Ismaïla : "J’ai adoré le dévouement d’un Jérémy Toulalan"
Il est un de ces enfants de la génération 2004. Lorsque les hommes de Didier Deschamps ont donné envie à des centaines de gamins de suivre les exploits de l’AS Monaco, cette équipe au maillot rouge et blanc si particulier.
Un derby pas comme les autres
Né en 1996, Ismaïla, jeune surveillant en lycée âgé de 25 ans, a grandi avec le club de la Principauté dans le sang, baigné dedans par son coach en benjamins. Habitant de Romanville dans le 93, non loin du stade Bauer, où évolue le Red Star FC, il va vivre dimanche SON derby à lui, chez lui, dans son département de naissance. Rencontre avec un fou de la Diagonale, qui ne manquerait pour rien au monde un match de son club de cœur.
Bonjour Ismaïla. Pour commencer, comme à chaque numéro de Partout toujours, raconte-nous comment est né ton amour pour l’AS Monaco…
Mon histoire avec le club a commencé après l’épopée de 2003-2004, car comme je suis de la génération 1996, j’ai commencé à prendre conscience des matchs que je regardais vers l’âge de 8-9 ans. C’est cette équipe qui m’a fait tomber dedans, avec les Rothen, Giuly et Morientes notamment. A cette époque-là, j’étais à l’école, et il fallait choisir un club. Autour de moi c’était souvent le PSG, Marseille ou encore Auxerre qui avait du succès, avec le fameux maillot Playstation. Mais moi je ne voulais pas faire comme tout le monde, donc j’ai choisi Monaco. Et je ne regrette pas du tout ce choix.
Une personne en particulier t’a-t-elle encouragé à suivre ce club plutôt qu’un autre ?
Mon entraîneur de l’époque en benjamins, Yacine, avec qui je suis encore très proche aujourd’hui, était lui-même pour l’AS Monaco. Donc on a regardé des matchs ensemble, et la mayonnaise a pris directement. C’est toujours un grand frère pour moi, et on continue à regarder des matchs ensemble. Et même si nous ne sommes pas ensemble, on va en parler sur Snapchat. C’est Monaco quoi, ça rapproche. Déjà à l’époque il me parlait des années 90 et de joueurs qu’il a eu la chance de voir jouer, comme Youssouf Fofana.
🎦 Quand le Youssouf Fofana de 1988 rencontre le @fofana22_ de 2020, s'il y a bien une chose qui n'a pas changé, c'est 𝒍𝒂 𝑫𝒊𝒂𝒈𝒐𝒏𝒂𝒍𝒆 🔴⚪️
🔜 👀 pic.twitter.com/PpNNPXur01
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) December 15, 2020
Ce n’était pas trop compliqué pour toi d’assumer à l’école ?
Surtout quand tu vis ici en banlieue parisienne ! La logique veut qu’on soit pour le Paris Saint-Germain. Donc quand tu es petit, dans la cour de récréation, et qu’il faut expliquer que tu es supporter de l’AS Monaco, ce n’est pas évident. Alors moi je répondais que j’avais envie d’avoir mon club à moi, qu’il y avait un esprit familial, et je disais souvent : « Vous ne pouvez pas comprendre ! » (rires). Il n’y a qu’entre nous qu’on peut comprendre pourquoi on a été dirigés vers ce club-là plutôt qu’un autre.
Quels sont les premiers joueurs qui t’ont marqué ?
J’ai été marqué par Jérôme Rothen et sa particularité de porter des pansements pour masquer ses boucles d’oreille (sourire). On était très fans des joueurs « stylés » à l’époque, et il l’était. En plus il était gaucher comme moi donc ça a pris direct. Bon moi j’étais défenseur central. Donc j’ai aussi forcément aimé les Squillaci, Givet, Modesto, Rodriguez… Ils ont bercé mon enfance !
Si tu devais ressortir un match de cette période…
Le Real Madrid ! C’était fabuleux. Je n’avais jamais vu autant de bons joueurs sur la même pelouse. Il y avait eu la Coupe du Monde juste avant, mais je n’étais pas encore vraiment conscient de ce que je regardais. Mais ce Monaco – Real Madrid c’était l’apothéose. Et ça m’a confirmé ma volonté de supporter ce club.
Comment as-tu entretenu cet amour derrière, alors qu’il y a eu des années difficiles ?
Quand tu supportes un club, le principe fondamental pour moi c’est la fidélité ! Qu’on soit en National ou même en CFA à l’époque, ça ne m’aurait pas dérangé, parce que c’est lui que j’avais choisi. C’est une mentalité qu’on a ici dans le 93. Je ne sais pas pourquoi, mais c’est comme ça. Une fois qu’on est attaché à quelque chose, c’est à vie et on n’en parle plus. Pourtant c’est vrai qu’on a souffert, je me souviens même d’avoir fait des déplacements en Ligue 2, à la MMArena au Mans, à Tours. C’était dur, mais on était là !
D’autant que même lorsque ça allait mal, il y a toujours eu des grands joueurs à Monaco !
C’est dans l’ADN du club ! Je suis certain que 50% des joueurs dans le Monde seraient prêts à venir jouer ici. Plus le temps est passé, plus nous avons eu des grands joueurs dans notre effectif, jusqu’à des Radamel Falcao, James Rodriguez et autres. C’est vrai que c’était un argument supplémentaire, car parfois nous n’avions peut-être pas une grande équipe, mais il y avait quand même des grands noms.
Justement, que gardes-tu en mémoire des années plus récentes ?
Déjà on a réussi à faire rêver les supporters monégasques et même la France entière, et c’est ce qu’il y a de plus important. Comme l’AS Monaco n’est pas un club détesté, comme peut l’être l’OL, on a réussi à transmettre certaines émotions en battant Arsenal par exemple. Puis durant l’épopée en 2017, dont on se rappellera encore dans 100 ans je pense. Et de cette génération-là, on peut ressortir un nom : Kylian Mbappé.
Qu’est ce qu’il y a de si spécial avec lui selon toi ?
Déjà je suis très très fier qu’il soit formé chez nous à Monaco. En plus il vient de Bondy en région parisienne, c’est juste à côté de chez nous. J’ai d’ailleurs eu l’occasion d’aller jouer là-bas en jeunes, où son père entraînait déjà. Donc cela a une valeur d’autant plus affective, car c’est un enfant de chez nous. J’étais d’ailleurs en parcage face au PSG le week-end dernier, après avoir bossé autour du stade.
As-tu déjà eu l’occasion de venir au Stade Louis-II pour le coup ?
Oui je suis déjà venu au moins une trentaine de fois. Même tout seul parfois (rires) ! C’est de l’amour, j’adore ce club. Pour moi, chaque match au Louis-II est particulier, parce que Monaco est un endroit qui me fascine. Il y a une chose qui me marque, c’est l’accessibilité des joueurs. Depuis que je viens, j’ai eu l’occasion d’en rencontrer plusieurs. Keita Baldé notamment. Récemment, il y a Gelson Martins qui m’a offert son maillot à deux reprises. Il m’arrive de discuter avec Benoît Badiashile, et j’ai des amis en commun avec Youssouf Fofana. Il a fallu que je vienne au Stade Louis-II pour me rendre compte à quel point c’est un club familial.
Cette proximité avec les joueurs que tu supportes est une vraie particularité du Club…
Le fameux Parking P2 (il sourit) ! Cet endroit où tu rencontres facilement les joueurs, c’est unique. J’en parlais récemment avec Xavier Domergue, qui commente les matchs pour M6, et qui aime d’ailleurs beaucoup venir à Monaco. Un jour j’étais venu voir un match en Pesage, et quand je suis reparti j’ai croisé Djibril Sidibé à la pompe à essence à la sortie du stade. On en a profité pour discuter, c’était incroyable de le croiser comme ça. Il m’avait d’ailleurs promis de me donner son maillot, ce qu’il a fait par la suite. Il n’y a qu’à Monaco que tu vois ça, encore une fois. Les gens ne peuvent pas comprendre !
As-tu des souvenirs particuliers en parcage également ?
Je me rappelle notamment de ce déplacement qu’on avait fait à Angers il y a deux ans, avec un but de la tête d’Islam Slimani dans les dernières minutes. Je n’ai jamais vu le parcage fêter un but comme celui-ci. On a vraiment célébré avec les joueurs, c’était fou ! Je pense qu’il y a encore des photos de ce moment, c’était incroyable. Il y a aussi le match à Rennes, quand on a célébré le titre de champion de France en 2017. Avec toutes les célébrations, les feux d’artifice, c’était dingue.
Tu nous as parlé de Kylian Mbappé précédemment. Quels autres joueurs as-tu aimé ?
Ça va peut-être paraître bizarre, mais j’ai adoré le dévouement d’un mec comme Jérémy Toulalan. Avec le brassard de capitaine, il ne payait pas de mine, mais il laissait tout sur le terrain, et c’était quelque chose d’admirable chez lui. Il avait trois poumons, poussait un coup de gueule quand il fallait, et ça se voyait que c’était un leader qui arrivait à motiver les troupes. Et ça c’est très important.
Pour revenir à l’actualité, ce dimanche il y a ce match de Coupe de France face au Red Star. Qu’est-ce que ça t’évoque ?
Déjà je suis très content d’accueillir l’AS Monaco chez moi. Car Monaco m’a déjà accueilli chez lui, en Principauté. C’est donc un réel plaisir. Ensuite j’espère me procurer une des 140 places mises à disposition en parcage, et qui sont laissées en priorité aux Ultras. Le Red Star est une équipe qui nous tient à cœur ici, comme le Paris FC, car ce sont les premiers clubs en banlieue parisienne qui ont réussi à avoir le statut professionnel, autre que le PSG. En jeunes, on rêvait de pouvoir jouer au PFC ou au Red Star, pour espérer percer un jour. Cela fait partie des bons clubs populaires d’Île-de-France. Le 93 sait être accueillant en plus, malgré ce qu’on peut entendre ! Il y a un mix entre la tension et la passion qui fait un bon mix au final ici (sourire).