Jérémy Berthod : "Même enfant, j'ai toujours apprécié Monaco"
Il a porté le maillot frappé de la Diagonale durant une seule saison, en 2007-2008. Mais c’est surtout sous les couleurs de l’Olympique Lyonnais que Jérémy Berthod s’est révélé aux yeux du grand public, remportant notamment quatre titres de champion de France entre 2004 et 2007. Avant le match entre ses deux anciens clubs, le latéral gauche est revenu sur sa carrière, son arrivée au Club, ses souvenirs marquants sur le Rocher mais aussi ses regrets de ne pas avoir exprimé tout son potentiel. Une interview empreinte de lucidité.
Bonjour Jérémy. On peut dire que ton premier rapport avec l’AS Monaco, c’est la lutte pour le titre en 2004, que vous remportez sur le fil avec l’OL. Quels souvenirs gardes-tu de cette saison ?
A l’époque, c’était deux effectifs super intéressants, deux grosses équipes, notamment le secteur offensif de Monaco avec Fernando Morientes, Ludovic Giuly et tous les autres que je n’ai même pas besoin de citer. On était derrière eux toute la saison et on arrive à leur passer devant sur la fin. Mais je pense que le parcours de Monaco jusqu’en finale de la Ligue des champions a dû les user physiquement et mentalement, ce qui nous a permis de les doubler. Ça avait été une super lutte entre deux très belles équipes.
Malgré un retard conséquent au classement, vous avez toujours cru à ce titre ?
On a compté jusqu’à dix points de retard et on avait pris 3-0 au Stade Louis-II lors du match retour, avec notamment un but de la tête de Fernando Morientes. Après ce match, cela avait été dur, mais à Lyon il y a toujours cet esprit de compétition et on avait l’habitude de gérer un sprint final. On y croyait parce qu’on était champions en titre et qu’on avait l’expérience de ces moments-là.
Après avoir remporté quatre titres de champion, tu quittes l’OL en 2007. Pourquoi ?
A Lyon, je restais sur deux saisons où je n’avais pas beaucoup joué parce que j’étais en concurrence avec Éric Abidal, qui était peut-être à l’époque le meilleur latéral gauche au monde. J’ai quand même eu un peu de temps de jeu, j’ai remporté des titres et je m’entraînais avec de grands joueurs, mais à un moment donné j’ai voulu penser aussi à ma carrière personnelle. Il y a eu l’arrivée de Fabio Grosso et Nadir Belhadj et j’ai compris que je n’allais pas avoir ce que je souhaitais, donc j’ai demandé à partir et l’opportunité de Monaco s’est présentée.
Ton arrivée à Monaco s’est ensuite effectuée pendant un stage de préparation…
C’est ça, j’étais en stage de présaison avec l’OL à Tignes et j’ai rejoint l’AS Monaco, qui s’entraînait à Aix-les-Bains. Paul Le Guen, que j’avais connu à Lyon, entraînait le PSG et m’avait contacté car Sylvain Armand devait peut-être partir. J’avais donc deux possibilités : Paris ou Monaco. Mais même enfant, j’ai toujours apprécié Monaco, qui est club très prestigieux. Et avec l’effectif qu’il y avait, j’estimais que Monaco pouvait jouer le haut du tableau et me faire encore progresser.
Malgré la qualité de l’effectif, vous vivez une saison compliquée et terminez à la 12e place. Comment l’expliques-tu ?
La saison a même été très décevante par rapport à la qualité de l’effectif, avec beaucoup d’internationaux. Ça n’a pas marché alors qu’il y avait de la cohésion dans l’équipe. Souvent, on dit qu’à Monaco il y a surtout des individualités, mais nos rapports humains étaient intéressants, je m’entendais bien avec tout le monde. On n’a pas eu les résultats que l’on attendait car je pense qu’individuellement, et moi le premier, on n’a pas été au niveau attendu.
Justement, comment juges-tu ta seule saison monégasque ?
Je n’ai clairement pas été à la hauteur de mes attentes, de celles du Club et des supporters. Je venais de l’OL, j’étais champion de France, j’avais un statut et je n’ai pas réussi à montrer mes qualités, même si on ne m’a pas forcément laissé le temps pour le faire. C’était la première fois que je changeais de club et on pense que c’est facile, alors qu’il y a beaucoup de choses à gérer à côté. Je venais aussi de Lyon et, même si je suis quelqu’un d’assez humble, peut-être que je pensais que ce serait facile et que je m’installerais en tant que numéro un. J’ai pris une claque. Je n’ai pas réussi à m’en remettre et je n’ai pas montré le meilleur de moi-même. J’en suis conscient et ça reste, avec la descente en Ligue 2 avec Auxerre, l’une des plus grosses déceptions de ma carrière.
Ensuite tu quittes Monaco pour l’AJA, avec qui tu connais des hauts, avec un podium et la Ligue des champions, mais aussi des bas avec la descente en Ligue 2…
Je pars de l’AS Monaco car on m’a dit clairement qu’après la saison que j’avais réalisée, on ne comptait pas vraiment sur moi car d’autres joueurs arrivaient ou se révélaient, ce que je comprenais tout à fait. Donc je pars à l’AJA où, sur quatre années, trois sont vraiment très bonnes. On joue le haut du tableau, on termine 3e et on peut presque jouer le titre à quelques journées de la fin en 2009-2010, on participe à la Ligue des champions, mais on finit par descendre en Ligue 2 à l’issue d’une saison 2011-2012 cauchemardesque.
Et finalement tu rebondis en Norvège, à Sarpsborg, où tu es l’un des premiers Français à jouer. Cela devait être une superbe expérience…
J’étais en fin de contrat à l’AJA et je n’ai pas eu de signe des dirigeants alors que j’étais très bien là-bas, que mes enfants sont nés à Auxerre et que je voulais faire remonter le club dans l’élite. Je me suis retrouvé pendant quatre ou cinq mois sans club, à m’entraîner tout seul et à refuser quelques pistes exotiques. Je n’avais pas d’agent et je n’ai peut-être pas réussi à bien me vendre, mais en janvier j’ai reçu un appel pour me proposer d’aller jouer en Norvège. J’y suis allé une semaine pour voir et ça m’a plus sportivement et au niveau de la qualité de vie, donc j’y ai signé.
Et tu ne l’as pas regretté…
Il y avait forcément des craintes au départ, mais humainement, avec ma famille, on a vécu trois années exceptionnelles. On a découvert une nouvelle culture, on a créé des amitiés fortes et au niveau du football j’ai presque connu une renaissance. La première saison, j’ai figuré dans l’équipe-type du championnat, on a réussi à se maintenir alors que le club avait l’habitude de faire l’ascenseur. En fait, j’ai joué là-bas au début du développement du club, qui a aujourd’hui un vrai stade et qui a joué la Ligue Europa depuis.
Que deviens-tu désormais ?
Après ma carrière de footballeur, j’ai soufflé un peu puis j’ai été commentateur pour OLTV. Aujourd’hui, je suis en train de passer mes diplômes d’entraîneur. J’ai coaché un peu en amateurs, j’ai été adjoint des U17 nationaux de l’OL, et là je passe mon DES (Diplôme d’Etat Supérieur) qui me permettra d’entraîner jusqu’en National 2. En ce moment, je suis coach principal de l’équipe réserve de Limonest, qui évolue en R1 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Comment tu vois le match de samedi entre Monaco et Lyon ?
Même si je suis lyonnais, je suis toujours les clubs dans lesquels je suis passé. Pour l’OL, la victoire contre Marseille (2-1) a fait du bien mais il ne faut pas s’emballer car c’est la régularité qui manque à Lyon cette saison. Ils sont capables de faire une grosse performance et de s’effondrer derrière. Pour Monaco, il faut continuer à grimper au classement. C’est un match entre deux concurrents pour les places européennes qui sera très intéressant.