Gaël Givet : "Le derby, un match important pour les supporters"
Après Manu Dos Santos hier, c’est au tour de Gaël Givet de nous livrer ses souvenirs de derby à trois jours du 99e affrontement en première division entre Aiglons et Monégasques. Au cours de sa longue carrière, l’ancien défenseur central, qui est aujourd’hui l’adjoint de Frédéric Barilaro chez les U19, a participé à huit duels entre l’AS Monaco et l’OGC Nice. Souvenirs de derby avec Gaël Givet ! Interview.
Gaël, si je te dis derby ?
Ce sont des souvenirs qui remontent à très longtemps (sourire). J’ai quelques moments qui me reviennent quand même, comme par exemple le dernier que j’ai joué à la maison en championnat (le 4 novembre 2006, ndlr). Il y a 0-0 et je concède un penalty, mais Flavio Roma l’arrête. Je me souviens aussi de celui que l’on a gagné à Nice avec des buts de Dado Prso et Ludovic Giuly (le 30 avril 2004, ndlr). Toujours là-bas, je me souviens d’un match où l’on prend une frappe d’Ederson de 40m (le 26 février 2005, ndlr). Enfin, il y en a aussi un autre qui me revient, où l’on fait match nul car Toto Squillaci fait main dans les dernières minutes (le 21 janvier 2004, ndlr).
Et s’il y en a un qui marque un peu plus que d’autres ?
C’est forcément celui que l’on a gagné 2-1. C’est un bon souvenir. Gagner les derbys, ça fait toujours plaisir, car nous savons que c’est un match important pour les supporters. Après, celui où je fais une grosse faute et concède le penalty dans les ultimes minutes, est marquant aussi. Flavio Roma nous sauve et ça aurait vraiment pu être une catastrophe pour moi. J’étais soulagé, car perdre le derby et être fautif, ça m’aurait fait mal.
Qu’était-il arrivé à Victor Agali le 2 octobre 2004 ?
L’attaquant niçois avait fait le match de sa vie. Je ne pense pas qu’il ait ensuite marqué beaucoup de buts dans la saison. Nous menons 3-0 à la pause, et derrière, ils reviennent à 3-1 puis 3-2. Je sors juste après, car Patrice Evra me met un ballon dans la tête en voulant dégager la balle. C’était une mésentente entre lui et moi qui a ensuite rendu mes souvenirs de la fin de match assez flous, car j’étais sonné.
Nous évoquions aussi hier avec Manu Dos Santos un autre match qui n’avait pas tourné en votre faveur, le 7 février 2006, en demi-finale de Coupe de la Ligue.
Dans les buts niçois, Hugo Lloris était au tout début de sa carrière. Il avait fait un match de fou car nous avions dominé et eu beaucoup d’occasions. J’ai vraiment le souvenir de voir celui qui est devenu international français aujourd’hui faire beaucoup d’arrêts. Et nous avions été punis. On s’est souvent fait avoir comme ça dans les derbys. Ce n’est pas un bon souvenir car ça nous a empêché d’aller au Stade de France. Nous avions manqué de réalisme.
Comment on se sent après ce type de défaite ?
C’est vraiment compliqué. Ce sont des derbys, donc dans la vie de tous les jours, on croisait forcément des gens sur Monaco qui étaient supporters de l’OGCN, donc on se faisait un peu chambrer, même si c’est vrai qu’à l’époque, il n’y avait pas les réseaux sociaux et que c’était ainsi moins fort qu’aujourd’hui. Être devant à 3-0 et perdre 4-3, ça n’arrive qu’une fois dans sa vie. Malheureusement, c’était contre nous, et pour les supporters on savait que c’était un moment important. On se sent un peu honteux et humilié de perdre de cette manière là. C’est déjà compliqué dans un match normal, mais dans un derby, ça fait encore plus mal.
Est-ce que, lorsque l’on porte les couleurs d’un autre club, l’opposition face au Gym a toujours une saveur particulière ?
Si je reste sur mon époque à l’AS Monaco, Nice, c’était toujours un gros rendez-vous. On cochait immédiatement la date sur le calendrier, que ce soit le match au Stade Louis-II ou au Stade du Ray, qui était d’ailleurs un stade qui avait une énorme ferveur et toujours une grosse ambiance.
Lorsque l’on est formé à l’AS Monaco, quel regard porte-on sur l’OGC Nice ?
Nice était un club avec des valeurs qui me parlaient. Il y avait des joueurs avec un fort tempérament comme Cyril Rool, Florent Balmont, Sammy Traoré, Cédric Varrault ou encore Pancho Abardonado. Je me reconnaissais dans ce genre de clubs, mais je ne me voyais pas pour autant être transféré là-bas juste après avoir joué pour l’AS Monaco.
Est-ce que tu as une anecdote à raconter à nos lecteurs, une histoire de derby dont tu te rappelles ?
Si je fouille dans ma boîte à souvenirs, je me rappelle d’un derby où ça avait chauffé en fin de partie entre Julien Rodriguez et Sammy Traoré qui avaient tous les deux pris un carton rouge. Quelques jours plus tard, on s’est retrouvé dans une soirée avec quelques joueurs niçois, et voir ces deux joueurs-là bras dessus, bras dessous et chanter ensemble, c’était drôle. Avec les Niçois, il y avait une vraie rivalité sur le terrain, mais ça n’empêchait pas qu’à côté, on pouvait être amis et bien s’entendre.
Si l’on parle maintenant au présent. Vous avez remporté 4-3 il y a quelques semaines le derby face à l’OGC Nice avec les U19. Ca a aussi une saveur particulière, de gagner face au Gym en tant qu’entraîneur ?
Pour l’AS Monaco comme pour Nice, c’est un match très important qu’il faut gagner. Si l’on parle de ce dernier match, ce n’était vraiment pas notre meilleure prestation de la saison et je ne pense pas forcément que l’on méritait de le gagner. Nous avions été menés 1-0 puis 2-1, donc nous avions eu le mérite de ne jamais renoncer et d’aller nous créer des occasions pour finalement gagner 4-3. En tant que formateur, on ne peut pas se contenter du résultat final, même si c’est vrai que ça reste une victoire dans un derby et que c’est une notion qu’on doit leur inculquer.
Comment faîtes-vous justement pour transmettre cette notion de derby à vos jeunes, que ce soit toi ou Frédéric Barilaro ?
On leur parle de ce que ce match représente pour le Club, pour les supporters. Il y a une vraie histoire entre les deux clubs et une rivalité au niveau sportif. Les derbys sont des rencontres où il y a un peu plus d’intensité, de duels et qu’il faut en mettre un peu plus. Si certains joueurs sont plus dans la gestion ou dans la réflexion, même si ça ne devrait pas, on leur dit bien que sur ce type de match, il ne faut pas se relâcher un instant et tout donner jusqu’à la dernière seconde.