement, il a contracté une mononucléose à l’automne 2019, puis a souffert d’une phlébite à un mollet, stoppant net sa progression. Avant la rencontre de dimanche face à l’équipe auvergnate, asmonaco.com est donc allé prendre des nouvelles de l’ancien joueur du Club. Entretien.
Bonjour Jérôme. Quels souvenirs gardes-tu de ton arrivée au Centre de formation, en 2009 ?
Après l’INF Clairefontaine, j’avais plusieurs options mais c’est Monaco qui m’avait manifesté le plus d’intérêt, les recruteurs étaient venus me voir à plusieurs reprises, leur discours m’avait plu. C’était la meilleure option pour moi. En arrivant, tu vois que le cadre de vie est incomparable, mais j’ai toujours gardé la tête sur les épaules et ce que j’ai vite apprécié, c’est l’aspect footballistique. D’autant plus que, comme moi, il y avait beaucoup de joueurs originaires de la région parisienne, ce qui a grandement facilité la transition entre l’INF Clairefontaine et l’AS Monaco.
Le point d’orgue de ta formation, c’est la victoire en Gambardella en 2011. Pour un jeune, on imagine que c’est le titre suprême…
Pour un jeune, la Gambardella c’est le Graal. Je n’en garde que des bons souvenirs, avec un parcours incroyable pour jouer dans l’enceinte mythique du Stade de France. Parfois, je revois la photo de l’équipe et je pense qu’on est quasiment tous devenus professionnels. J’ai gardé le maillot collector de la finale, parce que ce sont des souvenirs qui resteront gravés à jamais. J’ai d’ailleurs gardé contact avec beaucoup de mes coéquipiers de l’époque à l’AS Monaco, pas uniquement ceux qui ont joué en Gambardella.
Certains membres de cette équipe évoluent désormais dans de très grands clubs européens, comme Layvin Kurzawa ou Yannick Ferreira Carrasco. Tu sentais déjà à l’époque qu’ils iraient très haut ?
Oui, clairement. Layvin Kurzawa, je trouvais déjà qu’il avait le potentiel pour être là où il est actuellement. Yannick Ferreira Carrasco était quant à lui venu faire un essai au Club et il nous avait tous choqués, donc je ne suis pas surpris. Mais à l’époque, les coaches et les plus anciens nous disaient que ce n’était pas parce qu’on avait gagné la Gambardella, et donc qu’on était potentiellement la meilleure équipe de France en jeunes, que l’avenir serait forcément radieux. Et ils avaient raison.
Frédéric Barilaro, l’un des plus grands formateurs de l’histoire du Club, était en charge de cette équipe de Gambardella, avec François Ciccolini. Personnellement, qu’est-ce qu’il t’a apporté au cours de ta formation ?
C’est un coach qui m’a beaucoup apporté et qui m’a fait confiance très tôt avec la CFA, alors qu’à l’époque c’était difficile de s’y faire une place et que le championnat était relevé. Il a eu les bons mots pour m’enlever toute la pression, parce que j’étais quand même assez jeune et quasiment le seul à enchaîner les matchs en réserve avec lui. A titre individuel, il a su poursuivre ma formation, mais en même temps m’inculquer la culture de la gagne qui était importante en CFA.
En 2012, tu as aussi disputé l’Euro U19 avec une très belle génération (Umtiti, Pogba, Kondogbia, Pléa, Veretout,…). Même si votre parcours s’est arrêté en demi-finales, cela doit rester un grand moment pour toi…
C’est comme la Gambardella et mes années de formation à Monaco, j’en garde de grands souvenirs. J’ai fait des matchs amicaux avec les équipes de France de jeunes, mais là c’était l’Euro et on ressentait vraiment l’engouement. Il y avait les meilleurs jeunes de chaque pays à ce moment-là, donc c’était une véritable expérience, que je souhaite à tous les jeunes footballeurs.
Tu débutes chez les professionnels en 2011-2012, sous les ordres de Marco Simone. Était-ce une surprise pour toi ?
C’était à Boulogne-sur-Mer (victoire 2-1), lors de la dernière journée de Ligue 2, et c’était effectivement une surprise d’être titulaire pour ce match. Mais l’équipe n’avait plus rien à jouer car elle avait assuré son maintien et ne pouvait plus monter, donc c’était une récompense de la part du Club. J’ai eu un petit avant-goût de ce qu’était le monde professionnel. Je n’avais fait qu’une semaine entière d’entraînement avec le groupe et Marco Simone m’a dit que j’allais jouer et que je serai titulaire. Je pensais simplement être dans le groupe, donc oui j’ai été surpris.
La saison 2012-2013 est marquée par l’arrivée de Claudio Ranieri sur le banc. Comment était-il avec toi et les jeunes en général ?
Je le dis encore à mes coéquipiers actuels, Claudio Ranieri est le coach qui m’a fait le plus progresser tactiquement en tant que défenseur. Il est arrivé pour faire monter le Club en Ligue 1 et il y est parvenu dès la première saison. On s’est rarement parlé, mais lors de nos quelques discussions il ne disait que du bien de moi et qu’il était satisfait. Mais il avait des objectifs plus importants que de venir parler à Jérôme Phojo, le petit jeune qui ne jouait presque pas (rires). Mais avec lui, tous les jeunes se sentaient concernés, on n’était pas mis de côté. C’est vraiment un très, très bon coach.
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Quel coéquipier t’as le plus impressionné à l’époque ?
A cette époque, celui qui a vraiment fait une grosse saison était issu du Centre de formation, c’était Nampalys Mendy. On sentait que d’autres avaient plus d’expérience et beaucoup de qualités, mais « Papy » avait montré des choses incroyables cette saison-là. Yannick Ferreira Carrasco était aussi vraiment fort, Lucas Ocampos est monté en puissance, et Mounir Obbadi était aussi très costaud, avec une vision de jeu incroyable.
Tu évolues à Clermont depuis 2017, mais malheureusement tu as contracté une mononucléose en octobre 2019, puis tu as souffert d’une phlébite peu de temps après, ce qui t’a coupé dans ton élan. Comment vas-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui, ça va. Je ne suis pas revenu à 100% en tant que footballeur, mais je suis au maximum de ce que je peux faire. J’ai su en début d’année que je pouvais reprendre les matchs, donc là je viens de jouer 45 minutes avec la réserve. J’espère donc être à la disposition du groupe pour la fin de saison. Pour le moment, je poursuis ma reprise de rythme avec la réserve, en espérant réussir à boucler un match complet dans les prochaines semaines, mais surtout sans difficultés. C’est surtout ça qui m’intéresse. Là je me suis bien senti, mais je vais devoir vivre avec ma phlébite. Je suis quand même un peu gêné et je ne suis plus le Jérôme d’avant, qui gambadait tout le temps sur son côté (sourire). Mais honnêtement, je suis en bonne santé.
⚽️ #MaxiLigue2
🎙️Interview : @Jerome_Phojo, 16 mois plus tard pic.twitter.com/twMUUAGJZT— beIN SPORTS (@beinsports_FR) February 1, 2021
Quel regard tu portes sur tes deux dernières années compliquées, loin des terrains ?
Maintenant je suis dans l’optique de profiter de chaque moment de la vie et de chaque moment sur le terrain, à l’entraînement ou en match. Après avoir vécu tout ça, je me rends compte qu’on ne profite pas assez du moment présent, car du jour au lendemain il peut nous arriver quelque chose comme ça et ta vie bascule. Ma passion, qui est devenue mon métier, peut s’arrêter du jour au lendemain, donc je profite vraiment de chaque instant. Ce qu’on peut me souhaiter, c’est de récupérer mon état physique d’avant, pour peut-être envisager une suite positive à ma carrière.
En attendant de te revoir bientôt sur les terrains, est-ce que tu seras devant ta télé dimanche pour ce Monaco – Clermont ?
Bien sûr que je vais suivre ce match. Si j’en avais eu la possibilité, je serais même venu, mais comme on enchaîne trois matchs la semaine suivante, je ne pourrai pas. Ça m’aurait fait très plaisir d’être au Louis-II, même si je n’ai pas pu beaucoup y jouer, car son club formateur ça reste quelque chose de particulier. Ça me ferait quelque chose d’y revenir.