Cédric : "Le coup de coeur avec l’AS Monaco a été immédiat"
Il a 35 ans, il vit avec sa compagne et ses deux enfants à Folschviller en Moselle, et il supporte l’AS Monaco depuis qu’il est tout petit. Surveillant de l’administration pénitentiaire, ses horaires souvent décalés ne lui empêchent pas de voir son équipe fétiche une bonne douzaine de fois par an. Il organise d’ailleurs des déplacements avec le groupe qu’il a lui-même créé, les « Legiun Munegu 57 ». Lui c’est Cédric, fan de la première heure des Rouge et Blanc, tombé dans la marmite un été de vacances à Beausoleil.
« Sur le trajet, mon père me dit qu’on va aller voir un match au Stade Louis-II avec mon oncle. Je me rappelle que c’était un Monaco-Auxerre. Le coup de coeur a été immédiat, explique-t-il, des étoiles dans les yeux. Je me souviens que la boutique était juste à côté de l’enceinte à l’époque et j’ai directement acheté le maillot avec la diagonale », se souvient ainsi celui qui a eu la chance de parler quelques dizaines de minutes à Lilian Thuram, au détour d’une séance de kiné.
Un moment unique avec Lilian Thuram
Quelques jours après avoir vécu sa première rencontre sur les fauteuils jaunes, Cédric décide de se rendre avec son père et son petit frère au centre d’entraînement de La Turbie, alors en travaux. L’endroit est désert. « A ce moment-là, un ancien kiné du club sort d’un algeco, et nous demande ce que l’on cherche. Deux minutes après il rentre à nouveau et demande à Lilian Thuram si on peut venir discuter avec lui. Il a accepté. On est resté près d’une heure à ses côtés, c’est un souvenir vraiment impérissable », raconte Cédric, conscient qu’il a vécu un moment privilégié du haut de ses 10 ans avec le futur Champion du Monde 1998.
« On est retourné à l’entraînement quelques jours après et mon frère parlait à Lilian comme s’il le connaissait. A l’époque il y avait Fabien Barthez, Emmanuel Petit, Basile Boli, Eric Di Meco, Sonny Anderson, c’était exceptionnel », poursuit-il, tout en se remémorant les premières épopées européennes de l’AS Monaco et le « charisme » de Jean Tigana sur le banc monégasque. Alors qu’il commence petit à petit à se déplacer en compagnie de son père à Nancy, Strasbourg, Troyes ou encore Reims, la passion du Lorrain pour le club de la Principauté se fait donc de plus en plus forte.
Les première grandes épopées européennes
Mais ce sont évidemment les grandes confrontations en Coupe des Coupes et en Ligue des Champions qui l’ont vraiment marqué : « Il y a la demi-finale de C2 contre l’Inter en 1997 qui me revient en mémoire et qui reste mon premier grand souvenir européen. Celle en Ligue des Champions contre la Juve en 1998 aussi a été terrible pour moi. Et puis le parcours de 2004 était extraordinaire. » Extraordinaire, au point qu’il va vivre l’une de ses plus grosses émotions de supporter de l’AS Monaco devant sa télé, avec toute sa famille.
« Il y a deux matchs qui émotionnellement ont été très forts. Il y a le match retour contre Real Madrid que j’ai vécu avec mon père mes oncles. Malheureusement je n’avais pas réussi à obtenir un billet pour aller au Louis-II. Quand on menait 3-1, Raul marque de la tête et le but est refusé pour hors-jeu. J’étais à la limite du malaise à ce moment-là. C’était indescriptible cette sensation d’avoir battu le grand Real Madrid des Galactiques », se souvient Cédric, un brin nostalgique.
🔙 Le 6 avril 2004, L'AS Monaco s'imposait 3-1 face au Real Madrid et s'offrait une qualification en 1/2 de Ligue des Champions ✨ #Remember
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🎦➡️ @Dugout pic.twitter.com/tcrYFifnll— AS Monaco 🇲🇨 (@AS_Monaco) April 6, 2019
L’Emirates, un souvenir impérissable
« Ensuite en 2015 il y a le match contre Arsenal à l’Emirates Stadium. J’avais fait le déplacement pour l’occasion. On arrive avec une équipe décimée, à l’époque le jeu était très critiqué, et les Gunners sortaient d’une série de 12 matchs d’invincibilité. Almamy Touré jouait même son premier match au très haut niveau au marquage d’Alexis Sanchez », se rappelle-t-il, persuadé que Monaco n’a que peu de chance de réaliser l’exploit en ⅛ de finale de Ligue des Champions.
« On était 3000 dans le parcage, c’était un des plus gros déplacements de l’histoire je pense. Il y avait une âme qui permettait d’y croire. Et quand Berbatov met son but, lui l’ancien de Manchester United, c’était énorme. Même quand ils réduisent l’écart et qu’on remet le 3-1 derrière, c’était magique. Il y avait le Président Rybolovlev, S.A.S. le Prince Albert II et le père de Valère Germain était accompagné de sa femme avec nous dans la tribune, on est resté au moins 20-25 minutes à chanter après le coup de sifflet final, c’était vraiment génial. »
Des déplacements partout, même en Ligue 2
Des émotions fortes, Cédric en a pourtant aussi vécues lorsque l’AS Monaco était au plus bas, se battait pour le maintien. « Au niveau de la passion que j’ai pour le club, les résultats n’ont aucune incidence. D’ailleurs le côté survie c’est différent. Même quand on était dernier de Ligue 2 à quatre point du premier non relégable quand le président rachète le club, on continuait de se déplacer partout, à Clermont, dans des stades improbables », remarque-t-il. « Dans cette situation, tu te bats pour chaque but, chaque point, et je pense que les émotions sont encore plus forte que l’année du titre en 2017 par exemple, où on domine tout le monde. »
Dimanche, c’est bien dans l’élite qu’il compte supporter les Rouge et Blanc face à Metz, au stade Saint-Symphorien. Malheureusement, difficile de mettre la main sur une place en période de crise sanitaire. « Encore avant la fin de mon service (interview réalisée mardi, ndlr), j’essayais de récupérer une place à droite à gauche. Il y a 5000 places, moins les 500 personnes du club. Cela laisse peu de possibilités, d’autant qu’ils donnent des places en priorité aux abonnés de la saison dernière et à ceux qui ont fait un don pour le club. Ils vont remettre des places en vente pour les abonnés de cette saison. J’ai 2-3 possibilités, je garde espoir. »
« J’ai la chance que ma femme comprenne ma passion »
Cette fois, il se rendra peut-être seul au stade, même s’il a pris l’habitude, parfois, de se faire accompagner de sa femme et de ses enfants : « J’ai la chance que ma femme comprenne ma passion et qu’elle l’accepte. Nos première vacances c’était dans la région de Monaco, tout a vite été conditionné par rapport à cela. Quand on se déplace au Louis II avec mon groupe, c’est 2000 kilomètres à parcourir et on doit poser trois jours de congés. Ça demande des sacrifices. Mais cette passion, c’est vraiment quelque chose que j’essaye de transmettre », avoue Cédric, ravi de pouvoir partager un peu de cette folie.
Une folie qui se poursuit donc depuis 25 ans maintenant, et qui va continuer avec un nouveau projet. « Je suis frontalier allemand et je connais pas mal la Bundesliga. Je pense que Niko Kovac est un entraîneur à poigne et que ça peut être une bonne chose pour que certains joueurs sortent de leur zone de confort. Je suis assez confiant, même si on sait que cela peut prendre du temps avant de marcher », concède volontiers le Lorrain, qui a souvent fait l’objet de moqueries dans sa région, par rapport à son sentiment d’appartenance au club du Rocher.
L’AS Monaco dans la peau
Mais qu’importe, la passion était toujours plus forte que le reste : « A l’école primaire il y en avait 80% qui étaient pour Metz, 10% pour Marseille mais j’étais le seul à être pour Monaco. Et même maintenant, il n’y a pas un jour où je ne me fais pas chambrer par un collègue de bureau. Mais c’est différent, on me taquine dans un premier temps mais après je rappelle vite ce qu’il en est et l’histoire du club. De toute façon, bien souvent ceux qui critiquent, ce sont des supporters de canapés. »
Son canapé, il espère ne pas y être donc ce dimanche à 15h, pour pouvoir supporter l’équipe dont il a l’écusson tatoué sur le poignet gauche, avec la mention : « Daghe Munegu per tugiu ». Malgré la distance, malgré les critiques, il sera là. Quoi qu’il se passe, Cédric sera toujours derrière les Rouge et Blanc, au sommet comme au plus bas. Partout, toujours !