Christophe Josse : "J’ai eu la pelouse du Stade Louis-II chez moi"
Il a côtoyé les plus grands du métier. De Charles Biétry, qui l’a fait venir chez Canal + puis chez France Télévisions, à Thierry Gilardi, en passant par son ex-patron, Michel Denisot. Il a aussi brillé auprès de nombreux consultants de grande qualité, comme Claude Le Roy, Raynald Denoueix, Jean-Luc Arribart ou encore Éric Di Meco plus récemment. Ligue 1, Premier League, Ligue des Champions… Aucune compétition n’a de secret pour lui.
Homme tout-terrain avec tous les consultants
Même pas le ski, ou bien le Tour de France, qu’il a eu l’occasion de commenter aux côtés de Bernard Thévenet. Aimé Jacquet, Christophe Dugarry et Didier Deschamps ont aussi posé leur voix à côté de son micro. Lui, c’est Christophe Josse, compagnon d’antenne de Daniel Bravo sur beIN Sports, où il officie maintenant depuis 2012 et la création de la chaîne. Entretemps il a connu une Coupe du Monde au Brésil, en 2014, et quelques belles épopées européennes… de l’AS Monaco. Entretien avec un commentateur qui marque par sa franchise et ses envolées.
Quels sont vos souvenirs lorsque l’on évoque l’AS Monaco ?
J’ai de bons souvenirs de ce club, mais pas seulement au Stade Louis-II. Une image me vient vite en tête, c’est celle de la Ligue des Champions avec cette colonie de supporters Rouge et Blanc qui font les déplacements. Je me souviens notamment d’Arsenal et Dortmund, où il y avait près de 4000 spectateurs. Je les ai pas mal suivis dans différents stades, c’était vraiment chouette, il y avait de belles ambiances.
Cette saison 2016-2017 avec la demi-finale de Ligue des Champions et le titre de champion de France était exceptionnelle. C’était même selon moi la meilleure équipe d’Europe à ce moment-là. La demi-finale contre la Juventus ne doit pas se passer comme ça malheureusement. Ce sont des souvenirs que je garde en mémoire. J’assiste notamment à l’éclosion de Kylian Mbappé, donc tout ça mêlé, ça reste un souvenir indélébile.
https://www.youtube.com/watch?v=5DomGeEXlRs
Et au Stade Louis-II ?
J’ai vu de très belles ambiances aussi au Stade Louis-II. Je ne peux pas dire que c’est un stade dénué de chaleur, comme on peut souvent le faire croire. J’ai vraiment des souvenirs énormes avec les Rouge et Blanc. J’adore aller au stade, tout comme mon fils, malgré le fait qu’il ne soit pas fan de foot.
À quand remontent vos premiers souvenirs en tant que commentateur ?
Monaco c’est vraiment une histoire particulière pour moi. J’ai commenté mon premier match sur Canal+ au Stade Louis-II en Coupe d’Europe. Je ne me rappelle plus si c’était face à Leeds ou Newcastle en août 1995 (Leeds en réalité, ndlr). J’ai donc suivi régulièrement cette équipe quand j’étais chez Canal +, avec une génération de joueurs exceptionnels avec qui j’ai eu la chance de sympathiser. J’ai des liens très proches avec Emmanuel Petit, Thierry Henry, Fabien Barthez et Ludovic Giuly notamment, dont certains d’entre eux sont devenus champions du Monde d’ailleurs. Je peux vous dire qu’ils gardent tous un souvenir incroyable de leur passage à Monaco.
Durant votre carrière de commentateur, vous avez vous-même assisté aux grandes épopées européennes de Monaco…
C’est sûr que c’est un grand club, en France mais aussi en Europe. Il manque une Coupe d’Europe au palmarès je pense, mais c’est un club qui a un grand mérite. A chaque fois qu’il a joué l’Europe, c’était à fond et c’est ça que je retiens. J’adore ce comportement-là. A chaque fois, c’est football plaisir quand l’AS Monaco joue en Coupe d’Europe. L’équipe y va avec des intentions de jeu et propose un très beau football.
Vous avez côtoyé d’anciens joueurs comme Ludovic Giuly et Marcel Desailly, qui sont devenus consultants. Quel est leur apport à l’antenne ?
Ils ont du recul et un regard plus affiné. Ils étaient tous fans de cette équipe en 2014-2015. On était obligé d’aimer cette équipe. Je repense au but de Yannick Ferreira Carrasco à Arsenal pour le 3-1… Avec Eric Di Meco, nous étions comme des fous. Moi-même j’étais debout et c’était un moment extraordinaire. Je rappelais ce souvenir à Yannick l’autre soir dans l’émission Football Show sur beIN. Le sourire lui a barré tout le visage quand je l’ai évoqué, et il nous a confirmé que c’est un moment très fort de sa carrière.
https://www.youtube.com/watch?v=GuDlqI1uJIc
Surtout que l’on n’attendait pas l’AS Monaco à ce niveau-là, avec une formation qui était très jeune sur le papier…
Il y avait une forme d’insouciance et cette envie de jouer de l’avant, de marquer tout le temps. Ce n’était pas du tout dans le calcul, cette équipe était très joueuse, avec la fougue de la jeunesse. Elle jouait toujours de l’avant encore une fois, c’était vraiment très spectaculaire. Certains joueurs ont eu une très belle carrière d’ailleurs ensuite.
Quels sont les matchs les plus marquants que vous avez vécu au Stade Louis-II ?
J’aime bien me rendre dans ce stade, car j’y ai connu de belles ambiances en Ligue des Champions mais aussi lors du match du titre en 2017, où j’avais emmené mon fils. C’est un souvenir que je garde, en tant que spectateur pour une fois, mais ça me tenait à cœur d’assister à ce match. Le lendemain, nous avions Kylian Mbappé en duplex. Il est arrivé avec dix minutes d’avance et j’avais emmené mon fils avec moi. On attendait que la fibre arrive et que le direct commence. Mon fils voulait lui faire dédicacer son ballon, et au final Kylian lui a proposé de jouer avec lui en attendant que l’émission commence, avant de le lui dédicacer. J’avais aimé ce moment plein de spontanéité, c’était un bel état d’esprit !
https://www.youtube.com/watch?v=cJqkScuOvFM
Avez-vous une anecdote en particulier qui vous reste en mémoire, à propos d’un joueur monégasque ?
(Il réfléchit) Si, forcément. Fabien Barthez avant un match contre Newcastle en Coupe d’Europe. On s’apprécie beaucoup avec Fabien, c’était un proche. Avant le match, il me dit : « Ce soir je ne prends pas de but Christophe ». J’étais stupéfait. En plus il me le répète. Et quand il dit un truc, il le fait, c’était un truc de fou, il arrêtait tout. Il n’a pas concédé un but ce jour-là, comme il l’avait prédit. Quand j’y repense, j’ai vraiment vécu de grands moments à Monaco, très honnêtement.
D’autant qu’historiquement le club a formé de très grands joueurs et de bons hommes…
Je ne sais pas si les gens en ont conscience d’ailleurs. Mais David Trezeguet, Thierry Henry et Kylian Mbappé, pour ne citer qu’eux, ont quand même été formés ici. Je ne sais pas si les gens ont une impression un peu faussée de ce club-là. Il y a de grands talents qui sortent de l’Academy. D’ailleurs le futur centre d’entraînement va devenir l’un des plus beaux du monde à La Turbie. Quand la cellule de recrutement va contacter un joueur et lui faire visiter les installations, ça va être dur de résister.
Avez-vous des anecdotes à propos du club en avant ou en après-match ?
Spontanément, une chose me revient. Je devais commenter le derby face à Nice. Je ne me souviens plus vraiment de l’année. Je partais de chez moi à Èze, à dix kilomètres de Monaco. Je prends quand même un peu d’avance au cas où. Et là je vois le cortège des Niçois en scooters, j’étais totalement bloqué dans les embouteillages. Certains commencent à faire demi-tour. Je décide de faire pareil, car le coup d’envoi approche, et je passe par Beaulieu-sur-Mer. J’arrive difficilement à Monaco et je suis obligé de me garer loin du stade, la ville était complètement bloquée. Je suis finalement arrivé juste avant le coup d’envoi, en stress, car j’ai vraiment eu peur de louper l’entame de match. Pourtant, j’étais parti plus de trois heures avant.
Une autre vous vient-elle en tête ?
J’en ai une autre assez incroyable, et je suis obligé de la dire. Je connais bien Franck, le jardinier du club. Je ne savais pas comment faire pour avoir une belle pelouse dans ma maison à Èze, où il fait souvent très chaud l’été. Un jour il m’appelle et me dit : « Christophe, on change totalement la pelouse du stade ». Et là, il me propose de venir avec un camion la chercher le lendemain. C’était une pelouse de top qualité évidemment, qu’on peut retrouver en Floride notamment et qui ne brûle pas.
J’ai donc appelé un ami afin de lui emprunter son camion pour aller chercher la pelouse du Stade Louis-II ! Franck et ses collègues faisaient les rouleaux et moi je les mettais dans le camion. Je les ai descendus un par un chez moi, malgré les 33 marches entre le camion et mon terrain (rires). C’était une galère pas possible. Mais je peux dire que j’ai eu la pelouse du Stade Louis-II chez moi. J’avais pris le point de corner, avec le traçage que l’on voyait encore. Véridique.
Pour terminer, quels sont les consultants qui vous ont particulièrement marqué durant votre parcours professionnel ?
Charles Biétry a forcément une place spéciale pour moi, puisque je l’ai connu à Canal + puis chez France Télévisions. J’ai été proche de grands consultants, comme Claude Leroy ou Raynald Denoueix, avec qui j’ai adoré travailler. Ce sont de grands coachs mais aussi de très bons consultants. Éric Di Meco a également une place particulière pour moi, puisqu’il a commencé avec moi chez beIN Sports. On a toujours de l’attachement pour des personnes comme ça. J’avais une relation amicale avec eux, mais également professionnelle. J’ai commenté avec Marcel Desailly aussi, et j’adorais commenter avec lui la Premier League, l’entendre parler de foot tout simplement. C’était un très bon consultant, et je regrette qu’il n’ait pas continué.