Bertrand Reuzeau : "Former des joueurs pour notre équipe première"
Six mois. Six long mois sont passés depuis l’arrêt brutal de la saison 2019-2020 pour les jeunes de l’Academy de l’AS Monaco, en raison de la crise sanitaire. L’étape difficile du confinement, le retour progressif à l’entraînement cet été, puis la montée en puissance lors de la préparation. Des U17 de Manu Dos Santos à la N2 managée par David Bechkoura, en passant par le groupe des U19 emmené par Frédéric Barilaro, le retour au football n’a pas été simple pour les membres du centre de formation du club de la Principauté.
Un démarrage très prometteur
Pourtant, les résultats obtenus depuis la reprise par les trois équipes de l’Academy ont été très bons. Alors que l’on est aux prémices d’une saison qui s’annonce encore spéciale, du point de vue de la situation sanitaire, le Directeur du centre de formation, Bertrand Reuzeau, fait le point sur cette période compliquée, la reprise de la compétition, ainsi que sur les objectifs de l’Academy pour la saison qui débute.
Pour commencer, parlons de cette période inédite qui vient d’avoir lieu, du confinement jusqu’au retour des jeunes. Comment avez-vous géré cela ?
C’était difficile car nous avons perdu le contact et un éloignement s’est créé avec tous nos jeunes. Nous étions très contents de les retrouver et eux aussi étaient très heureux de revenir après quelques semaines d’absence. Tout le monde était content, même si ça a été assez complexe dans l’organisation, car avec le Covid, il a fallu s’adapter, s’organiser et mettre en place des protocoles pour respecter les gestes barrières. En réfléchissant bien, et avec les différentes composantes, nous avons réussi à bien organiser tout cela. Ça a été très particulier mais il fallait le faire et s’adapter en pensant à la sécurité et à la protection des jeunes et de tout le personnel. C’était ma priorité en tant que directeur et celle de la direction du Club. Nous avons eu beaucoup de rendez-vous et de réunions pour que tout cela soit bien établi. Nous avons aussi eu la chance d’emménager dans un super bâtiment (la Diagonale), cela nous a redonné un peu de baume au cœur. Cet endroit est exceptionnel.
Sur l’aspect sportif, la saison a plutôt bien démarré pour les différentes équipes, avec des victoires pour chacune d’entre elles. Quels sont les objectifs donnés à ces différents groupes et de l’Academy plus globalement ?
L’objectif le plus simple et le plus efficace est de former des joueurs pour notre équipe première. C’est la priorité des priorités. Nos classements dans les championnats vont être importants, mais on ne veut pas trop se focaliser dessus. Malgré une saison difficile l’an dernier, trois joueurs de National 2 s’entraînent avec les professionnels (Eliot Matazo, Chrislain Matsima et Enzo Millot). Ces joueurs ont bénéficié du championnat de N2 et de l’entraînement pour progresser. On en oublie presque notre classement au final. Nous avons également la chance d’avoir une vraie passerelle entre l’Academy et le Cercle Bruges. Avec Paul Mitchell et Laurence Stewart, on regarde le parcours du joueur pour lui faire éventuellement bénéficier de l’expérience de la première division belge au Cercle, dans un club historique, au sein de l’un des championnats les plus réputés en Europe. C’est une opportunité extrêmement intéressante, qui est adaptée suivant le profil de chacun, dans le but de faire progresser le joueur et de le retrouver en équipe première.
C’est ce qui fait la force de l’AS Monaco. C’est vrai que l’on a eu de la chance que Niko Kovac et son staff puissent les intégrer à l’entraînement du groupe professionnel lorsqu’ils sont arrivés. C’est quelque chose d’important. Et voir que le coach les garde avec eux nous rend très fiers de tout le travail réalisé ici par toutes les équipes. C’est bénéfique. Nous avons aussi l’exemple de Giulian Biancone, passé par le Cercle Bruges et qui s’entraîne avec le groupe professionnel. C’est intéressant, nous avons différents parcours dans le groupe professionnel, qui compte également Benoît Badiashile en provenance de l’Academy. Ce sont des éléments intéressants, qui pèsent dans le discours donné aux parents lors du recrutement, pour faire passer des messages.
Le Cercle Bruges continue de se structurer avec l’arrivée d’un nouvel entraîneur et d’un nouveau directeur technique notamment. Comment percevez-vous le bon début de championnat ?
Nous suivons les résultats du club tous les week-end. Encore une fois, le travail réalisé et les synergies avec le Cercle apportent une vraie plus-value pour l’Academy. Nous sommes tous ravis des débuts encourageants du Cercle Bruges, avec à la tête de l’équipe un coach que je connais bien, Paul Clement, pour l’avoir connu aux côtés de Carlo Ancelotti au PSG.
Quelle relation avez-vous avec Paul Mitchell ?
Il y a un alignement clair dans la façon de voir les choses. Paul et Laurence souhaitent s’appuyer sur le vivier français qui est une vraie référence. L’Academy de l’AS Monaco, qui a sorti de grands champions depuis plusieurs décennies, en est le meilleur exemple. Nous devons avoir la possibilité d’intégrer des jeunes de l’Academy à l’équipe première, peut-être directement ou bien via le Cercle Bruges. Encore une fois, Paul Mitchell a une idée très claire sur le chemin et le parcours du joueur.
Parlez-nous des trois anciens au sein de l’Academy que sont Manu Dos Santos (Entraîneur U17), Gaël Givet (Adjoint U19) et Sébastien Squillaci (Adjoint N2)…
Je me réjouis de leur présence. Manu est ici depuis de nombreuses années, Gaël et Sébastien nous ont rejoint l’an dernier. C’est important d’avoir à l’Academy des anciens qui connaissent bien le club dans la structure et les staffs. Ils ont tous les trois des carrières de joueur exceptionnelles, ils ont été formés au Club. Cela renforce l’identité du club. Les jeunes sont à l’écoute de par leur carrière et leur expérience. On ne devient pas entraîneur comme ça et surtout à la formation. Il faut être motivé, disponible et ne pas compter son temps. Ils sont vraiment dans cet état d’esprit et ça a été gagnant-gagnant depuis leur arrivée.
Nous avons parlé du sportif, mais un jeune est aussi scolarisé. Comment se passe son suivi ?
C’est une vraie priorité chez nous. Le jeune qui arrive en U16 a trois gros projets : sportif, scolaire et éducatif. Le projet sportif est quelque chose de très classique, mais le scolaire est important car nous sommes dans l’obligation d’apporter au joueur les différents diplômes en fonction de ce qu’il est capable de faire dans les filières générales, technologiques, professionnelles et aussi dans la scolarité post-bac avec les BTS par exemple. J’insiste, mais c’est une obligation de leur apporter un diplôme. Je suis père et c’est impensable pour moi que mon enfant n’ait rien. Tous les jeunes qui entrent ici doivent avoir un diplôme à leur sortie, qu’ils deviennent professionnels ou pas. C’est aussi une priorité pour la direction du Club. Nous avons l’encadrement d’un lycée privé avec une quinzaine de professeurs. Tout est fait pour que l’on continue dans cette réussite au niveau des examens, que ce soit pour la reconversion du joueur après une carrière, ou pour anticiper si celui-ci ne fait pas carrière.
Et le projet éducatif ?
Le diplôme doit apporter un équilibre au jeune. Quand vous arrivez entre 15 et 18 ans, si vous ne vous concentrez que sur le football, vous n’êtes pas équilibré. C’est important de cultiver l’ouverture d’esprit et la réflexion. C’est très utile dans la vie, mais aussi bien sûr sur le terrain au très niveau.
Pour terminer, que pouvons-nous souhaiter à l’Academy pour cette saison ?
Que tout le monde continue à avoir la santé est une vraie priorité. Et bien évidemment, continuer de former des jeunes pour le groupe professionnel, et que ceux qui y sont actuellement continuent de travailler pour y rester et jouer de plus en plus de matchs officiels.