1977-1978 : Jeunesse triomphante
Des huit titres de champion de France remportés par l’AS Monaco, c’est indéniablement le troisième, obtenu au terme de la saison 1977-1978, qui fût le plus surprenant. Promus en Division 1 après deux saisons de purgatoire à l’échelon inférieur, les Rouge et Blanc ont déjoué tous les pronostics pour réaliser un exploit jamais réédité depuis !
Tout commence dans un rêve, celui que raconte Delio Onnis à ses partenaires juste avant le coup d’envoi de la saison : « Les gars, j’ai rêvé que nous étions champions et que nous avions gagné les cinq premiers matchs de la saison… ». Le buteur italo-argentin précise même que son équipe perdra le sixième match…
Le rêve prémonitoire
Le 3 août 1977, la première journée emmène les Rouge et Blanc à Bastia. Delio décide de donner un coup de pouce au destin. Sur la pelouse de Furiani, son doublé offre la victoire à l’AS Monaco (0-2). Et pour la première de la saison à Louis-II contre Nancy une semaine plus tard, c’est encore lui qui ouvre le score dès la 5e minute, Raoul Noguès, parachevant la victoire après l’heure de jeu.
La bonne entame monégasque se transforme en départ canon quand Christian Dalger offre un récital au Parc Lescure de Bordeaux. Le milieu offensif claque trois buts en trente minutes en seconde période, Alain Moizan y allant de sa réalisation en toute fin de match. L’AS Monaco marque frappe un grand coup en s’imposant 4-0.
Le promu joue les premiers rôles
Après trois succès et pas le moindre but encaissé, la prémonition d’Onnis est compromise lors du match suivant, quand Léonard Specht creuse l’écart en faveur de Strasbourg juste au retour des vestiaires. Menés 0-2, les Rouge et Blanc renversent la vapeur en onze minutes. Raoul Noguès réduit la marque à la 71e, tout juste entré en jeu Daniel François égalise à la 74e, puis Raoul Noguès fait la différence une seconde fois à la 82e !
Les supporters ont vibré et ce n’est que le début. Leader surprise du championnat après une cinquième succès ramené de Reims fin août (0-2, buts d’Onnis et Petit), l’AS Monaco abandonne son siège à l’OGC Nice au terme de la 6e journée, conséquence d’une défaite à domicile concédée dans les derniers instants contre l’OM (2-3). Une partie du rêve s’est réalisée, reste la plus compliquée.
Sur tous les tableaux
Durant l’automne, les Rouge et Blanc prouvent qu’ils sont plus qu’un éphémère tube estival. Un série de six matchs sans défaite, dont un match nul contre Nice au Stade du Ray, font de l’AS Monaco un sérieux outsider pour le titre. Et si le rythme monégasque baisse à l’approche de l’hiver, les Rouge et Blanc restent sur le podium, seulement distancés de deux points par l’OM, leader à la fin de la phase aller, et d’un seul par l’OGC Nice.
À l’image du match nul ramené de Marseille lors de la 24e journée (2-2, doublé de Jean Petit), ils ne lâchent rien en championnat comme en Coupe de France. Alès, Fontainebleau, Lille et Bastia sont écartés du chemin menant au Parc des Princes. Reste l’obstacle niçois pour retrouver les joies d’une finale. Mais revanchard après sa défaite à Louis-II en championnat début février, Nice parvient à prendre le dessus lors du match aller, disputé au Stade du Ray (1-0), avant d’accrocher un nul au retour à Louis-II (1-1). Désormais distancés en championnat, les Niçois s’inclineront en finale contre l’AS Nancy de Michel Platini quelques semaines plus tard, mais pour les Rouge et Blanc le titre de champion n’est plus un doux rêve.
Une lutte acharnée
Redevenu leader début avril grâce à une victoire ramenée de Lens, l’AS Monaco revoit Nantes repasser devant à la 36e journée grâce à un petit but d’avance. Les deux équipes comptent alors 49 points, tandis que Strasbourg reste en embuscade avec 47 points à deux matchs de la fin. Mais forts d’un précieux succès 1-2 ramené de Paris, les joueurs croient en leur bonne étoile et au fait qu’ils ont la chance d’affronter Metz et Bastia à domicile lors des deux dernières journées.
Le 28 avril, les Lorrains sont balayés par un Delio Onnis intenable, auteur des quatre buts du match, alors que Nantes est accroché à Rouen ! L’AS Monaco reprend un point d’avance et n’est plus qu’à 90 minutes d’un incroyable exploit désormais attendu par tout le peuple rouge et blanc.
Le jour J : une petite victoire pour un immense exploit
Il n’est pas rare que la chaleur s’empare des ultimes journée d’un championnat, mais ce 2 mai 1978 fut particulièrement chaud pour l’AS Monaco ! Face à des Bastiais focalisés sur la finale de la Coupe UEFA contre le PSV Eindhoven, les Rouge et Blanc doivent absolument s’imposer pour décrocher le titre, tandis que Nantes ne va faire qu’une bouchée de l’OGC Nice ! Près de 9 000 supporters ont investi la petite enceinte du Stade Louis-II pour voir leur équipe renouer avec le succès, quinze ans après le doublé de 1963, le tout avec le même entraîneur aux commandes : Lucien Leduc !
Comme souvent, Delio Onnis montre la voie en marquant son 37e but de la saison (le 29e en D1) en plein coeur de la première période. Juste après la reprise, Bernard Gardon pense avoir mis les siens à l’abri en creusant l’écart (48e), mais la réduction du score de Johnny Rep à l’heure de jeu crispe tout le monde. Le stress s’empare du Stade Louis-II et le pénalty raté par Delio Onnis à dix minutes de la fin n’arrange rien. L’AS Monaco plie mais ne rompt pas. Tout le peuple rouge et blanc est prêt à bondir et après plusieurs fausses joies, dues à quelques coup de sifflets intempestifs de M. Konrath, les trois derniers d’entre-eux provoquent la liesse générale. La très large victoire nantaise contre Nice (6-1) n’aura eu aucun effet, l’AS Monaco a tenu bon pour devenir le dernier « promu champion » de l’histoire…
La feuille de match :
Championnat de France 1977-1978 – 38e journée de Division 1
AS Monaco 2-1 SC Bastia
Buts : Onnis (26e), Gardon (48e) pour Monaco – Rep (63e) pour Bastia
AS Monaco : Jean-Luc Ettori, Rolland Courbis, Bernard Gardon, Alfred Vitalis, Heriberto Correa, Alain Moizan, Jean-Pierre Chaussin, Jean Petit (cap), Raoul Noguès, Christian Dalger, Delio Onnis
Entraîneur : Lucien Leduc
SC Bastia : Pierrick Hiard, André Burkhard, Jean-Louis Cazes, André Guesdon, Paul Marchioni, Charles Orlanducci, Jean-François Larios, François Félix, Abdelkrim Merry Krimau, Johnny Rep, Jean-Marie De Zerbi
Entraîneur : Pierre Cahuzac