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U19 04 septembre 2020, 10:22

Gaël Givet : "Je ne me voyais pas faire autre chose que du foot"

Gaël Givet : "Je ne me voyais pas faire autre chose que du foot"
Munegu per tugiu ! Deuxième épisode de notre nouvelle série "Munegu per tugiu" sur les anciens joueurs de l'AS Monaco reconvertis au Club dans des rôles de formateurs, avec Gaël Givet, adjoint de Frédéric Barilaro pour les U19 Nationaux.

Né à Arles, Gaël Givet fait ses premières gammes dans le club de sa ville natale avant d’intégrer le centre de formation de l’AS Monaco, où il signe son premier contrat professionnel en 2001. Le défenseur passe sept saisons sur le Rocher avant de jouer pour Marseille, Blackburn, Arles-Avignon et Evian. En plus de sa carrière en club, Gaël Givet (12 sélections) est dans le groupe des 23 de Raymond Domenech pour la Coupe du Monde 2006, qui voit l’équipe de France battue en finale.

Revenu à l’été 2016 en Principauté, le fidèle compagnon de Sébastien Squillaci en défense centrale est désormais adjoint de Frédéric Barilaro chez les U19 Nationaux. Un coach qu’il a bien connu, puisqu’il l’a lui-même formé en tant que joueur. Avec une pointe de frustration liée au fait de ne pas avoir pu terminer une saison 2019-2020 qui était en très bonne voie, Gaël Givet revient sur l’après : de la préparation au premier match remporté 6-0. C’est au sein du nouveau bâtiment de l’Academy, la Diagonale, que l’ancien cadre de Didier Deschamps s’est confié sur son rôle de formateur.

Gaël, vous sortez d’une préparation un peu spéciale avec plusieurs mois d’arrêt suite au Covid-19. Comment s’est-elle passée, sachant que vous changez également de groupe chaque année ?

C’est vrai que l’on a été un peu frustré de cette fin de cette saison, nous le sommes surtout pour les joueurs qu’on avait l’an dernier qui étaient en train de faire un très bon parcours en championnat et en Coupe Gambardella. Ne pas avoir pu achever cette saison est une déception. Il y a ensuite eu ce long arrêt pour tout le monde. On a essayé de faire garder la forme à nos joueurs, qu’ils s’entretiennent, pour ne pas recommencer à zéro. Après, c’est vrai que cette année, 100% des joueurs qu’on avait l’an dernier sont montés avec la N2. C’est un grand changement mais on a pris notre temps pour la reprise.

C’est-à-dire ?

Les deux premières semaines se sont passées sur Monaco. On a démarré tranquillement au niveau technique avec des gammes et pas trop d’intensité au départ sur le plan physique. Ensuite, nous sommes partis en stage à Saint-Martin-Vésubie, l’intensité a augmenté et nous avons commencé à monter également le niveau physique, mais aussi notre notre niveau d’exigence vis-à-vis des joueurs. C’est monté crescendo pour être prêts pour le début du championnat.

Justement, c’était le week-end dernier et vous avez bien démarré avec une victoire 6-0. Comment as-tu vécu ce premier match aux côtés de Frédéric Barilaro ? Quelles sont tes impressions sur ce premier match ?

Nous avons un groupe très jeune, avec que des premières années ou des joueurs de 17 ans. On savait que Toulon était une équipe très costaud par expérience des années passées. Mais on savait aussi que nous avions bien travaillé, que l’on était prêts, et les joueurs ont montré qu’ils avaient envie de retrouver la compétition. On a répondu présent face à cette équipe qui venait avec des ambitions. Nous avons fait un bon match, c’est un bon départ, mais ce n’est qu’un match. Il faut continuer à travailler, avoir de l’humilité et ne pas s’enflammer. Le deuxième match est ce dimanche (à Pieve di Lota), il faudra montrer le même état d’esprit si l’on veut continuer à faire de bonnes choses.

Quand c’était mon coach, Fred était déjà quelqu’un que j’appréciais. Quand j’ai eu l’opportunité de travailler avec lui, sachant qu’il a une grande expérience, que c’est un passionné de football, qu’il vit football, qu’il a une grande connaissance au niveau du jeu, je n’ai pas hésité. C’est une chance pour moi de travailler à ses côtés.
Gaël Givet

Est-ce que c’est un plus de t’avoir toi, ancien joueur professionnel de l’AS Monaco, dans ce genre de match ou il faut pouvoir gérer et ne pas se voir trop beau trop tôt ?

Je suis avec Fred (Barilaro) qui a énormément d’expérience aussi, et même avec le préparateur, nous sommes garants de ça. On doit leur expliquer et leur faire comprendre que c’est tous les jours que ça se passe. Un jour où on fait bien les choses et un lendemain où on se relâche, ce n’est pas possible. S’ils veulent réussir au haut niveau et y durer, ils doivent tous les jours se donner au maximum. Au quotidien, il faut avoir une grande exigence avec soi-même et avec ses coéquipiers.

En préparation, Manu Dos Santos a beaucoup mis l’accent sur cette exigence, la mentalité, l’état d’esprit. C’est si important à cet âge là ?

Il y a eu une grosse évolution. Aujourd’hui, l’entourage est beaucoup plus présent, parfois de manière positive mais aussi de manière négative. Il faut gérer, mais c’est notre devoir d’y veiller. Dans le haut niveau, l’important, c’est de durer. Ce n’est pas de faire trois matchs et après, c’est terminé. C’est tous les jours que nous devons travailler et être exigent, il ne faut jamais se relâcher. C’est un message important à faire passer à tous les jeunes, notamment à ceux qui arrivent. Pour Manu (Dos Santos) c’est encore plus important car les joueurs arrivent en général de clubs où ils sont les stars. Ici, il y en a plus, l’institution AS Monaco est au-dessus de tout, et tout le monde travaille pour arriver un jour en équipe première.

On sait qu’il est difficile de se fixer des objectifs lorsque vous changez de groupe tous les ans. Vous en êtes-vous fixés tout de même avec Frédéric ?

Il n’y a aucun objectif de classement. Bien évidemment que l’on se prend au jeu, surtout pour les joueurs car c’est la carotte, mais nous voulons surtout un état d’esprit, que les joueurs travaillent bien, comprennent ce que l’on demande et que l’on constate une progression. Si certains se perdent parfois en route, on essaie de les rattraper. Nous avons un vrai objectif de travail avec une mentalité positive, une mentalité de manière à donner le meilleur à chaque fois.

L’objectif est donc de les accompagner vers une carrière de joueur professionnel…

On est en formation. Je le répète, mais bien évidemment qu’on se prend au jeu et qu’on veut avoir les meilleurs résultats. Moi, Fred, les joueurs, veulent gagner, mais ça c’est parce qu’on est compétiteur, et heureusement ! Il faut avoir cet état d’esprit de compétition car le haut niveau, c’est la compétition justement. Mais notre objectif au quotidien ce n’est pas les résultats, c’est de former des joueurs.

Parle-nous un petit peu de ton rôle aux côtés de Frédéric Barilaro, de la répartition des tâches.

Je m’entends très bien avec Fred. On a un peu près la même vision du foot et de la vie aussi. Nous ne sommes pas des grands bavards. Lui supervise un peu le tout et moi j’essaie d’être un peu plus proche des joueurs, de voir s’il y a des problèmes. S’il y en a, parfois je lui en parle, parfois non, mais c’est vrai que j’essaie d’être un peu le lien avec les joueurs. Après, Fred a tellement une grande expérience que les rôles se font naturellement. En début de saison, nous avons chacun pris des groupes différents parmi nos joueurs pour travailler des choses différentes, puis nous avons échangé ensuite. Il me demande des conseils sur ce que je vois ou je lui dis spontanément. Parfois, je lui dis que j’ai vu quelque chose, et en fonction de ce que je lui dis, il peut agir. Nous travaillons vraiment en transparence totale.

Ça doit être spécial de travailler avec celui qui t’a formé à l’AS Monaco…

Quand c’était mon coach, Fred était déjà quelqu’un que j’appréciais. Quand j’ai eu l’opportunité de travailler avec lui, sachant qu’il a une grande expérience, que c’est un grand passionné de football parce qu’il vit football, il a une grande connaissance au niveau du jeu, je n’ai pas hésité. C’est une chance pour moi de travailler à ses côtés.

Trouves-tu important que le Club donne justement une chance à ses anciens joueurs de pouvoir s’impliquer dans la formation et promouvoir l’Academy de l’AS Monaco ?

Je pense que c’est bien d’avoir des anciens joueurs dans tous les clubs, mais il faut avoir des anciens joueurs qui travaillent, qui sont là pour bosser et apporter quelque chose. Il ne faut pas avoir des anciens joueurs juste pour le nom, et qui ne bossent pas, ça n’apporte pas grand chose et c’est même contre-productif. Mais pour l’identité, c’est important, pour rappeler qu’avant, il s’est passé des choses. Avant que Toto (Squillaci), moi, ou même Manu jouions ici, il y a eu des grands joueurs, des grands résultats. Cela permet de rappeler que l’AS Monaco est un grand club français et qu’il faut respecter cela. Il n’y a pas de roi, il faut rester calme, travailler, et faire le maximum pour jouer.

Sébastien Squillaci nous parlait la semaine dernière des nouvelles générations. Est-ce difficile de s’y adapter, comment appréhendes-tu ce changement ?

C’est difficile pour moi de dire ça, mais j’ai l’impression parfois d’être un vieux con. Il y a une évolution qui ne me plait pas forcément, mais il faut s’adapter c’est comme ça. Peut-être que petit à petit on ira trop loin et on se rendra compte qu’on dépasse un peu les bornes, mais au niveau des valeurs et de plein de choses, je pense que l’on prend une direction un peu compliquée. Encore une fois il faut s’adapter, faire avec, trouver un juste milieu, et faire comprendre aux jeunes qu’il y a des choses à respecter mais aussi s’assouplir un peu.

Avoir des installations comme ça, c’est incroyable. Il n’y a plus d’excuse, les joueurs sont mis dans les meilleures conditions et n’ont plus qu’à penser une chose : jouer au football. Ils peuvent bien se préparer, ont les docteurs, peuvent recevoir des soins. Il y a tout ce qu’il faut et c’est vraiment top. Nous ne pouvons pas rêver mieux.
Gaël Givet

D’où l’importance de travailler au niveau de la mentalité, de l’état d’esprit ?

Les qualités du joueur bien évidemment qu’il faut les travailler, c’est important. Mais c’est primordial d’avoir une bonne mentalité, un bon état d’esprit. Si on l’a, que l’on est travailleur, respectueux, humble, on progressera toujours. Peut-être que certains joueurs ayant moins de qualités vont davantage réussir que certains qui sont moins travailleurs mais avec plus de qualités intrinsèques. On a vu plein d’exemples comme ça. Et puis si on a la chance d’avoir le joueur qui a de grandes qualités et qui comprend que s’il travaille tous les jours il y arrivera, on sait qu’on a un futur top joueur.

Penses-tu que les joueurs savent qui vous êtes, Sébastien Squillaci, Manu Dos Santos et toi ?

Nous ne sommes pas là avec une pancarte pour leur dire. Honnêtement, je ne sais pas, mais je pense qu’ils doivent taper sur internet et regarder. Mais je ne sais pas, parce que je n’en parle pas avec eux. Je ne suis pas là pour leur dire que j’ai fait ci ou ça, je suis là pour essayer de leur faire comprendre ce qu’est le haut niveau et ce qu’il faut faire pour y arriver.

Cela doit être spécial d’être avec Sébastien Squillaci, ton ancien partenaire de charnière centrale, de retour à la formation…

Surtout que l’on est très proches avec Seb, on s’entend très bien. Nous sommes contents d’être dans notre club, celui où l’on a grandi et fait nos premières armes. C’est un beau clin d’œil. On discute des joueurs, car l’an dernier on avait le groupe qu’il a cette année en National 2. Lui avait le groupe des U17 avant, donc il y a plein d’interactions. Nous aimons bien discuter des matchs, des joueurs, des entraînements. C’est cool.

Ce nouveau bâtiment de la Diagonale, ou encore le nouveau centre d’entraînement de La Turbie qui arrive, montrent bien les ambitions du club qui excelle depuis longtemps en formation, et qui souhaite le rester…

Avoir des installations comme ça, c’est incroyable. Il n’y a plus d’excuses, les joueurs sont mis dans les meilleures conditions et n’ont plus qu’à penser à une chose : jouer au football et s’entraîner comme il faut. Ils peuvent bien se préparer, ont les docteurs, peuvent recevoir des soins. Il y a tout ce qu’il faut ici et c’est vraiment top. Nous ne pouvons pas rêver mieux.

Enfin, pour finir, comment est venue cette idée d’entraîneur ?

C’est venu naturellement. J’aime trop le foot, donc je ne me voyais pas faire autre chose que du foot. Et j’aime le terrain. Ce que je veux, c’est être sur le terrain, car c’est là où je me sens bien. Directeur sportif, par exemple, c’est moins mon truc car il faut un peu plus être en contact avec les gens, alors qu’être dans un vestiaire et avec des joueurs sur un terrain, c’est quelque chose que j’adore. J’ai commencé à passer mes diplômes et je veux continuer.

Avec quels objectifs personnels ?

Aller au bout et passer le DEPF. Il y a le formateur aussi que je souhaite passer. On verra comment ça évolue mais il ne faut pas aller trop vite, prendre son temps, regarder comment ça se passe, apprendre, et avoir de l’humilité. Des gens ont plus d’expérience, il faut prendre de chacun et mettre sa touche personnelle, ça c’est certain, mais il faut être patient.