Delio Onnis : "Signer à l'AS Monaco, la meilleure décision de ma vie"
C’est une légende. Meilleur buteur de l’AS Monaco mais aussi de l’histoire du championnat de France avec 299 réalisations, Delio Onnis a récemment été élu meilleur joueur de l’histoire du championnat par le magazine So Foot. Passé par le Club entre 1973 et 1980, l’attaquant s’était livré sans détours en novembre dernier. Entre anecdotes, souvenirs, son entente avec Lucien Leduc ou encore le titre de champion de France 1978, retour sur cet entretien avec l’homme aux 223 buts sous le maillot rouge et blanc. Rencontre 🎙️
Bonjour Delio, vous avez été élu meilleur joueur de l’histoire de la Ligue 1 par So Foot, c’est une fierté pour vous ?
C’est plus qu’une fierté, mais je suis reconnaissant envers les gens qui m’ont aidé à arriver à cette première place. Mes ex coéquipiers que ce soit à Reims, Monaco, Tours ou Toulon. Je ne veux citer personne parce que j’ai peur d’en oublier. On faisait tous équipe, je remercie tout le monde. Bien évidemment, je remercie aussi ma famille.
𝐃𝐞𝐥𝐢𝐨 𝐎𝐧𝐧𝐢𝐬 sacré meilleur joueur de l'histoire du championnat par @sofoot 👑
Bravo 𝗹𝗲 𝗿𝗲𝗻𝗮𝗿𝗱 🔝
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) November 18, 2022
Vous avez inscrit 299 buts en championnat, il y a bien un petit secret non ?
Eh non, il n’y a pas de secret ! C’était plus une façon de jouer, de profiter sur le terrain, et de profiter du travail de mes coéquipiers. Le secret, c’est bien sûr le travail tout au long de la semaine. Il faut aussi un peu de chance pour arriver à conclure une action. J’étais assez adroit, même si j’ai manqué beaucoup d’occasions !
Heureusement pour moi, j’en ai converti 299 d’entre elles (rires). Mais un jour, je suis persuadé que mon record tombera. Par exemple, je pense qu’un garçon comme Kylian Mbappé, s’il reste en Ligue 1, me battra facilement.
En attendant, cela fait plus de 36 ans que votre record tient. Êtes-vous surpris ?
36 ans, c’est presque la moitié de ma vie, vous imaginez ? Non, sincèrement je n’y ai pas trop réfléchi, même s’il y a des jours où ça m’arrive d’y penser encore ! À une certaine période, beaucoup d’attaquants, comme Thierry Henry ou David Trezeguet, partaient à l’étranger.
Aujourd’hui, j’ai l’impression que les joueurs passent plus de temps en Ligue 1 et que mon record a de plus en plus de chances de tomber. Mais si à terme, les meilleurs joueurs continuent de quitter la France à un moment clé de leur carrière, ça va durer longtemps mon histoire (rires).
Justement, qui sont les meilleurs joueurs avec qui vous avez évolué à Monaco et ailleurs ?
C’est une question méchante ! (rires) Je vais malgré tout donner quelques uns de mes pourvoyeurs favoris, même si honnêtement, il y a en a eu pas mal. Je vais commencer par Reims où j’ai évolué entre 1971 et 1973. Là-bas, les frères Lech (Bernard et Georges, ndlr) me mettaient des les meilleures situations. Sinon, à l’AS Monaco, Albert Emon, Omar Pastoriza, Jean Petit, et mon bras droit, l’éternel Christian Dalger me régalaient à chaque match ou presque.
Christian, c’est une excellente personne, j’ai joué neuf ans avec lui (sept à Monaco, deux à Toulon, ndlr). C’est une fraternité comme je n’ai jamais eue dans le football. Je ne l’oublierai pas même si la vie nous a éloignés.
Quelles étaient selon vous, vos principales qualités devant le but ?
C’est une question très, très difficile, il faut la poser à mes ex coéquipiers ! Je n’aime pas parler de moi. Mais bon, je dirais que j’avais le sang très froid dans les endroits très chauds, ça faisait la différence. Ce qui me rend heureux, encore plus que le titre de meilleur buteur, c’est la moyenne de buts marqués par rapport au nombre de matchs joués.
J’aime aussi rappeler que, peu importe le club, Reims, l’AS Monaco, Tours ou Toulon, j’ai à chaque fois signé lorsque le club venait d’être promu en Division 1. Je jouais avec une bande de copains, pas avec des Messi ou Neymar. J’attache énormément d’importance à ça, car cela donne encore plus de valeur à mon record.
Pourquoi avoir signé à l’AS Monaco en 1973 ?
J’étais à Reims, mais à l’époque, chaque club ne pouvait compter que trois étrangers dans ses rangs. Là-bas, nous étions quatre, ce qui posait problème. Un jour, l’AS Monaco qui était promu et ne faisait pas un bon début de saison, m’a proposé de venir. Sincèrement, avec du recul, je crois que c’est la meilleure décision de ma vie.
Je suis resté ici sept ans, mes trois enfants sont nés à Monaco, j’ai eu la chance de connaitre S.A.S le Prince Albert II, et toute la famille monégasque dont je suis même devenu proche. Et j’adore Monaco à tel point que j’y vis encore aujourd’hui !
Racontez-nous la saison 1977-1978 lorsque vous terminez champion…
Nous étions descendus en 1975-1976, et l’année d’après nous arrivons à remonter immédiatement. En 1977-1978, nous sommes champions de suite. C’était inimaginable, extraordinaire. C’était ma plus belle saison à l’AS Monaco, de loin. Lors de ma dernière année au Club, en 1980, je me blesse à Lyon. C’était dur parce que j’avais marqué 15 buts en 19 matchs, j’étais lancé. Malgré tout, nous avons gagné la Coupe de France cette année là.
Puis j’ai signé à Tours, où même à 32 ans j’ai continué à empiler les buts. Avec Jean-Louis Campora, nous n’étions pas toujours d’accord, ce qui a en partie provoqué mon départ, mais avec le temps, je me suis rendu compte que c’était le meilleur Président de l’AS Monaco, et de loin !
D’ailleurs, quelles étaient vos relations avec votre entraîneur Lucien Leduc au cours de la saison ?
J’avais de très très bonnes relations avec lui. C’était comme un père de famille pour nous, il s’occupait même de nos enfants et de nos femmes. Quand nous avions quelques jours de repos, nous allions à la neige tous ensemble. Mais c’était une autre époque. Il n’y avait aucun problème cette saison-là, même si nous n’étions pas d’accord avec une décision tactique.
Suivez-vous encore l’AS Monaco ?
Bien sûr, et même le football en général, c’est ma vie. Pour tout vous dire, j’aimerais aider l’AS Monaco, parce que je connais très bien le football argentin, alors pourquoi pas faire partie du recrutement monégasque en Argentine ? (rires)
Pour terminer, avez-vous un petit mot pour les supporters de l’AS Monaco ?
C’est plus qu’un petit mot. Ils ne m’oublient pas, parce que quand je me balade, ils me reconnaissent, ils savent à quel point je les aime. Je n’oublierai jamais les chants en mon honneur. « Deeeeelio, Deeeeelio ». Mes respects à tous les supporters de l’AS Monaco.