Damien Perrinelle : "Confronter le Groupe Elite à ce qui se fait de mieux en Europe"
Il est le visage du nouveau projet de l’AS Monaco, le Groupe Elite ! Ancien membre du staff des pros, Damien Perrinelle est aujourd’hui à la tête de la réserve rouge et blanche, qui va se frotter cette saison à de très belles formations européennes.
Des chocs face à des clubs de Premier League
Manchester United, Arsenal, Valence, Sporting Portugal… L’ancien défenseur central des New York Red Bulls notamment, veut ainsi amener les jeunes talents monégasques vers le haut niveau. C’est ce qu’il nous avait expliqué avant la réception des Danois de Nordsjælland au Centre de Performance. Retour sur cet entretien avant le début de la Al Abtal Cup. Interview.
Bonjour Damien. Tout d’abord, comment te sens-tu dans ce nouveau rôle de coach ?
Cette décision de prendre en main le Groupe Elite est venue assez naturellement finalement, après la sollicitation du Club. Pour moi c’était la suite logique de ma progression et de mon développement. Tout s’est enchaîné, avec un peu d’appréhension au début, forcément. Mais très vite je me suis senti à l’aise, et aujourd’hui j’ai la certitude que c’était la bonne direction à prendre. Sincèrement, depuis deux mois cela représente beaucoup d’apprentissage et de travail, mais il y a aussi beaucoup de plaisir.
🆕🇲🇨 Retour en images sur l'inauguration de 𝙇𝙖 𝘿𝙞𝙖𝙜𝙤𝙣𝙖𝙡𝙚, le nouveau lieu de vie de l’Academy de l'AS Monaco.#MadeinLaDiagonale pic.twitter.com/qmZrPq6E7e
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) September 9, 2022
Tu as pris la direction du Groupe Elite. La formation était quelque chose qui t’attirait ?
Les choses se sont faites naturellement comme je l’ai dit. Cela a été une de mes missions au début, d’accompagner les jeunes. Nous nous sommes investis à fond dans cette tâche avec le Club. Et je dois dire que le plus gratifiant pour nous, c’est quand on voit qu’il y a déjà une relation qui se crée avec eux. Le fait qu’ils soient vraiment demandeurs. Je trouve qu’il y a beaucoup d’affectif avec la nouvelle génération, et c’est génial de tisser des liens, de rentrer dans une relation plus personnelle avec eux.
Je ne suis pas là pour leur dire ce qui ne va pas, mais plutôt pour leur expliquer quels sont les points qu’ils ont à travailler, et ce qu’ils font de bien. Nous sommes dans une démarche positive, et c’est en lien avec ce que j’ai connu aux États-Unis. Et j’ai vraiment l’impression que cette génération a besoin de ça, d’encouragements plutôt que de reproches.
Comment s’est fait le passage entre la National 2 et le Groupe Elite ?
Le projet change, car il n’y a effectivement plus de championnat, mais c’est une nouvelle voie très intéressante que l’AS Monaco ouvre pour faire évoluer ses joueurs. Le groupe aura toujours des rencontres face à des équipes de N3 et de N2, car on veut qu’ils continuent à faire face à un football d’adultes. Mais nous pensons que le fait de se confronter à différents styles de football, différentes mentalités et différents arbitrages aussi, comme on en a fait l’expérience récemment aux Pays-Bas, va permettre de compléter leur formation et leur donner encore plus d’armes pour atteindre le haut niveau.
Et les faire grandir ?
Exactement. Les faire mûrir tout simplement ! Il n’y a rien de mieux pour grandir que l’ouverture. Tant qu’on reste en vase clos, on ne sait pas ce qui se passe à l’extérieur. Plus on s’ouvre au monde, et plus on évolue.
Cela passe par le fait d’affronter des équipes comme la Sampdoria, l’Ajax Amsterdam, Nordsjælland…
Il y a beaucoup de joueurs chez nous qui sont internationaux, et qui croisent donc déjà ce genre d’adversaires, les meilleurs de chaque nation, via les sélections de jeunes. Mais en effet, le but c’est aussi d’avoir très tôt le goût des rencontres européennes. On veut leur inculquer ça, et leur montrer que quand on joue contre des équipes étrangères, il y a une saveur particulière. Le but est de créer l’excitation de jouer une coupe d’Europe en quelque sorte. Et je pense que c’est une culture qu’on peut leur transmettre dès cet âge de 18-19 ans, pour qu’ils soient déjà habitués.
Surtout quand il y a Edwin Van der Sar (Directeur Sportif de l’Ajax Amsterdam) au bord du terrain pour assister au match…
Il y avait pas que lui ! Puisque le coach de la réserve d’Amsterdam c’est John Heitinga, l’ancien joueur de l’Ajax et international néerlandais. Michael Reiziger (ancien joueur de l’Ajax et du Barça, ndlr) était également présent pour assister à notre rencontre. Pour nos jeunes, c’est extraordinaire d’aller dans un lieu comme le centre d’entraînement de l’Ajax et de se rendre compte du poids de ce club, de ce qu’il représente aux Pays-Bas et dans le monde du football. De voir le respect des anciens, la culture qui est développée là-bas… Et c’est aussi un argument pour nous de dire : « Ça existe, et on affronte ce genre d’équipes, on vous embarque dans ce projet du Groupe Elite pour vivre tout ça ». C’est excitant quand même (sourire) !
Un rush solitaire suivi d'une ✨frappe✨ de 30 mètres, pleine lucarne.
Mesdames et messieurs, le but d'𝐄𝐥𝐢𝐞𝐬𝐬𝐞 𝐁𝐞𝐧 𝐒𝐞𝐠𝐡𝐢𝐫 face à l'Ajax Amsterdam U21.
📹 @AFCAjax pic.twitter.com/dN1A5vsptQ
— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) September 2, 2022
D’autant que le projet de ce club est assez similaire à celui de l’AS Monaco, à savoir basé sur la formation…
C’est vrai, même s’il faut se rappeler qu’il ne s’est pas fait du jour au lendemain. Je me souviens que la génération des Kluivert qui avait atteint la finale de la Ligue des Champions en 1996 contre la Juve, alors qu’ils étaient beaucoup à avoir 17-18 ans, l’a été après un gros travail au niveau de la formation. On espère en tout cas que l’AS Monaco, avec ses spécificités, va réussir à s’inspirer de l’identité de club qu’a bâti l’Ajax Amsterdam, ce serait extraordinaire.
Le Centre de Performance est-il un argument supplémentaire pour aider les jeunes à se rapprocher du monde professionnel ?
Cet outil est censé leur donner faim de revenir ici tous les jours pour s’entraîner avec les pros. Car il n’y a rien de gratuit finalement. Venir s’entraîner et jouer des matchs ici, sur un des plus beaux terrains de France, je n’ai pas peur de le dire, ça se mérite ! Et une fois qu’on est dessus, il faut montrer et prouver qu’on est à la hauteur de l’honneur qui nous est fait. Je pense que ça fait aussi partie de cette culture club.
Plus on monte en catégorie, plus on va vous injecter au quotidien ce que vous allez connaître avec les pros. Et plus l’exigence sera haute aussi ! Car on ne veut pas que les jeunes soient perdus dès qu’ils intègrent le groupe A. On veut qu’ils soient déjà rodés. Mais pour revenir aux infrastructures, l’idée c’est de s’entraîner ici de temps en temps, pour leur donner envie de revenir durablement. Et pas pour passer pour le petit jeune qui débarque chez les pros, mais pour avoir l’ambition d’intégrer l’effectif.
Parle-nous maintenant du calendrier qui attend le Groupe Elite…
Déjà il y a le plateau avec les équipes réserves de Premier League, qui ressemble à une mini Ligue des Champions. Car même si nous ne pouvons malheureusement pas disputer la Youth League cette année, c’est une opportunité pour nous de confronter notre Academy à ce qui se fait de mieux en Europe. On estime que c’est à travers ces matchs de haut niveau, contre Manchester United, Arsenal notamment, qu’il va y avoir une progression. Et puis c’est une compétition, une coupe, avec des rencontres et un trophée à gagner.
La réalité du terrain c’est que le Groupe Elite sert à faire progresser nos jeunes, mais aussi à leur donner le goût de remporter des matchs et donc des titres. C’est le but également avec la Al Abtal International Cup, à laquelle nous allons aussi participer à partir du mois de novembre à Salou en Espagne, avec des équipes comme le Sporting Portugal, Valence FC ou l’Étoile Rouge de Belgrade. Tout ce programme est fait de manière à développer le joueur et son esprit de compétition.
Et aussi à lui apprendre l’enchaînement des compétitions ?
Quand on va jouer contre Manchester United justement ou Arsenal, c’est comme si on était habitué à manger du caviar. Ce sont des matchs qui effectivement vont peut-être leur permettre de se sublimer au niveau de la motivation. Mais il faut qu’elle soit exactement la même quand tu vas jouer avec les U19, car la majorité d’entre eux l’est encore et joue le week-end avec notre équipe. Donc il faut que l’envie soit identique à chaque match où tu portes le maillot de l’AS Monaco.
Quel que soit l’adversaire et la compétition. Ça c’est très important ! Et c’est aussi cela l’apprentissage du haut niveau, c’est la base. Comme les pros le font quand ils passent du championnat à la Ligue Europa, ou de la Ligue 1 à la Coupe de France. Tu dois démarrer chaque rencontre avec l’ambition d’être meilleur que l’équipe en face, si tu veux gagner tous les matchs et devenir un vrai professionnel.