Delio Onnis : "La disparition de Diego m’a fait beaucoup de mal"
Quand une idole raconte une légende. Ce mercredi 25 novembre, la planète football a eu la douleur d’apprendre le décès de Diego Maradona, à l’âge de 60 ans. Personnage controversé mais avant tout footballeur de génie, probablement le plus grand de l’histoire du ballon rond, « El Pibe de Oro » a été pleuré par le monde entier depuis ce jour noir.
Un point commun, Gimnasia La Plata
Alors qu’un hommage lui sera dédié ce week-end en Ligue 1, son compatriote argentin Delio Onnis, meilleur buteur de l’histoire de l’AS Monaco (223 buts) et de la première division (299 buts), a accepté d’évoquer sa mémoire. S’il ne cache pas ses divergences d’opinion avec l’homme, il reconnaît volontiers qu’il a ressenti une grande tristesse à l’annonce de la disparition de Diego Maradona. Entretien avec celui qui a joué dans le dernier club qu' »El Diez » a eu l’opportunité d’entraîner (Gimnasia La Plata).
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Bonjour Delio. Comment avez-vous vécu l’annonce du décès de Diego Maradona ?
Sa disparition m’a beaucoup marqué, vraiment. Même si j’ai un sentiment partagé le concernant. Car nous sommes des joueurs de football, mais aussi des hommes. Diego Maradona, le joueur de football, m’a enchanté toute sa carrière. Qui peut dire le contraire? Mais comme personne, il m’a beaucoup déçu. Malheureusement c’est la vie, c’est comme ça. Il reste néanmoins un joueur exceptionnel, le meilleur joueur de tous les temps et de loin.
Que regrettez-vous chez lui ?
Quand je dis que je suis déçu par la personne, je veux dire qu’il a eu un gros problème avec son addiction à la drogue, et il faut reconnaître que cela a changé la personne. Il n’était pas du tout comme ça quand il était gamin. C’était un personnage magnifique, il rigolait, il s’amusait, il était super. Malheureusement lorsqu’il est tombé dans la drogue, c’était fini et il est devenu ce qu’il était.
Ramon Diaz, un autre grand joueur argentin que vous avez connu a joué en sélection avec Diego Maradona…
Oui et d’ailleurs je me souviens qu’ils ne pouvaient pas se voir. En Argentine, tout le monde le sait ça, ils ne s’aimaient pas beaucoup. Ramon jouait en pointe et Diego était meneur de jeu (ils ont disputé 14 matchs ensemble en sélection, ndlr), mais je sais que ce n’était pas l’amour fou entre les deux.
Malgré tout vous dites que sa disparition vous a touchée ?
Oui, et je ne pensais pas que j’allais réagir comme ça. Quand j’ai appris qu’il était décédé, malgré les énormes divergences d’opinion que l’on pouvait avoir ensemble au niveau idéologique et politique notamment, je ne pensais pas que ça allait me faire mal. Je l’ai dit à mes amis et à mes enfants, sa mort m’a fait beaucoup de mal. J’ai beaucoup pleuré. Je ne pensais vraiment pas que ça allait me faire cet effet, par rapport à nos différences. Mais le joueur de football exceptionnel qu’il a été restera au-dessus de la personne qui a dérivé ensuite.
Pour en revenir à vous, vous avez ouvert la voie aux joueurs sud-américains à l’AS Monaco à l’époque. C’est une fierté d’être devenu une légende du club ?
Absolument. Même si je n’attache pas beaucoup d’importance aux records, je suis surtout fier pour mes enfants. C’est un cadeau de la vie que je leur ai fait. C’est très sincère. Mais pour avoir offert ce cadeau à mes enfants, je dois remercier tous les joueurs qui ont joué autour de moi, et qui ont fait que j’ai eu cette réussite. Ils m’ont aidé à atteindre ces records. Sans eux, je n’aurais rien pu faire. Pelé, Maradona, Cruyff, Zidane… eux ils pouvaient faire les choses seuls. Mais nous, nous avions besoin que nos coéquipiers nous aident. Je veux vraiment remercier tous les joueurs avec qui j’ai joué à Monaco et Toulon notamment, et qui m’ont permis de faire tout ça.
Êtes-vous toujours en contact avec certains ?
C’est difficile car la vie passe et on s’éloigne petit à petit. Mais comme j’habite encore à Monaco, cela m’arrive d’en croiser certains. J’ai souvent des nouvelles de Jeannot (Jean Petit, ndlr), Michel Rouquette et même Rolland Courbis. Concernant les autres, c’est vrai qu’on se voit moins, on est très dispersés, mais c’est la vie, c’est comme ça.
Avez-vous conscience d’avoir marqué une des plus belles pages de l’histoire du club ?
Bien sûr que j’ai conscience de ce que l’on a fait. Ce club-là, c’est le club de ma vie. D’ailleurs, j’ai un message pour les supporters Rouge et Blanc. Ils m’ont toujours témoigné beaucoup d’amour, et je veux les remercier pour ça.