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Médias 27 décembre 2021, 16:01

Didier Roustan : "J’ai débarqué en hélicoptère au centre d'entraînement pour Téléfoot"

Didier Roustan : "J’ai débarqué en hélicoptère au centre d'entraînement pour Téléfoot"
Ils vous font vivre les matchs comme si vous y étiez. Pendant les fêtes de fin d’année, asmonaco.com vous propose une série d’entretiens avec les grands témoins des médias, qui ont des souvenirs marquants avec les Rouge et Blanc. Aujourd’hui, rencontre avec Didier Roustan.

Il a fait ses débuts dans la mythique émission Téléfoot sur TF1. Arrivé au sein du service des sports de la première chaîne tricolore en 1976, il présente le programme phare du dimanche matin dès 1984. Précurseur dans le tournage de reportages originaux, il montre le football sous un autre angle. Passé depuis par Canal+, France Télévisions, avant de rejoindre L’Équipe TV en 1999, Didier Roustan est un des visages les plus connus du paysage footballistique dans les médias. Rencontre avec un amoureux du beau football, cannois d’origine et passionné par l’Argentine et aujourd’hui président d’honneur de « L’Équipe du Soir ».

Bonjour Didier. Tout d’abord, racontez-nous cet épisode complètement fou de Téléfoot, lorsque vous débarquez au centre d’entraînement en hélicoptère…

On est en 1987-1988, et je fais un Téléfoot spécial AS Monaco, l’année du titre de champion de France. J’ai déjà fait quelques entretiens avant, et il faut juste que je conclus l’émission. Et comme ils ont entraînement, je me dis que je vais faire un tour à La Turbie sur la pelouse, où il y a Arsène Wenger et le président Jean-Louis Campora qui m’attendent. Je descends de l’hélicoptère, je fais mon plateau, et ensuite je remonte dedans pour le générique de fin. C’était un truc express, à la James Bond. C’est l’attachée de presse de l’époque qui avait arrangé tout ça. Dans la foulée, je devais prendre l’avion pour l’Angleterre ou l’Espagne et même si l’hélico fait mine d’aller à l’héliport, il m’amène en fait à l’aéroport de Nice Côte d’Azur.

C’était un moment spécial, dont vous étiez coutumier à l’époque ?

J’étais très pote avec Arsène, donc il fallait juste qu’il soit ok pour interrompre l’entraînement. Téléfoot était entre 11h30 et 12h30, donc c’était la fin de la séance. Les choses étaient un peu plus simples avant (il sourit). Mais c’est vrai que j’aimais bien faire des choses qui sortaient de l’ordinaire.

Arsène Wenger a permis à l’AS Monaco de prendre le bon wagon, et de devenir une équipe européenne. Il a lancé et fait venir des joueurs exceptionnels. Quand on pense à George Weah notamment. Avec Henri Biancheri, ils avaient professionnalisé le recrutement.
Didier RoustanJournaliste sportif sur la chaîne L'Équipe

Parlez-nous d’Arsène Wenger justement…

Il a permis à l’AS Monaco de prendre le bon wagon, et de devenir une équipe européenne. Il a lancé et fait venir des joueurs exceptionnels. Quand on pense à George Weah notamment. Avec Henri Biancheri, ils avaient professionnalisé le recrutement. Et puis il y avait le président Jean-Louis Campora, qui a fait partie de cette génération de grands dirigeants avec les Claude Bez, Bernard Tapie… J’avais des rapports cordiaux avec lui, même s’il y avait un grand écart d’âge entre nous. J’avais plus de complicité avec les joueurs et avec Arsène.

Avez-vous eu l’occasion de commenter l’AS Monaco à la télévision ?

Je me souviens avoir couvert la finale de Coupe de France que l’AS Monaco perd 2-0 contre Metz en 1984. Je suis au stade légalement l’année de la victoire au Parc des Princes contre l’Olympique de Marseille avec un but de Gérald Passi à une minute de la fin. Mais je ne me souviens pas si je l’ai commenté. Ensuite en coupe d’Europe j’ai souvent suivi l’équipe.

Certains matchs vous ont-ils marqué ?

Pour moi, Monaco c’est une vieille histoire. Je suis Cannois, né à Brazzaville et arrivé à Cannes à l’âge de 3 ans. Je suis resté jusqu’à 18 ans, avant de monter à Paris pour travailler à la télévision. Mon club était l’AS Cannes, où j’ai même joué en jeunes, mais il était en deuxième division. Donc très jeune, dès que je pouvais aller voir des matchs de première division, j’allais soit à Nice, soit à Monaco en train avec les copains. Donc je n’ai pas attendu mon arrivée à TF1 en 1976 pour voir des matchs de l’AS Monaco. Je me souviens de l’arrivée d’Omar Pastoriza au début des années 70 (1972-1976). Je garde également en mémoire un match de barrage contre Angoulême en 1970. Je n’avais que 12 ans. Et de mémoire, les visiteurs mènent 1-0 avec un but d’Edom, et Bora Milutinović frappe la barre transversale pour l’ASM. J’ai connu le club dans ces années.

Un autre évènement vous revient-il en tête ?

Je me rappelle que j’étais en studio le jour du 9-0 contre Bordeaux dans le nouveau Stade Louis-II. J’ai l’image également du match du titre en 1982 avec le but d’Umberto Barberis contre Strasbourg sur corner. Je me souviens aussi malheureusement de la défaite en coupe d’Europe contre Malmö avec leur défense en ligne en 1977-1978. J’ai connu plusieurs générations de joueurs, donc il y a des tas de matchs qui me reviennent.

Avez-vous tissé des liens avec joueurs/entraîneurs durant ces années ?

Je suis resté de 1976 à 1989 chez TF1, et toutes les deux semaines durant cette période, je venais presque systématiquement couvrir les matchs au Stade Louis-II. J’étais toujours fourré là-bas, et j’ai donc connu l’AS Monaco de Lucien Leduc, de Gérard Banide, d’Arsène Wenger. Et puis j’étais très pote avec les joueurs : Courbis, Onnis, Dalger, Emon… D’ailleurs je me souviens qu’il y avait un café juste à côté du stade, où on se retrouvait. C’était vraiment très chaleureux, très familial ! Depuis évidemment le football a changé. Même si c’était une équipe prestigieuse qui jouait le haut de tableau, l’ambiance a toujours été très familiale à Monaco. J’en garde de très bons souvenirs et beaucoup de copains.

Delio Onnis était un joueur de surface, comme l’était Carlos Bianchi. Mais il participait au jeu, car il était très technique et très malin. On pouvait s’appuyer sur lui dos au but, car il protégeait bien la balle.
Didier RoustanJournaliste sportif sur la chaîne L'Équipe

En tant qu’amoureux du football argentin, parlez-nous de Delio Onnis

C’était un joueur de surface, comme l’était Carlos Bianchi. Mais il participait au jeu, car il était très technique et très malin. On pouvait s’appuyer sur lui dos au but, car il protégeait bien la balle. Il pratiquait le jeu court. Il était très marrant avec ses bas baissés, avec ses pieds à 10h10, voûté comme il l’était. Cela fait partie des grands avant-centres argentins qu’on pouvait trouver à une certaine époque.

D’autres joueurs ont-ils eu grâce à vos yeux ?

Dans les années 90, j’étais au syndicat mondial des joueurs, donc je suivais un petit peu moins l’AS Monaco. Même si j’ai beaucoup aimé la période d’Arsène Wenger et cette équipe emmenée par le duo Mark Hateley – Glenn Hoddle. Je parle plus des générations des Jean-Luc Ettori, Rolland Courbis, Christian Dalger, Delio Onnis, Alain Moizan, Didier Christophe. Et puis de cette génération de joueurs formés au club, comme Bruno Bellone, Manuel Amoros, Dominique Bijotat et Claude Puel notamment. Ensuite quand j’ai quitté TF1 en 1989, je continuais à les suivre et à voir quelques matchs au Stade Louis-II, mais beaucoup moins.

L’AS Monaco a formé des générations de joueurs magnifiques…

J’ai oublié Jeannot Petit dans les deux premières générations. Manu Petit plus tard dans les années 90, après Bijotat-Puel. D’ailleurs quand on regarde la génération 1998, il y a donc Petit, Thuram, Henry, Trezeguet, Djorkaeff et Barthez qui viennent de Monaco ont y ont joué. C’est quand même pas rien !

Pour revenir à l’Argentine, un pays qui vous est cher, que pouvez-vous nous dire du lien entre River Plate et l’AS Monaco ?

Déjà River Plate est un club riche, car on les appelle les « Millonarios », et Monaco est réputé pour être un endroit où vivent des gens riches. Mais il y a aussi la qualité de jeu. Boca Junior c’est plutôt le cœur, la folie, dans une sorte de furia. Alors que River Plate est réputé pour sa qualité de jeu. C’est Marcelo Gallardo, Pablo Aimar, Pablo Ortega… En cela il y aussi une similitude avec l’AS Monaco. En plus de la ressemblance des maillots des deux clubs, avec cette fameuse diagonale, rouge sur fond blanc pour River, et rouge et blanche pour le club de la Principauté.

Justement, en tant qu’amoureux de maillots, celui de l’AS Monaco est très spécial !

C’est l’un des plus beaux maillots de Ligue 1 et du Monde en général, comme celui de River Plate et du Pérou, qui se ressemblent beaucoup avec cette diagonale dont on a parlé. Ça rajoute quelque chose en plus à la beauté du site et à l’histoire de ce club. S’il avait été moche, peut-être que l’on serait moins marqué par l’AS Monaco.

Quand j’ai fait un reportage sur Bruno Bellone, je l’ai surnommé Lucky Luke, parce qu’il armait très vite pour frapper, donc je disais qu’il frappait plus vite que son ombre. Du coup je l’avais habillé en Lucky Luke après, et je lui avais fait faire un jeu avec le ballon. C’est resté par la suite ce surnom.
Didier RoustanJournaliste sportif sur la chaîne L'Équipe

Parlez-nous du Stade Louis-II…

Je me rappelle surtout du premier, avec la tribune honneur qui était très basse, ce qui faisait que l’on voyait la mer depuis la tribune présidentielle. Il y avait sur le gauche le zoo, avec l’éléphant qui venait de temps en temps voir les matchs. Il était là en-haut des rochers, car le zoo était en pointe. Parfois il était présent, et une fois j’ai même fait un reportage où je le faisais parler. Il avait un nom d’ailleurs. Comme il bougeait la tête, j’en profitais pour poser une question où il devait répondre non. C’est très particulier ! J’ai fait des centaines de stades dans le monde, mais il n’y en a aucun où un éléphant regarde le match et où il y a la mer juste derrière.

Pour finir, avez-vous une anecdote en tête à nous raconter ?

Quand j’ai fait un reportage sur Bruno Bellone, je l’ai surnommé Lucky Luke, parce qu’il armait très vite pour frapper, donc je disais qu’il frappait plus vite que son ombre. Du coup je l’avais habillé en Lucky Luke après, et je lui avais fait faire un jeu avec le ballon. C’est resté par la suite ce surnom. Je pense qu’à la télé française, en matière de sport en général, j’ai un peu marqué les esprits à l’époque avec mes reportages qui étaient assez originaux pour l’époque. Même dans le langage, c’était différent de ce qu’on voyait avant.